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Actualités - CHRONOLOGIE

Albright n'a pu obtenir un appui arabe face à l'Irak Washington se résoud à donner une ultime chance à la diplomatie Démarches de Paris et de la Ligue auprès de Bagdad (photos)

Madeleine Albright a achevé hier une tournée des alliés proche-orientaux des Etats-Unis qui lui a permis de constater à quel point ceux-ci demeurent fermement opposés à toute solution militaire et favorables à la voie diplomatique pour régler la crise irakienne. Le secrétaire d’Etat n’en a pas moins estimé qu’avec ces pays, elle était «sur la même longueur d’onde» et qu’il y avait lieu d’espérer «une coopération si nous avons besoin de recourir à la force». Comme en écho, l’ambassadeur US aux Nations Unies Bill Richardson a affirmé que «la diplomatie était à bout de souffle» — cela à l’heure où débarquait à Bagdad un émissaire français, porteur d’un «message de fermeté» du président Jacques Chirac aux dirigeants irakiens. L’envoyé spécial français — Bertrand Dufourcq, secrétaire général du Quai d’Orsay — est arrivé dans la capitale irakienne par la route, venant d’Amman. Il a aussitôt rencontré Tarek Aziz, vice-premier ministre, et il doit être reçu aujourd’hui mercredi par le président Saddam Hussein. Le ministère français des Affaires étrangères a fait état, sans autre précision, de «suggestions concrètes» contenues dans la lettre de M. Chirac à son homologue irakien. Le porte-parole du Quai d’Orsay, Anne Gazeau-Secret, s’est contentée à cet égard d’indiquer que «ces suggestions visent à permettre de reprendre sans délai les discussions entre l’Irak et le président de la Commission spéciale au sujet des modalités d’accès aux sites présidentiels». Les autorités françaises estiment que ces discussions et un accord éventuel doivent être fondés «sur les droits de libre accès de l’UNSCOM et tenir compte du respect de la souveraineté de l’Irak et de la dignité du peuple irakien». «La mission française cherche à faire prévaloir une solution diplomatique entre l’Irak et le Conseil de Sécurité», a dit le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «Nous avons bon espoir», a conclu Anne Gazeau-Secret. Pour sa part, le chef de la diplomatie US a quitté Le Caire au terme d’une tournée de quatre jours au Proche-Orient et dans le Golfe en affirmant que Washington et les Arabes étaient convenus de privilégier la diplomatie pour régler la crise. «Aujourd’hui je peux dire que les Etats-Unis, l’Egypte, la Jordanie, le Koweit, l’Arabie Séoudite, Bahrein et l’Autorité palestinienne sont sur la même longueur d’onde» à propos de l’Irak, a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien Amr Moussa. «Nous préférons résoudre la crise de manière diplomatique mais si la diplomatie échoue, la responsabilité des graves conséquences qui en découleraient repose sur les épaules du gouvernement irakien», a-t-elle insisté. La certitude que les Arabes n’étaient pas prêts à cautionner un recours à l’option militaire, Mme Albright l’a acquise au cours de sa tournée dans le Golfe, principalement en Arabie Séoudite. Auparavant, à Bahrein, le ministre des A.E. cheikh Mohammed Ben Moubarak al-Khalifa, avait estimé qu’il convenait de donner la priorité aux efforts diplomatiques, tout en avertissant le président irakien qu’il assumerait «l’entière responsabilité des graves conséquences» que pourrait avoir son refus de respecter les résolutions des Nations Unies. Ce faisant, il se faisait le porte-parole de l’ensemble des émirats de la région. A Ryad, le secrétaire d’Etat a eu six heures d’entretiens avec le prince héritier l’émir Abdallah Ben Abdel Aziz, sans obtenir de réponse pour une assistance en cas de frappe militaire. Les dirigeants du Golfe, semble-t-il, sont notamment soucieux de ménager leur opinion publique, sensible aux souffrances du peuple irakien sous embargo. Mme Albright a, en revanche, obtenu l’appui «à cent pour cent» du Koweit, première étape de sa tournée. Selon un haut responsable du département d’Etat, l’émir cheikh Jaber Ahmed Sabah a assuré Mme Albright que le Koweit, qu’une coalition menée par les Etats-Unis a libéré en février 1991 de sept mois d’occupation irakienne, soutiendrait les Etats-Unis s’ils lançaient une opération militaire. Désaccord soviéto-US Quant à Bill Richardson, il s’est fait pressant, déclarant que «la diplomatie était à bout de souffle», à l’issue d’un entretien à Nairobi avec le président kenyan Daniel arap Moi. «La menace est trop importante pour pouvoir être ignorée plus longtemps (...), la diplomatie est presque en panne», a ajouté M. Richardson, qui poursuit une tournée dans neuf des dix pays membres non permanents du Conseil de Sécurité pour trouver des soutiens à la position américaine sur l’Irak. «Nous ne proférons pas de menaces de guerre et nous n’annonçons pas non plus qu’une frappe est imminente», a-t-il ajouté. M. Richardson a également exprimé son désaccord avec le porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe Guénnadi Tarassov, qui a déclaré mardi à Moscou que les résolutions des Nations Unies «ne donnent pas le droit de recourir à la force contre l’Irak». Le diplomate américain, qui s’exprimait à l’aéroport de Nairobi avant de s’envoler pour Libreville, a répondu que «les Etats-Unis pensent que les résolutions en vigueur du Conseil de Sécurité donnent le droit aux Etats-Unis pour poursuivre l’option militaire». Les propos de M. Richardson constituaient une réponse à la Russie qui a tapé du poing sur la table, mardi, en affirmant que les Etats-Unis n’avaient pas le droit d’attaquer l’Irak, alors que la France a entamé des efforts pour un dénouement diplomatique de la crise. La Russie a parallèlement affirmé que son initiative visant à un règlement pacifique de la crise progressait, et que son émissaire en Irak Viktor Possouvaliouk resterait à Bagdad jusqu’à la réussite de sa mission. «La voie est peut-être ouverte pour la visite des sites dits présidentiels en Irak et leur vérification soigneuse», grâce aux efforts déployés par l’émissaire russe, a affirmé le Kremlin. Moscou avait annoncé lundi que l’Irak avait informé M. Possouvaliouk de son acceptation du principe d’une inspection de huit sites «présidentiels», mais Bagdad a aussitôt démenti. La confusion a été attribuée par Moscou à des «turbulences» dans la transmission des informations. La France s’est jointe aux efforts russes et le secrétaire général du Quai d’Orsay Bertrand Dufourcq a entamé mardi une mission à Bagdad, porteur selon Paris de «suggestions concrètes» sur l’accès de la Commission spéciale de l’ONU chargée de désarmer l’Irak (UNSCOM) aux sites «présidentiels». Les chefs des diplomaties française Hubert Védrine et russe Evgueni Primakov se sont entendus sur une «coopération étroite» entre Moscou et Paris, selon le ministère russe des Affaires étrangères. Le secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan a exhorté le président irakien Saddam Hussein a «écouter» les émissaires russe et français «pour éviter à son peuple des souffrances supplémentaires». La question des inspections des palais «présidentiels» est au cœur de la crise qui risque de dégénérer en confrontation militaire opposant l’Irak aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne. Abdel-Méguid à Bagdad Le secrétaire général de la Ligue arabe Esmat Abdel-Méguid, qui s’apprête à se rendre mercredi à Bagdad à la demande M. Moubarak, a accusé de son côté Washington et Londres de vouloir attaquer l’Irak sans raison. M. Abdel-Méguid est envoyé dans la capitale irakienne par le président Moubarak en sa qualité de président du dernier sommet arabe de 1996. «Le président Moubarak s’est mis en contact avec tous les dirigeants arabes et a demandé à M. Abdel-Méguid de se rendre à Bagdad avec un message affirmant que l’Irak doit se conformer aux résolutions du Conseil de Sécurité pour éviter les graves conséquences de l’option militaire et donner une chance aux efforts diplomatiques», a expliqué M. Amr Moussa, ministre égyptien des A.E. «Il s’agit d’un important message de tous les dirigeants arabes», a-t-il insisté, soulignant néanmoins que «toutes les options restent sur la table». De son côté, le président du Parlement iranien Ali Akbar Nategh-Nouri a affirmé à Damas qu’une attaque militaire américaine contre l’Irak serait «un acte insensé et illogique». La Syrie est également opposée à une frappe américaine contre l’Irak, de même que la Chine, membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, qui a réaffirmé mardi son opposition au recours à la force contre Bagdad.
Madeleine Albright a achevé hier une tournée des alliés proche-orientaux des Etats-Unis qui lui a permis de constater à quel point ceux-ci demeurent fermement opposés à toute solution militaire et favorables à la voie diplomatique pour régler la crise irakienne. Le secrétaire d’Etat n’en a pas moins estimé qu’avec ces pays, elle était «sur la même longueur d’onde»...