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Actualités - CHRONOLOGIE

Le conseil des ministres accord le monopole des émissions par satellite à Télé-Liban

Quarante-huit heures après l’émission consacrée à Najah Wakim sur la LBC, qui a relancé le débat sur la liberté des médias, le Conseil des ministres a décidé, hier, de fermer l’espace devant les télévisions privées libanaises en retirant les licences octroyées à la LBCI et à la FTV pour rediffuser une partie de leurs bulletins et programmes politiques par satellite à destination des pays arabes. Le monopole des émissions par satellite a été accordé à Télé-Liban, qui ne pourra pas disposer toutefois des moyens techniques pour le faire avant plusieurs mois. Le gouvernement a en outre décidé de former une commission ministérielle chargée de «réévaluer la situation de l’audiovisuel au Liban et de rédiger un rapport détaillé qui sera soumis au Conseil des ministres d’ici deux mois». D’un autre côté, l’Exécutif a jeté du lest concernant les émissions politiques destinées au public libanais, en affirmant que les télévisions locales pouvaient sans problème accueillir sur leurs plateaux le général Michel Aoun. La réunion du Conseil des ministres qui devait se tenir au sérail de Sanayeh a finalement eu lieu à Baabda en raison de l’importance des sujets inscrits à l’ordre du jour. Les ministres Walid Joumblatt, Bahige Tabbarah et Hagop Démerdjian étaient absents. La réunion a été précédée par plusieurs rencontres matinales. A 8h, M. Hraoui a reçu, pendant trente minutes, le président Hariri avant de s’entretenir longuement vers 9h30 avec le ministre de la Santé, M. Sleimane Frangié, qui est actionnaire de la LBC. Vers 11h, M. Hariri, accompagné de plusieurs ministres, est revenu à Baabda. La réunion du Conseil a commencé quelques minutes plus tard et s’est poursuivie jusqu’à 13h30. Les relations extérieures Le ministre de l’Information, M. Bassem el- Sabeh, a précisé que M. Hraoui a réaffirmé, en début de réunion, «l’attachement des Libanais aux libertés et à la démocratie ce qui ne nous empêche pas de soulever certains agissements qui portent atteinte au Liban, à son image et à son rôle». M. Sabeh a ensuite exposé aux membres du gouvernement «les aspects négatifs des agissements des médias audiovisuels qui nuisent aux relations extérieures du Liban et à ses intérêts supérieurs politiques et économiques avec les Etats frères et amis et portent atteinte aux relations des émigrés libanais avec leur mère-patrie». Selon M. Sabeh, le Conseil a pris les décisions suivantes: — Former une commission ministérielle comprenant MM. Michel Murr, Bahige Tabbarah, Mohsen Dalloul, Sleimane Frangié, Chaouki Fakhoury, Elias Hobeika, Assaad Hardane, Mahmoud Abou Hamdane, Nicolas Fattouche, Akram Chéhayeb et Bassem el-Sabeh. Cette commission a pour tâche de réévaluer la situation du secteur audiovisuel et de soumettre, dans un délai de deux mois, un rapport au Conseil des ministres. — Charger le ministre de l’Information de prendre les mesures susceptibles de permettre à Télé-Liban de diffuser une partie de ses émissions par satellite. Parmi ces mesures, figure la préparation d’un bulletin d’information destiné aux pays arabes et qui refléterait toutes les tendances politiques présentes au Liban. Les télévisions privées pourraient éventuellement rediffuser ce bulletin d’information. — Suspendre immédiatement la décision du Conseil des ministres numéro 13 du 11/12/1996, autorisant la LBCI et la FTV à diffuser par satellite des bulletins d’information et des programmes politiques. — Les propriétaires des médias audiovisuels privés seront responsables de toute tentative visant à contourner la décision du Conseil des ministres. — Réactiver le Conseil national de l’audiovisuel (CNA) afin de lui permettre de remplir son rôle et d’assumer ses responsabilités conformément à la loi 382/94 (la loi sur l’audiovisuel). — Demander au ministère de l’Information de préparer les cahiers des charges relatifs à la loi de diffusion par satellite en collaboration avec le CNA. Pas de contraintes M. Sabeh a indiqué qu’il y avait une séparation totale entre les émissions destinées à être rediffusées par satellite et celles qui sont destinées au public libanais. «Il y a des problèmes qui ont été provoqués ces derniers temps par les médias qui ne diffusent pas par satellite, a-t-il dit. Cependant, nous estimons que cela fait désormais partie du passé. Les médias qui diffusent des programmes politiques sont libres et ne subissent aucune contrainte. Ils sont totalement libres. J’assume la responsabilité de ce que je dis et les médias peuvent se comporter en conséquence». En réponse à une question, M. Sabeh a précisé qu’il n y a pas d’inconvénients à ce qu’une télévision invite sur son plateau le général Michel Aoun «ou n’importe quelle autre personne». Il s’agit d’un revirement total, vu que le ministère de l’Information avait interdit il y a trois semaines la diffusion d’une émission à laquelle le général Aoun était invité, provoquant une vague de manifestations estudiantines. «Toutes les forces politiques ont le droit d’exprimer à travers les médias audiovisuels leurs idées et leurs opinions. Nous avons un espace de liberté très étendu. Un des plus grands au monde pour ne pas dire le plus grand», a dit le ministre. M. Sabeh a par ailleurs indiqué que toute tentative de la part de télévisions privées de diffuser des émissions politiques à destination du monde arabe à partir d’un pays autre que le Liban sera sanctionnée. «C’est ce que nous appelons contourner la loi», a ajouté le ministre. La reconstruction de Kfarfalous M. Sabeh a encore dit qu’une commission a été formée il y a trois jours dans le but d’examiner en profondeur la situation de Télé-Liban. Cet organe, comprenant des fonctionnaires du ministère et des représentants de la télévision étatique, doit soumettre son rapport au Conseil des ministres dans un délai de deux mois. Après le dossier de l’audiovisuel, le Conseil est passé à l’examen de son ordre du jour. Il a notamment décidé de réduire de 20% le nombre de contrats conclus entre le ministère de la Santé et les hôpitaux privés dans le cadre de la politique d’austérité. Le gouvernement a par ailleurs demandé au Conseil du Sud d’apporter une aide aux habitants de la localité de Kfarfalous (caza de Jezzine) afin qu’ils puissent reconstruire leurs demeures et regagner leur village. Il a enfin décidé de remplacer le bureau exécutif du Plan vert par un office autonome dont les statuts seront préparés ultérieurement.
Quarante-huit heures après l’émission consacrée à Najah Wakim sur la LBC, qui a relancé le débat sur la liberté des médias, le Conseil des ministres a décidé, hier, de fermer l’espace devant les télévisions privées libanaises en retirant les licences octroyées à la LBCI et à la FTV pour rediffuser une partie de leurs bulletins et programmes politiques par satellite...