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Actualités - CHRONOLOGIE

L'armée sera maintenue six mois supplémentaires dans la Békaa Le conseil des ministres défère le dossier Toufayli devant la cour de justice (photos)

Le gouvernement prévoit un projet de 991 milliards de L.L. pour le développement de toutes les régions déshéritées Ce n’est pas le tribunal militaire, mais la Cour de justice, dont les verdicts sont sans recours, qui traitera le dossier Toufayli. Ainsi en a décidé hier le Conseil des ministres, sur proposition du chef de l’Etat, M. Elias Hraoui. Seuls les ministres Yassine Jaber, Mahmoud Abou Hamdane et Ayoub Hmayed, députés proches du mouvement «Amal», se sont opposés à cette décision. Le gouvernement qui s’est réuni au palais de Baabda a consacré presque toute sa séance à la Békaa et notamment à la sécurité et au développement dans cette région où huit personnes sont mortes vendredi dans des affrontements entre l’armée et des partisans de la «révolte des affamés», conduite par cheikh Sobhi Toufayli. Il a ainsi décidé de proroger de six mois supplémentaires la mission de l’armée dans la Békaa et de financer pour 991 milliards de livres des projets de développement dans l’ensemble des régions déshéritées du Liban, dont la Békaa. Le Conseil des ministres a par ailleurs exprimé son opposition à une action militaire contre l’Irak. Avant la séance qui s’est tenue, en l’absence de MM. Walid Joumblatt, Farès Boueiz, Jean Obeid, Talal Arslane et Hagop Démirdjian, les chefs de l’Etat et du gouvernement ont eu un entretien en tête à tête. Les ministres Fouad Siniora, Michel Murr et Bahige Tabbarah devaient les rejoindre ensuite. La séance était assez mouvementée, de l’aveu même du ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, qui a donné lecture du communiqué officiel. M. Sabeh a précisé qu’en début de séance, le président Hraoui a longuement commenté les incidents de Baalbeck, rappelant ses mises en garde répétées contre la dégradation de la situation dans la Békaa et évoquant les incidents antérieurs à l’intervention de l’armée à la suite de la mainmise de cheikh Sobhi Toufayli sur une école religieuse du Hezbollah. «J’ai plus d’une fois affirmé qu’il était inadmissible, compte tenu des menaces qui pèsent sur le pays au Liban-Sud, qu’une partie ou une personne exposent au danger la paix intérieure et la sécurité de l’Etat», a déclaré M. Hraoui, soulignant que l’armée «effectue son devoir en poursuivant les fauteurs de troubles, d’autant qu’elle est responsable de la sécurité de la population». Toujours cité par le ministre, le président de la République a réaffirmé son rejet d’une «politique de deux poids, deux mesures». Selon lui, le but de l’intervention de l’Etat à Baalbeck «n’est pas de contenter quelqu’un ou de se venger de quelqu’un, mais de mettre les points sur les «i» et d’empêcher toutes sortes de menaces à la sécurité nationale». Aussi, le chef de l’Etat a proposé, a ajouté M. Sabeh, de confier pour six mois supplémentaires à l’armée la mission de maintenir la sécurité et l’ordre public à Baalbeck-Hermel et de déférer le dossier Toufayli à la Cour de justice. Le ministre a expliqué que les deux propositions ont été approuvées à «la majorité». Un peu plus tard, il devait préciser que ce sont MM. Jaber, Abou Hamdane et Hmayed qui ont vivement exprimé leur opposition à cette mesure, notant, en réponse à une question, que ses trois collègues s’expriment «au nom du bloc du président Nabih Berry». Après l’intervention du chef de l’Etat, le gouvernement s’est attaqué à la question du développement des régions déshéritées. M. Hariri a alors estimé que la somme de 150 milliards de livres, destinée à financer des projets de développement dans la Békaa et le Liban-Nord est «insuffisante même pour la seule région de Baalbeck-Hermel». Selon M. Sabeh, le chef du gouvernement a trouvé plus opportun d’établir un plan détaillé pour le développement des villages déshérités et des zones rurales. Ce plan, a-t-il ajouté, a été «établi par le CDR et prévoit divers projets pour les secteurs sous occupation israélienne, pour la Békaa, le Liban-Nord et les villages aux populations déplacées». Au terme d’un débat sur l’opportunité de ces projets, le gouvernement a convenu d’étudier ce plan, en fonction des besoins de chaque région, et de le soumettre dans un délai d’un mois au Conseil des ministres, afin qu’il l’approuve suivant un calendrier-programme. Dans le même temps, a poursuivi M. Sabeh, le gouvernement devra examiner et approuver les sources de financement de ce plan qui seront, a-t-il dit, «à la mesure des moyens disponibles». Selon le ministre, le coût des projets envisagés est estimé à quelque 991 milliards de livres. «Administrer un calmant» Il a assuré qu’il ne s’agit pas de promesses formulées pour ne pas être tenues «ou de calmants qu’on veut administrer» (aux habitants de Baalbeck) mais que le travail sur le terrain ne doit pas tarder à commencer. «Il ne faut pas dire que la balle est lancée d’un camp à l’autre», a-t-il ajouté, précisant que s’il y a un accord sur la nécessité de régler le problème de sous-développement, il n’y a toujours pas d’accord sur les moyens de financer le projet envisagé dans ce but. «Mais ce sujet figure sérieusement à l’ordre du jour des prochaines réunions du Conseil des ministres qui doit prendre des décisions définitives», a indiqué M. Sabeh. A la question de savoir si le projet de développement est une réédition du plan des 800 millions de dollars, le ministre a répondu par la négative: «Ce qu’on propose aujourd’hui est tout à fait différent. Dans le passé, le développement des zones rurales faisait partie d’un plan plus général, alors qu’aujourd’hui nous lui consacrons un projet à part détaillé suivant un calendrier-programme», a-t-il dit, expliquant que le projet des 150 milliards de livres fera normalement partie de ce plan. Consensus national et politique Mais M. Sabeh n’a pas exclu que le débat autour des moyens de le financer n’aboutisse pas. Aussi, en attendant que le plan global soit approuvé, le projet des 150 milliards de livres doit être considéré comme une entité à part. Le ministre a insisté sur l’importance d’«un consensus national et politique» autour des moyens de financer l’ambitieux programme prévu avant d’indiquer que trois questions fondamentales ont été débattues au cours de la réunion: le développement des zones rurales, la nouvelle échelle des salaires dans le secteur public, «dont le financement pose toujours un problème», et le retour des déplacés «qui est fondamental pour la reconstitution du tissu social». M. Sabeh a insisté sur le fait que le gouvernement s’est attaqué au premier de ces trois sujets et entend lui trouver des «solutions radicales», ajoutant que le débat en Conseil des ministres était «responsable même s’il était quelque peu mouvementé». Prié d’être plus précis au sujet des solutions possibles, il a répondu vaguement: «Je ne veux pas anticiper mais il est sûr que nous n’allons pas fouiller la terre à la recherche de trésors et que nous n’allons pas produire du pétrole d’ici deux mois. Mais des parties déterminées dans le pays nous aideront contrairement à d’autres». Il a aussi indiqué que le président Hraoui a évoqué la possibilité de solliciter l’aide des pays arabes notamment pour le retour des déplacés, d’autant, a indiqué le chef de l’Etat, que l’accord de Taëf prévoit une assistance arabe au Liban.
Le gouvernement prévoit un projet de 991 milliards de L.L. pour le développement de toutes les régions déshéritées Ce n’est pas le tribunal militaire, mais la Cour de justice, dont les verdicts sont sans recours, qui traitera le dossier Toufayli. Ainsi en a décidé hier le Conseil des ministres, sur proposition du chef de l’Etat, M. Elias Hraoui. Seuls les ministres Yassine...