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Actualités - CHRONOLOGIE

Monicagate : Clinton dément sans réellement convaincre "Je n'ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme ; je n'ai dit à personne de mentir", affirme le président américain (photo)

Une nouvelle fois hier, et de manière plus catégorique encore que la semaine dernière, Bill Clinton a démenti toute relation avec Monica Lewinsky et clamé son innocence mais sans réellement convaincre. L’Amérique est même restée sur sa faim car le président avait laissé entendre il y a quelques jours qu’il fournirait sur le «Monicagate» «une explication détaillée, le plus tôt possible» (VOIR AUSSI PAGE 10). La très brève déclaration du président américain a duré 25 secondes. Elle a été faite en présence du vice-président Al Gore, d’un membre du Cabinet et de Hillary Clinton qui, sourire de commande aux lèvres, essayait de donner d’elle-même un image rassurée et rassurante. Il s’agissait là, n’ont pas manqué de relever les observateurs, du claire manifestation de soutien à l’hôte de la Maison-Blanche. «Je veux dire une chose aux Américains. Je veux que vous m’écoutiez», a-t-il dit à la fin d’une cérémonie à la Maison-Blanche consacrée à l’éducation. «Je vais le redire: je n’ai pas eu de relations sexuelles avec cette femme, Mlle Lewinsky. Je n’ai pas dit à quiconque de mentir. Pas une seule fois. Jamais. Ces allégations sont fausses et je dois retourner travailler pour le peuple américain. Merci», a-t-il conclu. Il a accompagné ses propos d’un mouvement de l’index de la main droite pour en souligner le ton vigoureux. Sa voix trahissait une certaine colère, réelle ou feinte. M. Clinton a quitté la salle avant que la presse puisse lui poser la moindre question, chose rarissime. Son porte-parole, Michael McCurry, a indiqué que le président, conscient des nombreuses questions suscitées dans le public par les propos de Mlle Lewinski, avait pris la décision de parler de cette affaire lundi matin. Revirement Il s’agissait là d’un revirement de taille, puisque la Maison-Blanche avait indiqué vendredi dernier que le président, malgré son désir de s’expliquer avant mardi et les pressions en ce sens de ses conseillers politiques, y avait finalement renoncé sur les conseils de ses avocats. Ceux-ci, qui essaient toujours de rassembler tous les détails concernant les rapports entre M. Clinton et Mlle Lewinsky, craignaient, en effet, que le président, dans sa volonté de s’innocenter aux yeux du public, dise des choses qui pourraient ensuite être retenues contre lui par le procureur chargé de l’affaire, Kenneth Starr, un républicain. La solution choisie était donc un compromis. D’un côté, il a essayé de parer au plus pressé, dans le but de stopper la baisse de sa cote de popularité, reflétée ces derniers jours par plusieurs sondages. Mais de l’autre, il a continué d’en dire le moins possible sur le fond, au risque de laisser le public sur sa faim. Il est cependant allé plus loin qu’il ne l’avait fait mercredi, le jour où avait éclaté le scandale, et jeudi. «Il n’y a pas de liaison sexuelle, de liaison sexuelle déplacée, ou toute autre forme de liaison déplacée» avec Mlle Lewinsky, avait-il ainsi affirmé mercredi dans une interview à la chaîne PBS. Mais le fait qu’il ait employé le temps présent et surtout l’emploi restrictif de l’adjectif «déplacée» avait suscité de nombreuses interrogations, M. Clinton étant passé maître dans l’art des déclarations alambiquées pouvant être interprétées de diverses manières. Sur ces deux points, son démenti catégorique d’hier lundi ne prêtait à aucune équivoque. Toutefois, le président américain n’a pas donné le moindre détail sur la nature exacte de ses rapports avec Monica Lewinsky, se contentant de qualifier de «fausses» les allégations de celle-ci selon lesquelles il aurait eu «des relations sexuelles» avec elle et lui aurait demandé de faire un faux témoignage à ce sujet devant la justice. Semaine cruciale Il reste que la semaine s’annonce cruciale pour le président. Ce soir, il doit prononcer devant les deux Chambres du Congrès réunies son message annuel sur l’état de l’Union — un message qui, traditionnellement, est retransmis par toutes les télévisions —, qui aura une audience record mais pas pour les raisons souhaitées par M. Clinton. Il est en effet difficile d’imaginer qui, dans le public et même au Congrès prêtera attention à l’énoncé par le chef de l’Exécutif US de ses projets pour l’année, dont la plupart ont déjà été annoncés depuis le début de l’année. Ce même jour, plusieurs proches de Bill Clinton, dont sa secrétaire personnelle Betty Currie, devraient témoigner devant une Chambre de mise en accusation (Grand Jury), à la demande du procureur indépendant Kenneth Starr. Le procureur a également exigé, tant de la Maison-Blanche que du Pentagone et de l’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU Bill Richardson, de nombreux documents relatifs à Monica Lewinsky. Celle-ci avait été mutée de la Maison-Blanche au Pentagone en 1996 et avait décliné une proposition d’emploi de M. Richardson à l’automne. La jeune femme à l’origine du scandale devrait elle aussi être interrogée mardi par le grand jury, mais lundi, son avocat William Ginsburg cherchait à obtenir un report de cette comparution, selon CNN. M. Ginsburg et Mlle Lewinsky ont été vus lundi matin quittant en voiture la résidence de la jeune femme pour se rendre au centre de Washington. C’était la première apparition de Monica Lewinsky depuis qu’a éclaté le scandale. La jeune femme n’a pas encore obtenu l’immunité judiciaire qu’elle recherche. «Nous mourons d’envie de raconter toute l’histoire mais nous ne pouvons pas», a affirmé M. Ginsburg. Selon plusieurs sources, M. Starr ne lui a offert qu’une immunité partielle, portant uniquement sur ce que la jeune femme reconnaîtra, ce qui laisserait la possibilité qu’elle soit poursuivie sur la base d’autres témoignages. Lundi, l’ancienne stagiaire à la Maison-Blanche a quitté l’appartement de sa famille à bord d’une limousine noire en compagnie de son avocat, ont déclaré des photographes. La jeune femme n’avait pas été vue en public depuis que cette nouvelle affaire de mœurs a éclaté. Elle aurait passé l’essentiel de la semaine écoulée dans l’appartement de sa mère, dans le complexe immobilier du Watergate, à Washington.
Une nouvelle fois hier, et de manière plus catégorique encore que la semaine dernière, Bill Clinton a démenti toute relation avec Monica Lewinsky et clamé son innocence mais sans réellement convaincre. L’Amérique est même restée sur sa faim car le président avait laissé entendre il y a quelques jours qu’il fournirait sur le «Monicagate» «une explication détaillée,...