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Actualités - ANALYSE

Le renouvellement du mandat de la FINUL : une routine de résignation...

Vingt ans, cela fait vingt ans que la Force intérimaire des Nations Unies au Liban ( FINUL) est sur la brèche, avec ses contingents panachés de cinq à six mille hommes…Vingt ans que cette petite armée de paix s’occupe à faire du social dans les villages plutôt pauvres qui se trouvent dans sa zone, alors que son ordre de mission est d’une toute autre nature: aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité jusqu’aux frontières internationalement reconnues, après avoir supervisé le retrait de l’occupant israélien. Un retrait qui aux termes de la résolution numéro 425 du Conseil de Sécurité aurait dû être aussi «immédiat» qu’«inconditionnel». Autrement dit, les Casques Bleus ont passé au Sud au moins dix-neuf ans de trop. Or, à la fin du mois en cours ils vont en prendre pour un bail supplémentaire de six mois. Ce renouvellement de mandat, devenu de pure routine, est à l’honneur des pays contributeurs et se trouve inversement à mettre au passif d’un gouvernement libanais qui se montre un peu trop résigné à l’égard d’une situation de fait accompli intolérable. Au point que l’ennemi lui-même trouve moyen d’affirmer qu’en réalité, et sous la pression syro-iranienne, Beyrouth refuse tout simplement de reprendre livraison du Sud. Accusation tendancieuse, vipérine même, car ce que le Liban rejette ce sont les conditions que les Israéliens posent pour le retrait, alors qu’ils n’y ont évidemment aucun droit. Mais il est certain que Tel-Aviv, qui a l’oreille des Américains dès que le Hezbollah est en cause, n’aurait jamais pu proférer de telles assertions si le pouvoir libanais était resté fidèle à la ligne qu’il suivait naguère, notamment du temps de Hoss, à savoir qu’il n’est pas question de fondre le cas libanais dans le dossier régional. «Or, souligne un opposant local, après Taëf on a peu à peu collé le Sud au Golan et de plus en plus confondu la 425 avec la 242, au nom de l’indéfectible alliance libano-syrienne. On a de plus laissé le cas du Sud se greffer sur le contentieux irano-américain, via le Hezbollah. Après les deux invasions de 78 et de 82, le Liban déchiré par ses guerres intérieures n’a pas pu faire grand-chose pour se défendre efficacement sur le plan diplomatique. Il a quand même réussi à préserver ses droits sur le papier et il est parfaitement compréhensible que, réduit à l’impuissance, il n’ait pas pu briser le glacis de l’occupation israélienne tacitement soutenue par les USA et de l’indifférence internationale». «Mais après 90 et le retour à la paix civile, poursuit cette source, l’Etat libanais n’avait plus aucune excuse d’incapacité forcée et devait se lancer en toute priorité dans une contre-guerre diplomatique afin de faire appliquer la 425 sans rien prendre d’autre en considération. Il ne l’a pas vraiment fait, sa diplomatie propre se retrouvant pratiquement prisonnière d’une orientation politique déterminée imprimée par les dirigeants au pouvoir au nom d’une conception des intérêts supérieurs de la nation donnant la priorité au jumelage des deux volets libanais et syrien, et non plus au Sud. Une région dont les souffrances se prolongent, ce qui de plus coûte à un pays qui tente désespérément de se redresser un prix considérable en indemnisations, via le Conseil du Sud. Le déficit budgétaire aurait été beaucoup moindre et toute la situation économique du pays aurait été nettement meilleure si le pouvoir durant ces huit dernières années était parvenu à obtenir l’application de la 425. Les émigrés sudistes maintenant chassés d’Afrique seraient revenus investir dans leur région d’origine au lieu de placer leurs fonds ailleurs. Et dans le même esprit, une fois cette plaie du Sud refermée, les investisseurs étrangers auraient eu meilleure confiance dans un Liban qu’ils évitent encore comme pays à risques… Autre avantage décisif: une fois l’Israélien parti, plus rien ne s’opposerait au dégagement de tout le territoire et toutes les forces amies, la FINUL et les autres, s’en iraient à leur tour, ce qui nous permettrait de recouvrer souveraineté et indépendance». Pour cette personnalité «il est clair qu’Israël est de mauvaise foi et il est clair que le Liban a raison d’exiger l’application de la 425 qui implique un retrait tout à fait inconditionnel de l’occupant. Mais ce n’est pas en restant les bras croisés qu’on peut y parvenir. Si les autorités libanaises ne veulent pas reprendre les pourparlers bilatéraux du Maryland, elles peuvent , elles doivent même relancer le Conseil de Sécurité de l’ONU pour le mettre en face de ses responsabilités et lui demander, à l’occasion du prochain renouvellement du mandat de la FINUL, de trouver les moyens de faire appliquer enfin la 425 dont il est l’auteur. La 426 pour sa part, édictée pour indiquer comment en pratique on pouvait appliquer la 425, prévoit dans son article huit que «dans le but de faciliter la mission de la FINUL, notamment pour ce qui a trait aux dispositions à prendre en vue d’accélérer le retrait des forces israéliennes, il peut s’avérer nécessaire de mettre au point des mécanismes avec Israël et le Liban, comme première mesure pour l’application de la résolution du Conseil de Sécurité. Les deux parties sont censées offrir dans ce cadre une totale coopération avec les forces internationales». Le Liban peut donc sans se désavouer et sans trahir son bon droit accepter de parler conditions techniques avec l’ONU pour forcer celle-ci à agir effectivement en vue d’un retrait israélien rapproché… Après quoi le prochain communiqué du Palais de Verre annonçant le renouvellement du mandat de la FINUL pourrait tout à la fois presser Israël de se retirer et rappeler que la Convention d’armistice de 1949 continue à régir les relations entre les deux pays voisins ennemis jusqu’à la conclusion d’une paix régionale», conclut cette personnalité. E.K.
Vingt ans, cela fait vingt ans que la Force intérimaire des Nations Unies au Liban ( FINUL) est sur la brèche, avec ses contingents panachés de cinq à six mille hommes…Vingt ans que cette petite armée de paix s’occupe à faire du social dans les villages plutôt pauvres qui se trouvent dans sa zone, alors que son ordre de mission est d’une toute autre nature: aider le...