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Actualités - ANALYSE

Pour la 425 comme pour la 242, Israël veut jouer sur les mots..

A Beyrouth, on se concentre beaucoup actuellement sur les récentes déclarations israéliennes acceptant la 425. On sait en effet qu’après son ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï, Benjamin Netanyahu a confirmé en Conseil des ministres qu’Israël «est prêt à accepter la résolution 425». Mais il a précisé que ce serait «à condition qu’il soit possible d’arriver à un accord avec le Liban qui assurerait la mise en place des mécanismes de sécurité» exigés par l’Etat hébreu. De ce fait, les autorités libanaises considèrent que Tel-Aviv fait seulement semblant de souscrire à la 425 qui en réalité précise formellement que le retrait israélien devrait être aussi inconditionnel qu’immédiat… Du reste Ouri Lubrani, «coordonnateur des activités israéliennes» au Liban et principal négociateur à Washington avec la partie libanaise, ne s’y trompe pas: «Il est douteux, écrit-il dans un article paru dans le Yediot Aharonot, que la Syrie et le Liban acceptent l’interprétation israélienne de la 425». Et à ce sujet, il laisse entendre que l’application de cette résolution de l’ONU «contre laquelle il n’y a pas d’objection» suppose qu’il faut instrumenter un accord «garantissant la paix et la sécurité entre les deux Etats» frontaliers. Donc comme pour la 242, où il croyait lire une injonction à se retirer «de» (certains) territoires arabes et non de la totalité «des» territoires envahis en 1967, Israël se saisit de la 425 pour en interpréter les termes à sa convenance, alors même qu’ils sont très clairs et ne prêtent le flanc à aucune casuistique. Netanyahu a ainsi souligné qu’il n’y aura pas de «retrait unilatéral», c’est-à-dire sans arrangements de sécurité… ou autres, car Tel-Aviv exige aussi des assurances pour le devenir des hommes de Lahd et des collaborateurs libanais. Sans compter des arrière-pensées, constamment dénoncées par Raymond Eddé, concernant les richesses hydrauliques de ce pays… Détournement Israël pose donc des conditions, au mépris du droit international et de la souveraineté libanaise. Netanyahu et Mordehaï soutiennent qu’autrement un retrait de leurs troupes ne mettrait pas fin aux «opérations terroristes» contre la Galilée ou contre le cœur même de l’Etat hébreu à partir du territoire libanais. Ils prétendent se référer à des déclarations de personnalités libanaises mais aussi syriennes selon lesquelles en cas de retrait israélien les autorités de Beyrouth ne pourraient garantir la sécurité d’Israël. Ajoutant que le Liban en serait incapable sans une autorisation préalable de la Syrie… D’autant, disent-ils encore, que le Hezbollah laisse entendre que la Galilée constitue le nord de la Palestine et qu’il poursuivra ses opérations pour la libérer… Mordehaï s’inquiète également pour l’ALS «dont les membres se trouveraient exposés à la menace du Hezbollah, alors qu’avec la population du Sud ils entretiennent depuis vingt ans de bons rapports avec nous». Puis le ministre israélien, au-delà de la poudre aux yeux que constitue la reconnaissance nominale de la 425, annonce la vraie couleur: «Nous continuerons, proclame-t-il, à combattre sans répit le terrorisme au Liban jusqu’à ce que nous parvenions à des accords qui constituent un meilleur substitut (à l’occupation du sol) pour la sauvegarde de la Galilée et la protection des membres de l’ALS». Avec un remarquable aplomb, Mordehaï nie que la 425 ordonne un retrait israélien sans conditions, du moment qu’elle en prévoit elle-même, à savoir la mise sur pied de la FINUL prétendant, contre le texte, que cette force onusienne a pour objectif «de rétablir la paix et la sécurité» entre les deux pays ennemis voisins! Alors qu’en réalité le Conseil de Sécurité a dépêché ces Casques bleus, selon la 425, uniquement pour aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité et sa souveraineté sur le territoire qu’Israël était censé en 1978 restituer immédiatement. Du reste, le caractère local non international de la mission FINUL est illustré par le fait qu’elle est déployée d’un seul côté de la frontière, et d’ailleurs en retrait par rapport au tracé frontalier même. Message direct à Damas Si elle devait servir de pont pour une paix entre les deux pays ce serait des deux côtés qu’elle aurait été répartie… Comme on voit, Israël invente des termes qui n’existent nulle part. Dès lors à Beyrouth une source ministérielle ne voit dans la reconnaissance israélienne de la 425 que du vent et des propositions piégées visant sans doute à enclencher des négociations stériles, comme par le passé à Nakoura, à Washington ou au Maryland. Ce responsable rappelle que le Liban, nonobstant son droit absolu de ne rien concéder, a maintes fois répété qu’aucun coup de feu ne serait tiré en direction du territoire israélien après un retrait total du Sud et de la Békaa-Ouest. Il précise que les «mesures de sécurité» signifient pour le Liban le mécanisme de déploiement progressif de son armée, avec le concours de la FINUL, une fois enclenché le calendrier-programme de retrait israélien. Quant à Lahd, mais aussi au démantèlement de la milice du Hezbollah, ce ministre souligne que ce sont là des affaires intérieures libanaises dans lesquelles Israël ne peut pas intervenir. Il ajoute que le Liban ne se laissera pas piéger et manipuler comme l’OLP soumise à un chantage israélien liant le redéploiement en Cisjordanie à l’élimination de la structure active du Hamas et du Jihad islamique. Il reste que parler de la 425, ne plus l’ignorer, est une nouveauté du côté israélien. A Beyrouth, en dehors des cercles officiels, on note que cela fait des mois qu’en réalité Israël débat sérieusement en son propre sein de l’opportunité de se retirer du Liban où ses pertes se font catastrophiques (39 tués et plus de 100 blessés l’an dernier). Un sérieux qu’atteste en outre le fait que Mordehaï, qui souligne «bien connaître les circonstances du Liban», ne pose pas comme autre condition le retrait simultané des forces syriennes de ce pays. Au contraire, il relève que «tant qu’il y aura 35.000 soldats au Liban, l’extension syrienne au sein de la vie politique, sociale et économique de ce pays se maintiendra et dès lors il est clair que toute clé politique ou sécuritaire se trouve à Damas. La Syrie, conclut Mordehaï, doit veiller à empêcher toute escalade, toute dégradation en arrachant le fil du détonateur du baril de poudre que constitue le Liban…». Un message très net qui veut dire qu’en réalité c’est avec Damas, et avec lui seul, qu’Israël recherche un accord sur le Liban… E. K.
A Beyrouth, on se concentre beaucoup actuellement sur les récentes déclarations israéliennes acceptant la 425. On sait en effet qu’après son ministre de la Défense Yitzhak Mordehaï, Benjamin Netanyahu a confirmé en Conseil des ministres qu’Israël «est prêt à accepter la résolution 425». Mais il a précisé que ce serait «à condition qu’il soit possible d’arriver...