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Actualités - REPORTAGE

Le ballet de chambre de Prague au TDB Un tourbillon éloquent, une explosion de sentiments (photos)

Le Ballet de chambre de Prague est de retour sur les planches du Théâtre de Beyrouth, où il s’est produit il y a un an, pour un nouveau spectacle en quatre temps. Prière et quête d’identité, mort, amour de la patrie, solitude... autant de thèmes développés, par une troupe harmonieuse, sur des musiques et dans des styles très diversifiés. Les huit danseurs et danseuses sont étonnamment souples, expressifs, captivants. Scène tapissée de noir, chorégraphie originale de Petr Zuska et musique chargée d’émotion («Spiritual Quintet») pour le premier «acte». Voix chaude, tour à tour féminine puis masculine; airs aux accents sacrés ou folk; chœurs en écho... Sur une lumière variant du blanc cru au rouge feu, six danseurs (trois hommes et trois femmes) aux costumes couleur sable décrivent l’être face à lui-même, à la recherche de son identité, d’un sens à sa vie. Le rythme s’accélère puis ralentit, les tableaux s’enchaînent, les artistes évoluent dans une suite ininterrompue de mouvements frais, bien synchronisés, allant de l’arabesque à la culbute. Pirouettes, sauts, sursauts saccadés de marionnettes, exercices de contorsionnistes, série de mouvements répétitifs comme des jeux d’enfants ou rigidité à la Charlie Chaplin... Les danseurs au souffle incroyable ne sont plus que jeunesse, fraîcheur, violence, exaltation. Entre moderne et classique, une multitude de séquences interrompues de moments muets où on n’entend plus que le glissement des chaussons, le froufrou du tissu, le choc mat d’un corps qui retombe sur ses pieds... La mort Du Mahler, ensuite, pour «Le jeune homme et la mort», un merveilleux duo qui «oppose» Petr Kolar à Lubor Kvacek, sur une chorégraphie signée Libor Vaculik. Le jeune homme tente de connaître la mort pour pouvoir l’apprivoiser. Il s’en approche, la fuit, la défie, l’amadoue, la trompe, la hait, la désire, l’accepte, se révolte, la rejette. Une danse en noir et blanc, qui dure toute une vie. Puis la terreur, le face-à-face, le combat: les corps semblent par moments se désarticuler; l’effort devient visible. La musique s’arrête, on n’entend plus que le halètement de deux corps essouflés. Le jeune homme sait qu’il ne peut se permettre de baisser les bras. Il se battra jusqu’au bout. Un deuxième acte époustouflant de maîtrise, plein de force et de sensualité. Troisième thème: la patrie. Dans «Chants du soir» de Jiri Kylian, le chorégraphe dit son attachement et son amour pour son pays, sur une musique d’Anton Dvorak, aux accents patriotiques. Trois femmes et trois hommes se donnent la réplique, dans une chorégraphie qui s’inspire du folklore tchèque et slovaque. L’unité, la solidarité, la fidélité, la reconnaissance... Les robes couleur terre virevoltent, les danseurs marquent la cadence du pied, tapent dans leurs mains. On assiste à tout un rituel, un hymne à la terre généreuse qui nourrit son peuple, avec un finale sur des paumes qui se tendent pour recueillir de l’eau. La terre qui fait vivre et pour laquelle les hommes donneraient leur vie. Solitude Et pour finir, un hommage à Jacques Brel sur le thème de la solitude, intitulé «Seul». La chorégraphie, riche en idées, est de Petr Zuska et s’appuie en effet sur des chansons de Brel, retraçant les moments forts de la vie du chanteur. Micro, rond de lumière, chanteur en costard, costumes et accessoires. On a l’impression d’assister à un spectacle de music-hall. Un spectacle dans le spectacle en fait, puisque les danseurs sont à la fois acteurs et spectateurs. «Mon enfance», «La ville s’endormait», «Paris», «Quand on n’a que l’amour», «Ne me quitte pas», «Ami, remplis mon verre», «On n’oublie rien», «Aux Marquises»... Un parcours qui commence et se termine avec la chanson «Seul» dont les couplets servent d’ailleurs de fil conducteur à tout ce dernier acte, séparant une chanson d’une autre. Là encore, le public a pu applaudir la performance de la troupe qui a exécuté avec brio ces «numéros» souvent très proches du mime et des variétés. Le Ballet de chambre de Prague présentera son spectacle au Théâtre de Beyrouth, Aïn Mreissé, jusqu’au 16 janvier. Une valse folle, à quatre temps, à ne pas rater. Natacha SIKIAS
Le Ballet de chambre de Prague est de retour sur les planches du Théâtre de Beyrouth, où il s’est produit il y a un an, pour un nouveau spectacle en quatre temps. Prière et quête d’identité, mort, amour de la patrie, solitude... autant de thèmes développés, par une troupe harmonieuse, sur des musiques et dans des styles très diversifiés. Les huit danseurs et danseuses...