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Actualités - CHRONOLOGIE

Eltsine contesté par Tchernomyrdine (photo)

Le président russe Boris Eltsine a voulu réaffirmer son autorité hier après deux semaines d’absence, en sermonnant ses ministres convoqués au Kremlin, mais il s’est heurté à la résistance inattendue du premier ministre Viktor Tchernomyrdine. M. Tchernomyrdine a contesté le bien-fondé des critiques que lui adressait M. Eltsine sur sa politique sociale, rompant le rituel selon lequel les ministres encaissent sans broncher, les remontrances présidentielles. Devant les caméras de télévision, Boris Eltsine a reproché à son premier ministre de «n’avoir pas réussi l’an dernier à remplir les obligations» consistant à verser d’ici le 1er janvier 1998 tous les arriérés de salaires dus aux employés du secteur public. «Comment ça, Boris Nicolaïevitch (Eltsine)!», a alors répondu M. Tchernomyrdine, avant d’argumenter: «Nous avons tout versé conformément à nos obligations, et même 3.000 milliards de roubles en plus, tout ce qui était prévu, pour le paiement des dettes, nous avons tout versé». La repartie de M. Tchernomyrdine a d’abord été diffusée par les télévisions hier matin, avant de disparaître des journaux télévisés de l’après-midi. L’incident indique que Viktor Tchernomyrdine, chef de gouvernement d’une fidélité jusqu’à présent sans faille envers Boris Eltsine, a gagné une autonomie sans précédent pendant la récente absence prolongée du président russe, estiment les analystes . Boris Eltsine, 66 ans, est revenu hier au Kremlin après deux semaines de vacances et de quasi-isolement dans une résidence de campagne à 300 km de Moscou. Ces vacances suivaient deux semaines d’hospitalisation, officiellement pour un «refroidissement», et M. Eltsine a été au total quasiment absent des affaires publiques depuis le 10 décembre dernier. «La situation a changé de façon significative depuis l’absence de Boris Eltsine: c’est la première fois que Viktor Tchernomyrdine proteste ouvertement contre le président et lui dit qu’il ne se rend pas tout à fait compte de la situation» dans le pays, relèvé Nikolaï Petrov, de la fondation Carnegie. «Boris Eltsine va devoir entreprendre quelque chose pour contrebalancer quelque peu l’influence du premier ministre», estime cet analyste. Premier ministre depuis décembre 1992, mais jusqu’à présent toujours dans l’ombre de M. Eltsine, M. Tchernomyrdine, 59 ans, a marqué beaucoup de points pendant l’absence présidentielle. La Tchétchénie Ce candidat présumé à la succession de Boris Eltsine a réduit l’influence de ses turbulents adjoints réformateurs Boris Nemtsov et Anatoli Tchoubaïs, il a conforté ses bonnes relations avec la Douma (Chambre basse), et il a gagné une autonomie inédite avec l’adoption d’une récente loi sur le gouvernement. Le président russe peut prendre d’autant plus ombrage de l’assurance de son premier ministre que lui-même a peiné à effectuer sa rentrée politique lundi. La télévision privée NTV a relevé les propos «très contradictoires» qu’il a tenus sur la Tchétchénie. M. Eltsine s’est dit «proche» de la position musclée de son ministre de l’Intérieur, Anatoli Koulikov, tout en reprochant à ce dernier «de donner l’impression de vouloir faire la guerre» contre la république sécessionniste. Le porte-parole du Kremlin Sergueï Iastrjembski a pour sa part dû intervenir à la télévision pour interpréter — et en fait nuancer — les critiques présidentielles sur la politique sociale du gouvernement. C’est la première fois que M. Iastrjembski devait se livrer à un tel exercice en matière de politique intérieure, même s’il a multiplié récemment de telles «interprétations» sur la scène internationale, à la suite d’une série de bourdes du président. Boris Eltsine avait notamment annoncé début décembre en Suède une réduction unilatérale d’un tiers de l’arsenal nucléaire russe, ensuite rapidement démentie. Ces égarements, ainsi que la récente absence de M. Eltsine, ont relancé les doutes sur l’état de santé et les capacités intellectuelles du président russe, opéré d’un quintuple pontage coronarien en novembre 1996. (AFP, Reuters)
Le président russe Boris Eltsine a voulu réaffirmer son autorité hier après deux semaines d’absence, en sermonnant ses ministres convoqués au Kremlin, mais il s’est heurté à la résistance inattendue du premier ministre Viktor Tchernomyrdine. M. Tchernomyrdine a contesté le bien-fondé des critiques que lui adressait M. Eltsine sur sa politique sociale, rompant le rituel...