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Actualités - OPINION

Carnet de route L'Amérique dans tous ses états

Pour commencer, Bill Clinton est un anglophone. Ce n’est pas diminuer le prestige d’un président des Etats-Unis que de commencer par le commencement. Ni faire preuve de mauvais goût en soulignant que tout ce qui finit par «phone» et qui compte deux syllabes préliminaires (rarement trois) fait irrésistiblement penser aux grammophones qui traînaient chez les grands parents des uns et des autres, et qui ne portaient pas le mot le moins laid des différentes langues latines (phonétiquement parlant s’entend...). Je disais donc que Bill Clinton est un anglophone, et, s’il ne fait pas partie des WASP, qu’il est imprégné d’une culture protestante, héritée de la colonisation anglaise, très largement majoritaire en Arkansas où il est né, et, plus généralement sur tout le territoire de son pays. On peut penser ce que l’on veut du protestantisme (nous-mêmes avons longtemps admiré la théologie protestante dans ses avancées — faut-il dire son ouverture? — jusqu’à ce que le Vatican s’en rapproche après le Concile), on sait que son ombre portée sur les Etats-Unis, n’a d’équivalent que dans l’Angleterre victorienne qui condamna Wilde aux travaux forcés (sans l’ombre d’un sursis) et qui horrifiait d’avance les jeunes fiancées dans leur préparation à leur future nuit de noces en leur faisant dire par leurs mères la célèbre phrase «Close your eyes and think of England». Non, je ne m’égare pas tellement. Je baisse les bras devant un homme politique qui, s’il démissionne, ne saura peut-être pas lui-même s’il le doit à ses frasques sexuelles (plus correctes par «fellation» — sic — que par pénétration) ou à son manquement au décalogue: («Tu ne mentiras point»). Je baisse les bras devant un pays où le libertinage et le sacrilège, même ne se confondant pas, s’unissent dans un même opprobre: impeachment ou démission forcée, humiliation toujours. Mais peut-être Clinton sera-t-il toujours, dans un mois, dans une semaine, président à part entière. A vrai dire, il est difficile de ne pas tomber dans l’indifférence morale, sinon politique (pardon, géopolitique) devant des affres que les deux aînés des Kennedy ont eu le pouvoir de s’épargner. L’évolution de l’Amérique était autre. Et Marilyn Monroe n’était pas Monica Lewinsky, loin s’en faut. Quant au «complot sioniste» évoqué par la presse et les gouvernants arabes, je veux bien. Nous avons tous lu des livres de transfuges du Mossad à nous donner des frissons dans le dos quant à la compétence absolue des services secrets israéliens. Mais on ne peut s’empêcher de poser une question: les Etats-Unis, avec leur puissance, la force des Républicains au Congrès, les raffinements de leur espionnage et contre-espionnage, bref la seule grande puissance du monde désormais, a-t-elle besoin de son vaillant petit allié israélien pour faire enregistrer des confidences «d’état», napper l’adultère présidentiel de détails spectaculaires, bref déstabiliser la présidence quand elle le trouve opportun? Toute seule, comme une grande? Pour ce faire il ne lui manque ni le cynisme ni le pharisaïsme, ni surtout les moyens extraordinaires dont elle dispose pour faire chuter un homme. Question de proportion, il nous semble. Au moins. Amal NACCACHE
Pour commencer, Bill Clinton est un anglophone. Ce n’est pas diminuer le prestige d’un président des Etats-Unis que de commencer par le commencement. Ni faire preuve de mauvais goût en soulignant que tout ce qui finit par «phone» et qui compte deux syllabes préliminaires (rarement trois) fait irrésistiblement penser aux grammophones qui traînaient chez les grands parents des...