A l'occasion de la semaine de prières pour l'unité des chrétiens Aboujaoudé déplore les obstacles sur le chemin de l'unité

A l’occasion de l’ouverture de la semaine de prières pour l’unité des chrétiens, qui se prolonge jusqu’à dimanche prochain, le vicaire patriarcal maronite, Mgr Roland Aboujaoudé, a notamment énuméré les obstacles qui se dressent sur le chemin de l’unité: «Accusations réciproques, divisions, (...) refus d’un dialogue ouvert et sincère, attachement aux intérêts de la communauté aux dépens du bien commun et de l’intérêt national». Le prélat maronite a pourtant relevé des points positifs tels que les leçons tirés de «la guerre fratricide» dans laquelle chrétiens et musulmans libanais «se sont malheureusement engagés». Mgr Aboujaoudé a tenu ces propos dans son homélie prononcée dimanche dernier dans l’église protestante française de Beyrouth lors d’un culte œcuménique célébré par le pasteur Robert Sarkissian, en présence notamment du comité national de dialogue islamo-chrétien. Voici de larges extraits de l’homélie: «Nous voici réunis, membres de cette paroisse avec leurs amis et invités, pour demander à Dieu le Père avec le Christ Jésus «que tous soient un» (Jn17,21). Nos frères musulmans, que «l’Eglise regarde avec estime», comme le dit le Concile Vatican II (Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes, 3), et dont la présence à ce culte nous réjouit, élèvent certes cette demande avec nous à Allah, «le Dieu Un (...) qui a parté aux hommes» (ib.) et qu’ils implorent, plus particulièrement, durant ce mois de Ramadan. «Cependant, nous réalisons tous que cette unité n’est malheureusement pas encore achevée et que pour la parfaire, nous avons besoin du secours de Dieu Lui-même, de son Esprit qui «vient en aide à notre faiblesse» (Rom.8,26). «C’est justement ce verset de saint Paul, dans son épître aux Romains, qui a été choisi comme thème général pour la Semaine de prières pour l’unité des chrétiens 1998, qui se déroule du 18 au 25 janvier (...). «L’on voit bien aussi, à travers la préparation de cette Semaine universelle de prières pour l’unité, que le choix fait et le travail accompli, aussi bien que ceux qui ont mis la main à l’œuvre et l’esprit qui les a animés, entrent dans une perspective œcuménique, pour ne pas dire que le tout a été un vrai témoignage d’œcuménisme accompagné d’une reconnaissance de notre faiblesse qui fait appel à l’Esprit pour venir à son aide. Les obstacles «Reconnaître notre faiblesse est déjà, en soi, un don de l’Esprit. Saint Jean a bien dit: «Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous faisons de Dieu un menteur et sa parole n’est pas en nous» (1Jn1,10). En tant qu’individus aussi bien qu’en tant que groupes ou communautés ou Eglises particulières: «Que de manquements à la charité, de rigidité, de contentement d’un statu quo... «Que de rechutes sur le chemin de la pleine unité, d’accusations réciproques, de divisions... «Au sein du confessionnalisme que nous vivons au Liban, combien y a-t-il parfois de fermeture, de refus d’un dialogue ouvert et sincère, d’attachement aux intérêts de la communauté aux dépens du bien commun et de l’intérêt national... «Toutefois, cela ne doit point nous empêcher de voir le positif accompli: «Que les chrétiens ont déjà parcouru du chemin vers la pleine communion, qu’ils sont devenus plus proches les uns des autres. «Que les Libanais, chrétiens aussi bien que musulmans, ont su tirer des leçons de la guerre fratricide dans laquelle ils se sont malheureusement engagés, dans les deux dernières décades, et qu’ils ont appris que seule la charité peut les sauver et l’unité peut les faire survivre et garder leur patrie commune qu’est le Liban, et que cette unité est la responsabilité de tous et de chacun. «Mais cela n’empêche que c’est le Saint-Esprit qui vient à notre secours et nous inspire afin de voir clair et de réaliser le rôle qu’il a joué en tout cela et qu’il continue à jouer dans nos vies personnelles, dans nos Eglises et nos sociétés». Et Mgr Aboujaoudé de conclure: «C’est tout un renouvellement intérieur, profond et spirituel, que nous devons demander au Saint-Esprit, afin de préparer et accueillir le don de l’unité visible et de surmonter les obstacles qui empêchent la célébration commune de l’Eucharistie. Chrétiens et Eglises, forts de la seule assistance de l’Esprit, fondés sur la vérité de la seule Parole du Christ, nous devons aussi nous engager plus fermement sur le chemin de cette unité».