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Actualités - ANALYSE

Spéculations sur les objectifs des attaques haririennes

Si les cibles des attaques que le président du Conseil M. Rafic Hariri distribue généreusement ces derniers jours sont connues, ses objectifs réels le sont beaucoup moins. Et intriguent même ses ministres, notamment les contestataires connus qui, comme les députés cités ici hier, s’en «étonnent fortement», sur le mode réprobateur bien évidemment… Mais l’un de ces frondeurs gouvernementaux indique dans ses assises privées qu’il ne partage pas du tout «le point de vue de nos amis parlementaires selon lesquels ces éruptions volcaniques ont pour but final de permettre à M. Hariri de faire une sortie de scène tout à fait digne, c’est-à-dire de rendre son tablier en faisant assumer à l’opposition la responsabilité de l’impasse et de la crise socio-économique. A mon humble avis, précise ce ministre, si M. Hariri cherche à précipiter quelque chose ce n’est pas le départ du Cabinet mais celui du président Elias Hraoui. Il s’agirait en effet d’envenimer le climat politique au point que les décideurs, qui veulent maintenir le statu quo jusqu’à la date normale de l’expiration du mandat présidentiel dans dix longs mois, se résignent à accepter comme soupape de dégagement des présidentielles anticipées intervenant au printemps, en lieu et place des municipales». «Cela dit, ajoute cet observateur bien placé, on peut noter que M. Hariri qui affirmait il y a quelque temps que tout ici, même le dossier économique, est politisé à dessein — à dessein de lui nuire plus précisément —, n’est pas en reste puisque dans ses diatribes vespérales contre l’opposition il ne développe que des thèmes et ne déploie que des tactiques politiciennes… Il tente donc de battre ses détracteurs sur leur propre terrain. Dans les iftars il lui est facile de marquer des points puisqu’il n’y trouve pas de contradicteurs; mais la semaine prochaine, à la Chambre, lorsque s’ouvrira le débat sur le budget, ce sera une autre paire de manches et M. Hariri risque d’y perdre des plumes…» On voit de quelle délicate sollicitude ce membre du Cabinet entoure son chef et combien il s’inquiète de son proche avenir oratoire face aux tribuns déchaînés de la place de l’Etoile… Dans la même logique, le ministre soupire: «Est-il bien raisonnable de lancer tant de cailloux sur nos contempteurs quand notre propre demeure est en verre?… Qui sème le vent récolte la tempête: par sa présente agressivité à l’encontre d’opposants qui sont aussi députés, M. Hariri risque d’indisposer le Parlement dans son ensemble, juste au moment où cette institution s’apprête à exercer son rôle de contrôleur aux comptes à travers l’examen du projet de budget 98. De plus, relève ce stratège, il semble tout à fait malhabile de chercher une diversion au souci économique par l’exacerbation de la tension interne quand tout le débat politique est justement appelé à s’articuler autour du dossier budgétaire qui est l’un des pivots majeurs de la situation économique locale. M. Hariri jette par avance de l’huile sur le feu… Où veut-il en venir au juste?», se redemande cette personnalité pour répéter son autoréponse, à savoir que «l’objectif est d’amener les Libanais à penser que le seul espoir de sortir du marasme est de mettre en place rapidement un nouveau régime, prometteur d’un changement qui serait naturellement positif puisque cela ne peut pas aller plus mal. Du côté de l’opinion publique, le stratagème a ses chances car elle aspire de toute évidence au changement encore que la majorité n’est pas loin de penser que le coup de balai devrait englober tout le système et tous ses gens. Mais c’est du côté des décideurs que se pose la question: vont-ils se laisser «attendrir» et accepter de marcher dans la combine haririenne, alors qu’il y a quelques semaines encore ils rappelaient à l’ordre ceux qui, à l’image du président du Conseil, parlaient déjà des présidentielles en soulignant que c’était bien trop prématuré et que M. Hraoui resterait en place jusqu’au bout?…» Autre chose: même sur le plan strictement local, parler d’élections anticipées c’est sans nul doute encourager le président Elias Hraoui à relancer avec force sa campagne — explosive à plus d’un égard — pour les réformes constitutionnelles, en s’appuyant sur la rue chrétienne... Ph.A-A.
Si les cibles des attaques que le président du Conseil M. Rafic Hariri distribue généreusement ces derniers jours sont connues, ses objectifs réels le sont beaucoup moins. Et intriguent même ses ministres, notamment les contestataires connus qui, comme les députés cités ici hier, s’en «étonnent fortement», sur le mode réprobateur bien évidemment… Mais l’un de ces...