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Actualités - ANALYSE

Processus régional : la pusillanimité US encore une fois sur la sellette

Un diplomate arabe en poste à Beyrouth pense que l’Autorité palestinienne et les Etats arabes «ont tort de compter sur les Etats-Unis pour des pressions sur Israël quand le moteur du processus se grippe. L’expérience mille fois répétée montre en effet amplement que Washington ne mène pas le bal et n’arrive que rarement à influer sur l’Etat hébreu quand ce dernier ne partage pas son avis. Et quand Tel-Aviv est absolument forcé de jouer le jeu, il se contente de «faire semblant» avec un cynisme total et s’arrange en définitive pour torpiller les plans américains. Ainsi en 1991 quand Bush a obligé Shamir à se rendre à Madrid, en le privant d’une ligne de crédit de dix milliards de dollars destinés à l’armement, le premier ministre israélien n’a signé que de la main gauche en se jurant de tout mettre par terre, comme il l’a avoué sans vergogne quand il a pris sa retraite. Le Likoud part en effet du principe que personne ne peut décider pour les Israéliens et qu’en outre il ne doit pas y avoir dans la région du Proche-Orient d’autre domination que la leur. Tel-Aviv laisse le haut de la carte régionale, le Moyen-Orient pétrolier, aux Américains et encore, il lui arrive de frapper en Irak ou de menacer l’Iran pour son propre compte. Les Israéliens de droite actuellement au pouvoir considèrent le bas du tableau, la Syrie, la Jordanie, le Liban ou les territoires occupés, comme une chasse gardée comme le prouve leur attitude à l’égard des accords d’Oslo, de la 425 ou de la 242. Il n’est donc pas étonnant de voir Netanyahu envoyer promener Clinton avec autant de régularité: à chaque fois qu’ils se sont rencontrés, il l’a en effet rembarré sans façon, sans prendre de gants comme si le chef de la puissance qui maintient en vie l’Etat hébreu se mêlait de ce qui ne le regarde pas.» «Pourtant, poursuit cet ambassadeur arabe, malgré le faible viscéral qu’ils éprouvent pour l’enfant prodigue israélien qui s’obstine à rester à l’écart de leur giron, les Etats-Unis savent que leur partialité doit avoir des limites, à partir du moment où l’entêtement de Netanyahu met en danger les intérêts vitaux qu’ils ont dans la région. S’ils baissent définitivement les bras, c’en serait fait de leurs liens avec le monde arabe où d’ailleurs les régimes qui leur sont acquis pourraient alors sauter l’un après l’autre, au Machrek comme au Maghreb, emportés par des révoltes populaires. Plus d’accès au pétrole, au gaz et la perspective d’une dure confrontation durable avec leur bête noire, l’extrémisme islamique, qui triompherait partout, avec des débordements ressentis jusque dans l’enclos des républiques orientales de l’ancienne URSS , voire en Europe occidentale où les immigrés nord-africains sont légion. Ceci sans compter avec le risque d’une explosion généralisée au Moyen et au Proche-Orient une fois que des verrous comme l’Egypte et l’Arabie Séoudite auraient sauté». Le lobby Selon cette personnalité, «contrairement à ce qu’on croit généralement, le puissant lobby juif américain n’a pas d’autre politique que de soutenir les vues de l’Etat hébreu, quel que soit le parti au pouvoir, travaillistes ou Likoud. Ce même lobby n’a jamais hésité à contrer l’Administration U.S. au plus haut niveau et c’est à cause de son influence même que depuis quarante ans les décisions capitales que le chef de la Maison-Blanche est appelé à prendre dans le domaine de la politique étrangère sont soumises à l’approbation du Congrès. Une réduction des prérogatives présidentielles que les juifs américains ont inspirée quand Eisenhower avait tapé sur les doigts d’Israël en 1956 lors de la guerre du Canal pour l’obliger, ainsi que l’Angleterre et la France, à retirer ses troupes qui avaient attaqué l’Egypte». Plus précisément, la Maison-Blanche a un délai de trois mois pour faire approuver une décision de politique étrangère et si ensuite le Congrès continue à dire «non» — ce qui est quand même rare —, le veto prend effet définitivement. «Dès lors, enchaîne le diplomate arabe, le lobby sioniste aux States se préoccupe bien plus de faire arriver au Congrès des amis à lui, républicains ou démocrates, cela lui est parfaitement égal, que des présidentielles même. Evidemment quand le président est démocrate, ce lobby encourage l’émergence d’une majorité parlementaire républicaine et vice-versa, pour être plus facilement en mesure de court-circuiter de l’intérieur, le cas échéant, une opinion de l’Administration U.S. contraire à la volonté du pouvoir israélien en place». Plongeant dans les détails de ce «complot sioniste permanent», la personnalité arabe lui impute le Watergate qui a balayé Nixon parce que ce dernier voulait prendre au Proche-Orient des initiatives de paix; mêmes causes, selon cette source, pour la non-réélection de Carter ou de Bush qui voulaient régler à tour de rôle le problème palestinien, l’un après Camp David et l’autre à travers Madrid... Et d’affirmer que le plan de Shultz pour le Liban avait été torpillé parce qu’Israël ne voyait pas d’un bon œil le débarquement des Marines dans la région. «Au point, ajoute ce diplomate, que l’on a pu entendre dire que les S.R. israéliens qui avaient eu vent d’un projet d’attaque-suicide au camion piégé contre le Q.G. des forces américaines, attentat qui a fait 265 victimes et contre une position du contingent français, n’en ont prévenu ni Washington ni Paris, cette double opération devant précipiter le départ de la force multinationale qui indisposait Israël». E.K.
Un diplomate arabe en poste à Beyrouth pense que l’Autorité palestinienne et les Etats arabes «ont tort de compter sur les Etats-Unis pour des pressions sur Israël quand le moteur du processus se grippe. L’expérience mille fois répétée montre en effet amplement que Washington ne mène pas le bal et n’arrive que rarement à influer sur l’Etat hébreu quand ce dernier...