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Actualités - CHRONOLOGIE

Monicagate : Hillary Clinton à son tour monte au créneau La première dame dénonce un vaste complot ourdi par la droite et l'acharnement politique du procureur Kenneth Starr (photo)

1 Le «Monicagate»? «Un vaste complot politique ourdi par la droite»: Hillary Clinton à son tour est montée au créneau hier pour défendre son mari dans un scandale sexuel qui fait trembler la Maison-Blanche. Elle a choisi de le faire quelques heures à peine avant le message sur l’état de l’Union que le président américain adresse à la nation traditionnellement en début d’année, comme pour tenter de neutraliser, ou à tout le moins d’atténuer, l’effet désastreux de l’affaire sur l’image que Bill Clinton cherche à donner de lui-même Visiblement très fatiguée, la «dame de fer» de la Maison-Blanche s’en est prise tout particulièrement à Kenneth Starr, le procureur spécial chargé des affaires Whitewater et Paula Jones, l’accusant d’être mû par des mobiles politiques. Elle a soutenu que toutes les accusations lancées contre son mari (infidélité conjugale et, surtout, subornation de témoin) ne seront pas prouvées. «Bill et moi-même avons été accusés de tous les maux, y compris de crime, par certains de ceux qui sont derrière ces allégations, a-t-elle dit dans une interview à NBC. Aussi, de mon point de vue, tout cela fait partie d’une campagne politique incessante contre mon mari». Dans son interview, Hillary Clinton a estimé que ces accusations étaient du domaine de la calomnie de la part des ennemis politiques de Bill Clinton et visaient à «défaire le résultat de deux élections». «Elles (ces allégations) ne seront pas prouvées», a-t-elle dit en refusant d’entrer dans le détail de ces accusations, parce que «j’ai appris la nécessité de replacer tout cela dans son contexte». Elle a reconnu cependant que si les allégations portées contre son mari devaient être avérées, «ce serait une infraction très grave», s’empressant d’ajouter: «Mais cela ne sera pas avéré. Je crois que l’on va trouver d’autres choses... certaines personnes vont devoir s’expliquer sur beaucoup de choses». Elle a souligné que le scandale reposait essentiellement sur «des rumeurs et des sous-entendus» avant de dénoncer tant «cette tempête d’allégations» que «la frénésie» qui entoure l’affaire. Selon elle, «on tente d’utiliser le système juridique pour une campagne politique» et Bill Clinton «est la cible d’une véritable opération». Parmi les noms de ceux impliqués dans ce «vaste complot de droite», Hillary Clinton a cité le révérend Jerry Falwell, un «télévangéliste» conservateur, les deux sénateurs républicains de la Caroline du Nord Jesse Helms et Lauch Faircloth, ainsi que Kenneth Starr, qui a désormais compétence pour toutes les affaires concernant le couple Clinton et qui a obtenu d’étendre le champ de son enquête de l’obscure affaire Whitewater à l’affaire Monica Lewinsky. «Une opération» Kenneth Starr, a affirmé Hillary Clinton, «est un alliée des détracteurs de mon mari. Il ne s’agit pas d’une seule personne, mais de toute une opération». «Quiconque connaît mon mari sait que c’est un être extrêmement généreux pour tous ceux qu’il connaît ou ne connaît pas, en fait pour tous ceux qu’il rencontre autour de lui», a plaidé la «première dame», une ancienne avocate qui a la réputation d’être dure en affaire. «Et je pense que son attitude, sa façon de traiter les gens expliqueront tout cela», a-t-elle ajouté. Hillary Clinton, qui a toujours pris la défense de son mari à chaque «coup dur», depuis le début de sa carrière politique dans l’Arkansas, a aussi minimisé la signification des cadeaux que ce dernier aurait offerts à Monica Lewinsky — «C’est possible», a-t-elle dit — et du «piston» dont elle aurait ensuite bénéficié pour obtenir un poste rémunéré au Pentagone. «Je connais mon mari depuis plus de 25 ans, dont 22 de mariage. Et je le taquine toujours en lui demandant de ne jamais parler à un étranger. Il est gentil, il est amical, il essaie d’aider les gens qui en ont besoin, qui lui demandent son assistance», a-t-elle plaidé. «Nous savons (Bill et moi) tout ce dont on a besoin de savoir sur l’autre, nous nous comprenons, nous nous acceptons et nous nous aimons. Je pense qu’une bonne part de tout cela vise délibérément à lancer des accusations sensationnelles contre mon mari parce que tout ce qu’ils ont tenté d’autre a échoué», a-t-elle conclu. Les stores du studio de NBC à Manhattan, où était interviewée Mme Clinton, avaient été baissés pour que l’émission ne soit pas visible par les passants. L’épouse du président s’est catégoriquement refusée à préciser ce que son mari lui a révélé sur le type de relation qu’il entretenait avec l’ex-stagiaire de la Maison-Blanche. Audition de témoins Au plan judiciaire, un «grand jury» (l’équivalent américain d’une chambre d’accusation) a commencé mardi à entendre ses premiers témoins dans l’affaire Lewinsky. Il s’agit notamment de John Withehead, un avocat qui dirige l’institut Rutherford, une institution conservatrice de Virginie qui a fait office de conseiller juridique de Paula Jones et qui finance sa défense. Whitehead a précisé qu’il s’était contenté de déposer des documents. La secrétaire de Bill Clinton, Bette Currie, a également été entendue. «Je n’ai aucun commentaire à faire», a déclaré son avocat, Lawrence Weschler, en se frayant un chemin avec sa cliente vers la sortie du Palais de justice, au milieu d’une meute de journalistes. Bette Currie est soupçonnée d’avoir facilité les rencontres entre Monica Lewinsky et Bill Clinton. Son bureau se trouve à côté du bureau ovale. Quant à la déposition que devait effectuer hier Monica Lewinsky, elle a été reportée. Selon la chaîne de télévision CNN, cette décision a été prise car l’avocat de la jeune femme, William Ginsburg, et le procureur indépendant Kenneth Starr seraient proches d’un accord sur l’immunité à accorder à Mlle Lewinsky en échange de sa coopération. Toujours selon CNN, M. Ginsburg aurait d’ores et déjà fourni à Kenneth Starr un résumé détaillé de tout ce que sa cliente était prête à lui révéler, si l’immunité qu’elle souhaite lui était accordée, au sujet de sa liaison sexuelle présumée avec Bill Clinton. Tout au long de la journée, l’avocat de la jeune femme à l’origine du scandale avait tenté d’obtenir un report de cette déposition de façon à ne pas perturber les négociations entamées avec M. Starr pour obtenir l’immunité totale de sa cliente. «Nous mourons d’envie de raconter toute l’histoire mais nous ne pouvons pas», avait affirmé M. Ginsburg. Selon plusieurs sources, M. Starr ne lui a jusque-là offert qu’une immunité partielle, portant uniquement sur ce que la jeune femme reconnaîtra, ce qui laisserait la possibilité qu’elle soit poursuivie sur la base d’autres témoignages. Un test Au plan politique, le chef de l’Exécutif mettait la dernière main, mardi, au message sur l’état de l’Union qu’il devait prononcer dans la soirée (mercredi à 4h heure de Beyrouth). Le président, n’ont pas manqué de noter à cet égard les observateurs, se présente dans une situation très affaiblie devant le pays, alors que son discours s’annonçait, il y a dix jours encore, comme un triomphe. Le président, à l’époque au faîte de sa popularité, avait en effet commencé au début de l’année à dévoiler un par un les principaux éléments de son programme, une série d’initiatives sociales placées sous le thème de «la discipline budgétaire à visage humain». Il devait réitérer mardi soir sa promesse de présenter dès l’an prochain un budget en équilibre, soit trois ans plus tôt que prévu, certains experts estimant même que le budget pourrait dégager un excédent dès cette année. M. Clinton comptait demander au Congrès d’utiliser cette manne inespérée pour assurer la solvabilité du système fédéral de retraites, qui va être mise à mal par le prochain départ en retraite des «baby boomers» (les Américains nés entre 1946 et 1960). Le président devait en outre renouveler dans son discours la détermination des Etats-Unis à contraindre Saddam Hussein à respecter les résolutions de l’ONU en laissant les experts chargés du désarmement de l’Irak effectuer leurs inspections. Mais l’intérêt de ce discours, qui devait avoir sans doute une audience télévisée record, résidera également dans la réaction de l’auditoire: les 435 membres de la Chambre des représentants et les 100 sénateurs. La tradition voulant que le discours soit interrompu à intervalles réguliers par des ovations, l’absence d’applaudissements ou des réactions tièdes auraient un effet désastreux pour M. Clinton. La Maison-Blanche nourrissait apparemment quelques inquiétudes, puisque le vice-président Al Gore en personne et de nombreux conseillers du président sont allés au Capitole (siège du Congrès) lundi et mardi pour essayer de mobiliser les démocrates, dont le silence depuis le début de l’affaire Lewinsky a été très remarqué. La majorité républicaine, pour sa part, a fait savoir qu’elle réserverait à M. Clinton un accueil courtois.
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