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Actualités - CHRONOLOGIE

La polémique rebondit autour des propos attribués à Khaddam Contrairement au voeu du vice-président syrien, Berry veut l'échelle des salaires avant la fin du mandat

Au lieu de mettre à profit les quelques jours de calme relatif qui ont régné pour consolider la trêve dans la guerre verbale qu’ils se livraient depuis des semaines, les présidents Nabih Berry et Rafic Hariri ont multiplié les attaques par collaborateurs ou alliés interposés, mêlant à leur controverse les propos attribués à M. Abdel-Halim Khaddam et menaçant de provoquer une crise ouverte. Déjà malmenée jeudi par une déclaration du vice-président de la Chambre, M. Elie Ferzli, qui répliquait aux propos du ministre de la Justice, M. Bahige Tabbarah, dans une interview publiée mercredi dans «L’Orient-Le Jour», la trêve a été sérieusement ébranlée hier par une réponse du bureau de presse de M. Hariri aux arguments de M. Ferzli. Et si le communiqué du bureau du chef du gouvernement n’avait pas été distribué tard la nuit (vers 23h), le vice-président de la Chambre aurait sans doute eu le temps d’user de son éloquence pour riposter à son tour. C’est le ministre de la Défense, M. Mohsen Dalloul, proche de M. Hariri, qui a ouvert les hostilités. Dans une déclaration succincte mais sévère, il a reproché à M. Ferzli d’avoir usé de paroles mal placées à l’encontre du vice-président syrien, M. Abdel Halim Khaddam, lequel avait déclaré, il y a quelques jours, que l’examen de l’échelle des salaires par la Chambre sera reporté jusqu’au nouveau mandat présidentiel (VOIR PAGE 5). Il avait aussi fait assumer aux commissions parlementaires la responsabilité de l’augmentation du coût de cette échelle. Ferzli a indiqué que la prise de position du vice-président syrien était due aux informations erronées qui lui avaient été transmises. En début de soirée, M. Berry a réaffirmé que l’échelle des salaires, à l’origine de la polémique qui l’oppose au premier ministre, sera approuvée par le Parlement avant la fin du mandat actuel. Le chef du Législatif a même évoqué d’une manière indirecte la question des sources de financement de l’échelle, en précisant que le gouvernement a déjà assuré les sommes nécessaires à travers la taxe mécanique et la hausse des tarifs douaniers sur tous les produits importés et des communications téléphoniques. Selon lui, le gouvernement doit aussi payer l’effet rétroactif en cinq versements, à partir du premier janvier 1999. «Contrairement aux rumeurs qui ont circulé, le projet de l’échelle des salaires sera examiné lors de la première séance parlementaire. Et le président Berry s’est engagé à le faire voter», précise un communiqué de la délégation de l’amicale des anciens de l’Ecole nationale d’Administration reçue par le chef du Législatif. Cette précision de M. Berry constitue une réponse indirecte aux propos du vice-président syrien. La délégation a ajouté que le président de la Chambre a également promis d’amender un projet transmis par le gouvernement et qui l’autorise à procéder à des nominations aux postes de première et de deuxième catégorie en dehors du cadre, «ce qui porte atteinte aux droits des fonctionnaires à être promus». Dernier épisode de cette journée d’escarmouches, le communiqué en cinq pages dactylographiées du bureau de presse de M. Hariri est totalement dirigé contre M. Ferzli. «Le vice-président de la Chambre a sciemment répondu au ministre de la Justice en utilisant un ton provocateur et en déformant la plupart de ses propos», précise le texte. «M. Ferzli a usé de son éloquence pour nous faire comprendre que le président Hariri a induit en erreur le vice-président syrien qui s’est laissé prendre au piège et a exprimé une position erronée, basée sur de fausses informations, ajoute le communiqué. Ce genre de propos non réfléchis constitue une violation de la courtoisie politique envers le vice-président syrien et porte atteinte à M. Ferzli et au poste de vice-président de la Chambre. Même si M. Ferzli a le droit de ne pas être de l’avis de M. Khaddam - encore faut-il que celui-ci ait une opinion clairement exprimée et non pas seulement des propos qui lui sont attribuées - il n’est pas permis qu’il réagisse à des «on-dits» qu’on attribue au vice-président de la République syrienne. D’autant que les responsables syriens n’ont pas cessé de conseiller à toutes les forces libanaises de s’entendre à chaque fois qu’on faisait appel à eux en cas de tiraillements politiques au Liban. Tiraillements, dans le cadre desquels s’inscrit la tension provoquée par l’affaire de l’échelle des salaires». M. Ferzli a aussi le droit d’être en désaccord avec le président Hariri, poursuit le communiqué. Toutefois, il n’a pas le droit de lui attribuer un comportement de ce genre (le fait d’avoir induit en erreur M. Khaddam). Cela constitue non seulement une offense personnelle, mais une incartade et une violation de ce que M. Ferzli appelle l’éthique des rapports entre les institutions». Le texte évoque aussi les propos de M. Tabbarah concernant le déséquilibre au niveau des institutions en faveur du pouvoir Législatif: «Les propos du ministre Tabbarah au sujet du déséquilibre sont ceux d’un juriste et ne s’inscrivent pas dans le cadre d’une polémique avec quiconque (...). Et la promulgation de lois à travers des décrets-lois à laquelle M. Tabbarah a fait allusion n’est pas une nouvelle invention dans le domaine de la législation libanaise. M. Ferzli doit savoir, plus que toute autre personne, qu’une grande partie des lois libanaises a été promulguée par décrets-lois. Il faut ajouter à cela que les 126 projets de lois transmis au Parlement et qui n’ont toujours pas été examinés, sont une vérité que même le vice-président de la Chambre ne peut pas nier».
Au lieu de mettre à profit les quelques jours de calme relatif qui ont régné pour consolider la trêve dans la guerre verbale qu’ils se livraient depuis des semaines, les présidents Nabih Berry et Rafic Hariri ont multiplié les attaques par collaborateurs ou alliés interposés, mêlant à leur controverse les propos attribués à M. Abdel-Halim Khaddam et menaçant de provoquer...