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Actualités - ANALYSE

L'entourage de Sfeir répond à Raymond Eddé Présidentielle : Bkerké au-dessus de la mêlée

«Beaucoup estiment qu’à l’ombre de la situation actuelle aucune élection présidentielle ne pourra répondre aux aspirations des Libanais à qui revient seuls, dans le système démocratique, le droit de choisir celui qui prendra en charge leurs intérêts et leur donnera un sentiment de dignité nationale confortée. Tant que les Libanais sont privés de ce droit, l’on se trouve face à une déconnexion du système démocratique qu’il faut corriger». Ces observations des évêques maronites, M. Raymond Eddé, et ceux, dit-il, qu’il a consultés, les considèrent comme sibyllines. Le «Amid» du Bloc national a par conséquent demandé au Patriarche Sfeir de clarifier sa position, d’indiquer si oui ou non il est comme lui favorable à une prorogation du mandat de M. Elias Hraoui. En fait, il paraît peu douteux que les prélats sont contre des élections présidentielles à l’heure actuelle. Il semble également clair que leurs raisons de fond s’apparentent à celles de M. Eddé, à savoir que l’occupation israélienne et la présence syrienne militaire ou de services spéciaux faussent fondamentalement le jeu. Mais le leader du «Bloc national» a tiré pour sa part la conséquence pratique du rejet de l’élection: il faut, à son avis, maintenir M. Hraoui à Baabda pour un nouveau bail de trois ans. Et il attend donc que Bkerké informe clairement les Libanais, et plus particulièrement les maronites, de ce qu’il pense de la prorogation. La réponse vient, ici, par la bouche de sources proches du Cardinal qui déclarent: — «En tant que figure de proue politique, M. Raymond Eddé a parfaitement le droit d’exprimer, comme d’autres leaders ou députés, son point de vue concernant les choix reliés à la présidentielle, de porter un jugement sur les candidats ou sur la prorogation, pour la soutenir ou pour la rejeter. En revanche le patriarche Sfeir n’a pas ce même droit. Il est en effet un père pour tous les maronites et pour tous les Libanais qui le souhaitent. Il ne peut donc prendre parti, appuyer tel candidat ou en rejeter tel autre. N’étant pas politicien, il ne s’autorise pas à entrer dans le jeu des noms et des préférences. Son champ d’action se limite, et doit se limiter par définition, à rappeler les qualifications requises pour que le président de la République soit accepté par sa propre communauté et par voie de conséquence par toutes les autres composantes du pays ou par leur majorité. Ces caractéristiques, le cardinal les a détaillées plus d’une fois: le président doit être authentiquement représentatif de la collectivité dont il est issu; il doit avoir les mains propres, être transparent et désintéressé; il doit inspirer confiance à tous; il doit œuvrer pour la récupération de la souveraineté nationale comme d’un pouvoir de décision libanais autonome et libre. C’est dans la mesure où l’on retiendra ou non ces critères que le patriarche pourra porter un jugement sur le choix qui sera fait». Nuances Ces sources soulignent également que, «dans le même ordre d’idées, le patriarche n’a pas à se prononcer pour ou contre la prorogation. En effet, de par sa position spirituelle, il est censé rester à égale distance de tous les candidats maronites. Or le projet de prorogation tient lieu de nouvelle candidature, et il est de ce fait soumis aux critères énoncés plus haut». Ces personnalités indiquent ensuite que «le passage du communiqué des évêques qui a suscité les demandes de clarification de M. Eddé n’est que la traduction d’un état de fait, un simple constat qui fait écho aux impressions de nombreux Libanais. Néanmoins une précision, sous forme de double interrogation, s’impose d’elle-même: si d’aventure un homme valable,inspirant confiance et répondant aux qualifications politiques susmentionnées, devait être élu, faudrait-il le rejeter à cause de la situation évoquée… Et inversement, faudrait-il accepter un mauvais président élu après une éventuelle normalisation… L’important en tout c’est d’atteindre le but que l’on s’est fixé, pour justifier les moyens utilisés. Sous le mandat français, ni la volonté populaire ni celle des députés ne pesaient bien lourd en matière de désignation du président. Mais quand il s’agissait d’une personnalité d’élite, ce qui a toujours été le cas alors, elle était bien accueillie par les Libanais même si elle était parachutée et non élue démocratiquement». On s’en doute: ce n’est pas la première fois que Bkerké est amené à réfuter l’amalgame que l’on est tenté d’effectuer entre son rôle de mentor et un leadership politique. L’exemple le plus saillant avait été donné en 1992. A l’époque, toute la campagne du boycottage des législatives s’est articulée autour du siège patriarcal mais jamais Bkerké n’a publié de communiqué y appelant. Le Patriarche se contentait, dans ses sermons ou ses entretiens publics, de mettre en exergue une volonté commune, populaire, refusant les élections dans les conditions où on voulait les organiser. Aujourd’hui aussi, d’après ses proches, Mgr Sfeir ne fait que refléter par rapport à la présidentielle un sentiment public de réticence, en rappelant les critères requis, et sans sauter à des conclusions pratiques. Ceci dans un esprit de constantes nationales relatives aux questions qui pour ce pays sont cruciales. Comme la libération, la souveraineté et la vraie indépendance.
«Beaucoup estiment qu’à l’ombre de la situation actuelle aucune élection présidentielle ne pourra répondre aux aspirations des Libanais à qui revient seuls, dans le système démocratique, le droit de choisir celui qui prendra en charge leurs intérêts et leur donnera un sentiment de dignité nationale confortée. Tant que les Libanais sont privés de ce droit, l’on se...