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Actualités - CHRONOLOGIE

MEA : l'assemblée générale doit élire aujourd'hui un nouveau conseil d'administration Mohammad Hout, nouveau PDG de la compagnie ?

Aujourd’hui, la MEA aura, en principe, un nouveau conseil d’administration de 7 membres au plus et un nouveau PDG. L’assemblée générale de la compagnie, essentiellement formée de la Banque centrale qui détient 97,3% des actions, doit se réunir à 11h pour procéder à cette élection, qui est en fait une désignation, puisque le mot d’ordre est généralement glissé avant le début de la réunion. Cette fois encore, comme les précédentes, il est le fruit d’âpres négociations entre les divers pôles politiques, notamment entre MM. Berry et Hariri qui ont fini par s’entendre sur un partage plus ou moins équitable des parts au sein du conseil d’administration. Les ultimes pourparlers portaient en effet sur le nom du PDG sunnite et sur la participation chiite au nouveau conseil d’administration. Pourtant, après la crise dite de la MEA — qui avait poussé la Banque centrale à envoyer une note d’information au Parquet réclamant l’ouverture d’une enquête judiciaire sur un contrat signé par le PDG de la compagnie, M. Khaled Salam, avec la Singapore Airlines — le gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé, avait espéré pouvoir modifier la règle de ce jeu archaïque et peu productif pour la compagnie (comme d’ailleurs pour la vie politique en général). Pour M. Salamé, c’est clair, la Banque centrale ne peut continuer à combler le déficit de la compagnie d’aviation (l’an dernier, il était de 50 millions de dollars) et pour que celle-ci devienne rentable, il faut la doter d’un conseil d’administration non politisé, efficace et formé de techniciens. M. Salamé a même mis au point une formule de conseil d’administration réduit, formé de 6 personnes (au lieu de 12 en principe et 11 en réalité) sans compter la participation de l’ancien PDG d’Air France, M. Christian Blanc, qui y figurerait en tant que consultant, avec pratiquement les pouvoirs de directeur général. M. Salamé pensait qu’après avoir réussi à obtenir de la Singapore Airlines une renégociation du contrat jugé défavorable à la MEA, il serait en mesure d’imposer son point de vue aux responsables qui déclarent d’ailleurs officiellement vouloir l’intérêt de la MEA et son renforcement. Mais il a bien vite déchanté. M. Salamé avait mis à profit la pause des fêtes et de l’enquête judiciaire — que le procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, refuse de clore, en dépit du retrait de la note d’information présentée par la Banque centrale — pour gagner les responsables à sa cause. Au début, ils lui ont tous donné leur accord. Mais lorsqu’il s’est agi d’entrer dans le détail des noms des futurs membres du conseil d’administration, les problèmes ont commencé. «S’il y a une seule nomination politique, je voudrais aussi ma part», aurait déclaré le président de la Chambre, alors que le chef de l’Etat aurait insisté pour qu’un de ses proches continue à être membre du conseil d’administration. Quant au président du Conseil, il aurait certes ses candidats, mais il sait aussi que les noms avancés par M. Salamé ne peuvent que lui convenir. Réunions et contacts divers se sont multipliés au cours des derniers jours, en vain. Le gouverneur de la Banque centrale a même été jusqu’à menacer les autorités de mettre en vente les actions que possède l’institution qu’il dirige, au cas où sa formule serait rejetée. Mais tard en soirée, hier, l’accord final n’avait pas été officiellement annoncé. Et les 11 membres du conseil d’administration actuel ne connaîtront le scénario définitif que ce matin, en arrivant à la réunion de l’assemblée générale. Six d’entre eux avaient présenté leur démission au gouverneur de la Banque centrale, afin de faciliter la convocation de l’assemblée générale, moyennant un quitus «verbal» du gouverneur. Il reste donc encore 5 membres: le représentant d’Air France, M. Jean- Pierre Hosse, le PDG par intérim, M. Khattar Hadathi (dont le mandat s’achève le 10 janvier), le directeur général, M. Youssef Lahoud, M. Hussein Kanaan (proche du président de la Chambre) et le PDG contesté, M. Khaled Salam. Or, selon les statuts internes de la compagnie, tant que le conseil d’administration groupe quatre membres, il est encore fonctionnel. Autrement dit, pour qu’un nouveau puisse être élu, il faut qu’au moins deux des 5 membres restants présentent leur démission. Ils pourraient le faire au début de la réunion de l’assemblée générale et celle-ci élira alors le nouveau conseil. Mais si les parties concernées ne sont pas parvenues à un accord, l’actuel conseil d’administration pourrait continuer à fonctionner, avec les 5 membres, jusqu’à ce que les responsables puissent trouver un terrain d’entente, à condition toutefois que le PDG Khaled Salam prolonge le mandat qu’il a donné à M. Hadathi. Ce qui est loin d’être évident. Si cette formule a le mérite d’assurer la continuité au sein de la MEA, elle porte toutefois un grand coup à la crédibilité de la compagnie et de son principal actionnaire. D’ailleurs, les sources proches de la Banque centrale l’excluent totalement. Elles estiment que l’assemblée générale, qui doit se réunir ce matin, ne peut qu’élire un nouveau conseil d’administration pour plusieurs raisons: d’abord, le mandat du PDG par intérim expire samedi 10 janvier. Ensuite, le contrat renégocié par les avocats de la Banque centrale, Michel Jean Tuéni à Londres et Chawki Kazan à Beyrouth, doit être ratifié par le conseil d’administration de la MEA, sinon la Singapore Airlines pourrait en profiter pour le contester et revenir à l’ancien contrat. Enfin, M. Christian Blanc — qui a déjà effectué une première visite à Beyrouth entre Noël et le Nouvel An — est attendu au Liban lundi et il devrait en principe occuper ses nouvelles fonctions au sein du conseil d’administration et commencer son opération de sauvetage par une restructuration de la compagnie libanaise en difficulté. Comment pourrait-on, après avoir sollicité cet important personnage très populaire en France — qui avait réussi à sauver Air France et à en faire une compagnie rentable avant d’en démissionner avec fracas, pour cause de conflit avec le premier ministre socialiste — lui dire qu’il n’a pas été possible d’élire un nouveau conseil d’administration pour cause de conflits d’intérêts entre politiciens? Les sources proches de la Banque centrale se veulent donc optimistes. Et si les contacts entrepris hier, par M. Riad Salamé, avec les divers responsables se sont prolongés tard en soirée, ils auraient finalement été couronnés par un accord. La MEA devrait donc avoir aujourd’hui un nouveau conseil d’administration, dans lequel aucun des membres de l’actuel conseil ne siégera. Bien que nul ne souhaite entrer dans les détails, certains noms reviennent souvent dans les milieux concernés par la compagnie. Il a ainsi d’abord été question de M. Assaad Nasr, ancien PDG de la compagnie, venu spécialement de Londres parce qu’on l’aurait sollicité pour occuper le poste de PDG. Mais pour des raisons politiques, l’idée aurait finalement été abandonnée, les responsables préférant que le PDG continue à être sunnite. Le nom de M. Ghazi Koraytem, ancien directeur de la T.M.A. et actuel responsable d’une fabrique de verre, aurait été alors choisi, avant d’être finalement écarté, au cours d’une tardive réunion entre MM. Berry et Hariri, dans la soirée d’hier. Les deux hommes se seraient, dit-on, entendus sur la candidature de M. Mohammad Hout. Ce qui est sûr, en tout cas, c’est que le PDG sera sunnite. D’autres noms sont aussi avancés, comme membres du futur conseil d’administration. Il s’agit notamment de M. Chartouni (maronite), Me Michel Tuéni, actuel avocat de la Banque centrale qui a renégocié le contrat avec la Singapore Airlines à Londres, M. Marwan Salha, fils de Négib Salha, M. Waël Hamdane (chiite, expert économique), M. Nemr Diab (membre du RDCL) et bien sûr M. Christian Blanc. Mais il reste encore de nombreuses inconnues et le suspense ne sera dissipé que ce matin, à la réunion de l’assemblée générale de la MEA. Si, donc, comme prévu, la MEA sera dotée dès aujourd’hui d’un nouveau conseil d’administration, cela devrait donner une nouvelle tournure à l’enquête judiciaire menée par le chef de la brigade criminelle, le général Béchara Salem, sous la supervision du procureur Addoum. Le général a d’ailleurs convoqué l’actuel PDG, M.Khaled Salam, et son fils, ainsi que M. Youssef Lahoud, l’actuel directeur général et le responsable de la comptabilité au sein de la compagnie, pour de nouvelles auditions. D’une façon ou d’une autre, l’affaire se dirige donc vers son dénouement. Pourvu qu’il réponde à l’attente des Libanais, qui n’en finissent plus d’encaisser les déceptions, tant les crises semblent tourner court, ces temps-ci. Scarlett HADDAD
Aujourd’hui, la MEA aura, en principe, un nouveau conseil d’administration de 7 membres au plus et un nouveau PDG. L’assemblée générale de la compagnie, essentiellement formée de la Banque centrale qui détient 97,3% des actions, doit se réunir à 11h pour procéder à cette élection, qui est en fait une désignation, puisque le mot d’ordre est généralement glissé...