Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Le verre sous toutes ses coutures Maya Hussein-Ayoub, maître-verrier en jupons (photos)

Dans un pays où le soleil inonde de ses rayons toutes les saisons, le verre offre une palette de possibilités et de nuances variées... Grâce aux nouvelles techniques, il se prête non seulement au travail traditionnel, mais à toutes sortes de fantaisies: il se laisse concasser, couler, déformer, façonner comme une vulgaire pâte à mâcher ou presque... Résultat: un assemblage de vitraux aux tonalités expressives; des objets ou des meubles kaléidoscopiques... Un métier qui ne laisse cependant pas de place à l’improvisation. Rencontre avec un maître-verrier en jupons, Maya Husseini-Ayoub. Après des études à l’ALBA, et une spécialisation en vitrail à Chartres, Maya Husseini-Ayoub crée son atelier à Mar-Takla, en 1989. En 1995, à la suite du SAD, elle l’élargit en y associant Alain Vinum, maître-verrier français de la cinquième génération. «Il est un des cinq en France à être autorisé à restaurer des monuments classés historiques» précise-t-elle. Parallèlement, elle crée avec Alexi Vinum, le fils, «Cèdre verre», une nouvelle branche entièrement consacrée à la création contemporaine à base de verre. Matériau Installé à Mar-Takla, en sous-sol, l’atelier occupe un espace envahi de plaques de verre. Au centre trône le four, sorte de double plaque montée en presse, aux larges dimensions. Au fond du local, une grande table de travail surplombée d’une mezzanine où ont lieu les colorations. «Nous utilisons deux sortes de verre: le soufflé et l’industriel» souligne Maya Husseini-Ayoub. Le soufflé est reconnaissable à sa texture granulée et à sa coloration irrégulière. «Bien que fabriqué en grande quantité, il garde la qualité d’un travail artisanal» précise-t-elle. Le verre industriel, pour sa part, doit son aspect uniforme au fait qu’il est coulé à la même épaisseur. «On le qualifie de «cru» et son prix peut être moitié moins cher que le soufflé» indique cet artisan. Quant à la provenance, «le verre soufflé vient de l’usine de St-Just, filière de St-Gobain, en France. Nous proposons une palette de 60 couleurs, alors que les fabricants offrent un choix de 450 nuances... Le verre industriel est pour sa part importé des Etats-Unis». Restaurations Les feuilles de verre étalent leurs couleurs sur des plaques de 70x100 cm, offrant un beau catalogue de nuances que le moindre rayon de soleil fait chanter... Restauration ou création, «l’Atelier du Vitrail» exécute toutes sortes de travaux. Les restaurations sont moins nombreuses, «car le vitrail n’existe au Liban que depuis le XIXe siècle». De plus, par ces temps de crise économique, elles ne sont pas à la portée de toutes les bourses. «La dernière qui m’a été commandée, portait sur les vitraux de la chapelle du Collège d’Aïntoura qui a 104 ans d’âge. Nous avons travaillé sur quelque 25 m2 de vitraux, soit plus de la moitié des vitraux de l’église». Le matériel était en piteux état. «Il y a plusieurs panneaux qu’il a fallu consolider avec de grandes bandes autocollantes afin qu’ils ne s’effritent pas», dit-elle. «Quand on a la chance d’avoir de l’ancien entre les mains, il faut réutiliser le maximum de morceaux». L’Atelier compte également à son actif des vitraux début XXe appartenant à Lady Cochrane. Et un «bijou» du XVIe. «C’est un panneau qu’une cliente a acheté aux puces en France pensant qu’il datait du XVIIIe. Quand nous avons entrepris de le rénover, Alain l’a identifié comme étant du Moyen Age»... Fabrication Le vitrail, ce sont des morceaux de verre montés en plomb. La procédure de fabrication est la même, que le vitrail soit destiné à des lieux de culte ou à la décoration d’un intérieur. Après le dessin, l’artiste-artisan exécute une maquette grandeur nature qui est reprise sur papier calque. «Ensuite le carton est découpé avec des ciseaux à calibre. Chaque morceau est numéroté. On coupe le verre en suivant les différents morceaux de carton» explique Maya Husseini-Ayoub. «A ce stade-là, les pièces portant des motifs sont peintes et mises au four. Ensuite, on procède au montage en plomb: les différents morceaux de verre sont assemblés et s’emboîtent les uns dans les autres grâce à des tiges en plomb que l’on soude. La dernière étape consiste à poser le mastic afin d’assurer la bonne étanchéité du panneau». Les dessins se font avec des pigments spéciaux, et «le verre est ensuite passé au four afin de fixer la couleur» insiste Maya. Outre la restauration, Maya Husseini-Ayoub a reçu des commandes pour des églises nouvellement construites. Notre-Dame du Mont à Adma, St-Maron de Jeïta, la chapelle de l’hôpital St-Louis à Jounieh, l’église La Santa à Gemmayzé, l’église catholique de Jouar, l’église St-Jean Baptiste de Kherbet Anafar dans la Békaa, l’église Notre-Dame du Liban à Marseille... une longue liste qui témoigne d’une expérience déjà bien rodée. Côté création en verre, les objets sont produits en exemplaire unique. Du petit cendrier, à la table de salle à manger, de la porte à la fenêtre ou au plafond, l’imagination s’en donne à cœur joie. Ce créneau, Maya Husseini-Ayoub l’exploite avec Alexi Vinum, qui expose ses sculptures dans les plus grandes salles en Europe et aux Etats-Unis et dont une des œuvres est exposée au Musée des Arts Décoratifs de Paris. Pour le Liban, ils ont créé une ligne contemporaine aux couleurs vives. «Le verre est travaillé selon la technique du thermoformage, c’est-à-dire qu’il est fondu, peint ou reformé dans le four à 850°, ou d’après le «fusing», façon qui consiste à fusionner en les superposant différentes plaques de verre d’épaisseurs et de couleurs variées». Effets garantis: les couleurs se fondent aux transparences s’offrant à la lumière en d’infinies variations. Un intérieur tout en ombres et lumières... Aline GEMAYEL
Dans un pays où le soleil inonde de ses rayons toutes les saisons, le verre offre une palette de possibilités et de nuances variées... Grâce aux nouvelles techniques, il se prête non seulement au travail traditionnel, mais à toutes sortes de fantaisies: il se laisse concasser, couler, déformer, façonner comme une vulgaire pâte à mâcher ou presque... Résultat: un assemblage...