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Actualités - ANALYSE

Mobilisation politique à la veille de l'ouverture du débat sur la loi de finances Le principe du compromis toujours roi de la scène politique libanaise

Avec trois petites semaines de retard s’ouvre aujourd’hui place de l’Etoile l’examen du projet de budget pour l’année comptable en cours. En vedette, si l’on peut dire, le tableau-annexe numéro neuf portant sur les tarifs des produits importés, sur la taxe mécanique, la taxe du passeport et autres fruits confits qui font les délices de M. Siniora et que le gouvernement veut faire flamber pour augmenter ses recettes afin de réduire le trou du Trésor. Une orientation fiscale ascensionnelle qui a outré nombre de représentants du peuple comme en témoignent les nombreuses prises de bec qui ont émaillé les discussions avec les ministres concernés lors de l’examen préliminaire en commissions. Les députés s’indignent qu’une fois de plus on veuille pressurer le contribuable le moins favorisé, le salarié moyen et le nécessiteux que l’imposition indirecte pénalise évidemment bien plus que le nanti. Les parlementaires entendent donc chipoter, rogner l’augmentation des taxes et le gouvernement crie à la trahison des intérêts de l’Etat voire de la nation en affirmant avec beaucoup d’aplomb que le souci social du Parlement va conduire à une aggravation dramatique des conditions de vie des Libanais via la persistance d’un taux élevé de déficit budgétaire. Autrement dit, d’après le gouvernement, en essayant d’aider les faibles à garder la tête hors de l’eau, les députés risquent de les noyer pour de bon. Une logique qui, par une délicate pudeur — il n’est jamais convenable de parler de soi —, évite toute mention à un recours fiscal éminemment rentable aux grosses fortunes qu’il s’agit «de ne pas effrayer», comme le répètent depuis six ans les gestionnaires officiels de ce pauvre pays. Et que les riches, restés sur la berge, regardent en spectateurs se débattre dans le marigot infesté de requins et autres voraces bestioles administratives ou politiciennes. En d’autres termes, et toujours selon les opposants, ce que le gouvernement oublie à part l’option de surimposition directe qui mettrait à contribution les nantis, c’est de lutter contre la corruption généralisée, la gabegie et le gaspillage qui ont été l’un des principaux facteurs de la déroute financière d’un Liban dont la dette publique a sextuplé en six ans, passant de quelque 3 à quelque 18 milliards de dollars, autant sinon plus que le produit intérieur brut (PIB)… Il reste que, comme on sait, les deux thèses en présence ont été défendues hier encore au cours des concertations préparatoires que le président Rafic Hariri, après un entretien avec le chef de l’Etat retour de Damas, a eues avec le président Nabih Berry. Comme toujours jusqu’en dernière minute, c’est la recherche du compromis qui prévaut, ce qui est absolument normal du reste dans un pays aussi composite que le Liban. Le hic c’est que les passes d’armes entre le chef du Législatif et le président du Conseil viennent encore une fois consacrer le système anticonstitutionnel dit de la troïka, qui permet aux dirigeants de prendre la place des institutions et de décider carrément à leur place, sans que personne ne bronche vraiment, si l’on excepte quelques rares «têtes brûlées» de l’opposition radicale. Ce qui est d’autant plus déplorable que, de l’avis de la quasi-totalité des spécialistes, bien au-delà du thème budgétaire, les tiraillements entre responsables se situent dans la perspective de la lutte féroce d’influence qui s’articule autour des prochaines présidentielles où chacun d’eux veut sinon gagner — but improbable dans la mesure où la vraie décision appartient aux parties étrangères — du moins damer le pion à l’autre. En attendant les résultats de ce nouveau round, dans trois jours, c’est encore le contribuable qui casque: les Finances, fine mouche, ont enjoint aux administrations, dont le service mécanique et le service des passeports, de bloquer leurs guichets de perception en attendant la nouvelle tarification qui devrait être plus juteuse pour l’Etat. Une arnaque véritable qui jusqu’à hier n’avait fait l’objet d’aucune plainte devant le Conseil d’Etat. Et non plus, ce qui est plus troublant, d’aucune protestation officielle des soi-disant représentants du peuple. Ph.A-A.
Avec trois petites semaines de retard s’ouvre aujourd’hui place de l’Etoile l’examen du projet de budget pour l’année comptable en cours. En vedette, si l’on peut dire, le tableau-annexe numéro neuf portant sur les tarifs des produits importés, sur la taxe mécanique, la taxe du passeport et autres fruits confits qui font les délices de M. Siniora et que le gouvernement...