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Actualités - ANALYSE

La criminalité galopante affecte la stabilité

La vague de criminalité qui souffle sur le pays, notamment sur la capitale, confine désormais au phénomène social bien plus qu’à une chronique banale de faits divers. La montée en puissance d’un banditisme qui ne se contente plus de vols à l’arraché mais multiplie les attaques à main armée met en péril la sécurité interne. Divers recoupements permettent de penser que, désormais, l’Etat a à faire au crime organisé, c’est-à-dire à des mafias bien structurées qui se servent de diverses bandes de voyous, libanais et autres, pour opérer. Cette dégradation alarmante intervient à un moment où le ministère de l’Intérieur, qui s’occupe de police, se trouve mobilisé sur un autre front, à savoir la préparation des élections municipales prévues pour mai-juin. Toujours en vedette, côté statistiques, le vol de voitures augmente dans des proportions ahurissantes dans toutes les régions et ne se limite plus à quelques marques déterminées, facilement «écoulables». Tout semble bon à prendre dorénavant pour les voleurs, même les véhicules invendables, ce qui accrédite la thèse que le marché de la casse et de la ferraille est en pleine expansion. Mais l’argenterie, les appareils électroniques, les bibelots, les petites sommes dans la théière ou sous le matelas et les bijoux de famille se portent également très bien, merci… Les monte-en-l’air, mieux renseignés que jamais, écument les appartements que parfois leurs occupants ont laissés déserts pour une demi-heure à peine! Eux-mêmes frappés dans leurs œuvres vives par les margoulins, comme quoi l’égalité n’est pas un vain mot en démocratie, plusieurs parlementaires se sont émus et entreprennent actuellement de relancer les responsables pour une sévère, une sérieuse campagne anti-criminalité. Certains de ces politiciens, pour aiguillonner le gouvernement, ont résolu de lui adresser des questions parlementaires en bonne et due forme sur l’insécurité qui se développe sans retenue dans le pays. Les députés, oubliant qu’ils viennent d’amnistier les trafiquants de drogue, oubliant aussi que le renforcement des lois ne dépend que de l’Assemblée, insistent pour le lancement d’un nouveau «plan de sécurité». Ce qui veut dire en pratique, ici, le rétablissement des barrages sur les routes et des patrouilles dans les quartiers où il n’y en a pas tout le temps, c’est-à-dire partout sauf dans les secteurs de l’Est où flottent encore des fantômes de F.L. Contrôles et rondes de garde qui sont une mesure d’intimidation utile pour un certain temps, mais que l’on ne peut maintenir indéfiniment et qui est loin d’être aussi efficace que le renseignement, base de toute bonne police. Mais même dans ce cadre, «il y a grave lacune, souligne un député qui s’étonne que les forces de l’ordre n’aient pas encore investi Brital. Non pas tant pour y rechercher Toufayli, qui d’ailleurs ne doit pas y être, que pour détruire enfin cette «république des garages» et ce «bazar perse» installés là par les bandes spécialisées dans le vol de voitures et autres babioles genre tapis moins volants que volés. Au début des années soixante-dix, l’Etat n’avait pas hésité à mettre fin à l’existence d’une autre «république» de ce genre qui avait pris corps au nord, en nettoyant les souterrains de Tripoli où les brigands trouvaient refuge, par une opération grand style des commandos des FSI, les célèbres bérets rouges. On a certes toujours plaisanté avec la loi au Liban, mais au moins jadis l’Etat réagissait quand certaines limites étaient dépassées et aujourd’hui cela ne semble plus être le cas. Le comble est qu’au lieu de reconnaître le laisser-aller, les dirigeants font un tintamarre de propagande de tous les diables autour du thème de la sécurité qu’ils auraient rétablie dans le pays…». A cela, un loyaliste répond sur un seul point, «entrer à Brital nous a été vivement déconseillé par la quasi-totalité d’une communauté déterminée ainsi que par d’autres parties. On nous a même demandé de lever l’étau autour de cette localité. L’affaire Toufayli a fait que, pour le moment, ce cas-là est politisé et on ne peut le traiter sous le seul angle de la criminalité ordinaire». Mais le problème c’est que sous ce couvert, la criminalité n’est plus «ordinaire» du tout, prend toutes ses aises et devient tout à fait «extraordinaire». «Au point, note un opposant de l’Est, qu’elle accède au rang de «question politique» de fond tout autant que l’affaire Toufayli. En effet, cette dégradation sécuritaire entraîne une question élémentaire: pourquoi cette déstabilisation, pourquoi maintenant à un moment où toutes la région est en ébullition, et à quelles fins? Cherche-t-on à montrer que les Libanais sont décidément incapables de rester sans tutelle même sur le simple plan policier, même après un éventuel retrait israélien? Le laxisme est-il demandé, est-il imposé à nos autorités?». Autant de spéculations, autant de soupçons, qui sont probablement injustifiés, dans la mesure où il est rare qu’on ait à demander aux responsables locaux de ne pas assumer leurs obligations sans qu’ils prennent obligeamment les devants. Ph.A-A.
La vague de criminalité qui souffle sur le pays, notamment sur la capitale, confine désormais au phénomène social bien plus qu’à une chronique banale de faits divers. La montée en puissance d’un banditisme qui ne se contente plus de vols à l’arraché mais multiplie les attaques à main armée met en péril la sécurité interne. Divers recoupements permettent de penser...