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Actualités - ANALYSE

Bavures : les opposants procèdent au contre-interrogatoire du pouvoir..

Bien entendu l’opposition, tous courants confondus, boit actuellement du petit lait. Les bévues et les bavures du pouvoir sur le plan des libertés comme de la jeunesse arrangent ses affaires et portent des députés à poser au gouvernement une série d’interrogations «objectives» qui sont autant de critiques acerbes. Et voici comment un parlementaire opposant développe ce facile réquisitoire:
— «L’Etat s’est démené pendant des années pour accoucher d’un code de l’audiovisuel. Aux termes de ce texte, qui dit s’inspirer des recommandations de Taëf concernant l’entente nationale, des permis ont été accordés à des médias et refusés à d’autres.Des sanctions sont prévues pour toute sortie intempestive d’un média hors du sentier de ce que l’on appelle «la liberté responsable»: pourquoi ne pas les appliquer s’il y a infraction? Si l’interview du général Aoun constituait une violation de la loi, comment peut-on l’interdire sans l’assortir d’une suspension ou d’une amende frappant la chaîne de télé coupable? Est-il logique, est-il légal, de sanctionner un acte qui n’a pas été commis?
— Faut-il comprendre que désormais les interviews de personnalités opposantes sont soumises à une autorisation officielle préalable? Sur quel texte de loi se baserait une telle pratique? Prétend-on vraiment servir l’intérêt de l’Etat en provoquant grogne et remous au niveau de l’opinion comme de la rue?
— Le pouvoir est-il si faible qu’il craint les voix opposantes et cherche à les réduire au silence? Doit-on comprendre que s’il les empêche de s’exprimer à la télévision c’est qu’il n’est pas en mesure de leur répondre d’une manière convaincante? Faut-il penser que les dirigeants n’ont aucune confiance dans les capacités de discernement des Libanais et ne souhaitent pas les laisser seuls juges de la valeur des propos qu’on leur tient publiquement?
— Si le gouvernement veut user immédiatement d’un droit de réponse, pour déjouer tout lavage de cerveau présumé de l’opinion par les opposants, pourquoi n’exige-t-il pas la généralisation du système qui prévoit un contradicteur face à l’invité principal, comme cela se fait déjà dans plus d’une émission politique? C’est là une formule raisonnable, comme l’a souligné le Patriarche Sfeir dans son prêche dominical. Les gens peuvent ainsi entendre plus d’un son de cloche, comparer et juger. On n’a pas le droit en tout cas de les priver d’information et de points de vue. Comme le dit le général Michel Aoun «s’il existe un espace pour le mensonge et un autre pour la vérité, laissons-les se confronter…». Doit-on penser que le pouvoir a peur d’une telle confrontation d’avis et l’évite parce qu’il sait ne pas détenir la vérité? Doit-on en conclure que le système se considère, en état de guerre sur le plan intérieur, seul cas de figure où un Etat démocratique peut s’autoriser à laisser l’opinion publique dans l’ignorance de ce qui se passe ou de ce qui se dit?
— Comment peut-on prétendre, comme le fait le ministre de l’Information M. Bassem el-Sabeh, que l’expression d’un point de vue déterminé peut mettre en danger la paix civile ou même les relations avec la Syrie? Le président Amine Gemayel est intervenu à la télévision; certains lui donnent raison, d’autres lui donnent tort mais l’idée d’en venir aux mains à cause de telles divergences d’opinion ne viendrait à personne. Sauf, bien entendu, si le pouvoir ne dit pas la vérité quand il affirme avoir désarmé et neutralisé les milices comme les courants hostiles à sa ligne politique et à la présence syrienne… Répétons-le: il n’y a pas eu d’effervescence après l’interview de M. Gemayel et il n’y en aurait pas eu après celle du général Aoun si on l’avait autorisée. D’ailleurs il a auparavant multiplié les interviews et les déclarations sans que le monde ne se retrouve sens dessus dessous.Il n’y aurait pas eu de manifestations, pas de sit-in et le pouvoir n’aurait pas paru aux yeux de l’étranger comme étant répressif».
Et de conclure, en bon légaliste, en citant tout simplement la Constitution «dont le prologue précise que le peuple est source de tout pouvoir et détenteur de la souveraineté, tandis que l’article 13 consacre la liberté d’expression par le verbe ou l’écriture ainsi que la liberté de rassemblement ou de constitution d’association…».

E.K.
Bien entendu l’opposition, tous courants confondus, boit actuellement du petit lait. Les bévues et les bavures du pouvoir sur le plan des libertés comme de la jeunesse arrangent ses affaires et portent des députés à poser au gouvernement une série d’interrogations «objectives» qui sont autant de critiques acerbes. Et voici comment un parlementaire opposant développe ce ...