Une première depuis la révolution islamique Khatami lance un appel au dialogue avec les Etats-Unis (photo)

Le président iranien Mohammad Khatami a lancé un appel au dialogue avec les Etats-Unis, dans une interview qui a été diffusée hier soir par la chaîne américaine CNN. «Rien ne devrait empêcher le dialogue et la compréhension entre nos deux pays», déclare le président iranien dans cette interview exclusive. Il a ajouté par ailleurs qu’il ne voyait pas pour l’instant l’utilité d’établir des relations entre son pays et les Etats-Unis. Il a aussi exprimé son respect pour le peuple américain. Cependant, il a estimé que les autorités américaines devraient s’excuser auprès de leurs concitoyens pour leur politique étrangère qui selon lui aliène les pays du tiers-monde. CNN a publié des extraits de l’interview, enregistrée mardi, sur son site Internet dès mercredi après-midi. C’est la première fois qu’un dirigeant iranien s’adresse au peuple américain depuis la révolution islamique de 1979. De son côté, la Maison-Blanche a annoncé qu’elle accueillerait favorablement une offre de dialogue de la part du gouvernement de Téhéran. Le porte-parole du président Bill Clinton, Michael McCurry, a cependant souligné qu’un tel dialogue devrait être «clairement autorisé par le gouvernement de l’Iran» — une référence apparente à l’affrontement à ce sujet de deux tendances au sein du régime de Téhéran — et «transparent». Il a aussi souligné que les Etats-Unis avaient déjà fait savoir quelles questions ils mettraient «d’abord et avant tout» à l’ordre du jour d’un tel dialogue entre les deux pays s’il venait à se produire. Dans une conférence de presse le mois dernier, M. Clinton avait rappelé les trois griefs de longue date de Washington à l’encontre de Téhéran: son rôle présumé dans le terrorisme international, son opposition au processus de paix au Proche-Orient et sa volonté — niée par l’Iran — de se doter de l’arme nucléaire. Par ailleurs, la Maison-Blanche a admis mercredi que les sanctions économiques américaines contre l’Iran n’empêcheraient pas les partenaires des Etats-Unis, notamment les Européens, de continuer à investir dans ce pays, mais les a justifiées par des «raisons de principe» «J’en doute fortement», a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Michael McCurry, comme on lui demandait si les Etats-Unis, qui maintiennent un embargo économique total contre le régime de Téhéran, pensaient pouvoir arrêter les investissements étrangers en Iran. M. McCurry a réitéré que la possibilité d’imposer des sanctions contre l’entreprise pétrolière française Total, en raison de la signature l’an dernier avec Téhéran d’un contrat de deux milliards de dollars pour le développement de gisements de gaz offshore en Iran, était «toujours à l’étude». «La plupart des pays européens ont clairement dit qu’ils allaient maintenir leurs liens commerciaux avec le gouvernement iranien, mais nous avons dit tout aussi clairement pourquoi, pour des raisons de principe, nous pensons que note politique est la bonne», a-t-il déclaré. Interrogé sur le point de savoir si Washington pensait que sa politique d’isolement de l’Iran justifiait son coût sur le plan diplomatique, il a estimé que «cela vaut la peine de s’opposer au terrorisme, aux armes de destruction massive et à ceux» qui sont contre le processus de paix au Proche-Orient. (AFP, Reuters)