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Actualités - CHRONOLOGIE

MEA : l'enquête est pratiquement achevée, place à la politique Ultimes confrontations demain, entre les Salam et Lahoud

...Et à la fin de la troisième semaine d’investigations, la lumière sera… Ouverte depuis près de 20 jours, l’enquête du parquet sur le contrat de bail conclu entre la MEA et la Singapore Airlines est pratiquement achevée. La dernière série d’auditions aura lieu demain, jeudi, et elle aura essentiellement pour objectif de procéder à quelques vérifications et surtout à une ultime confrontation entre le Pdg de la compagnie, M. Khaled Salam, son fils, Sélim, et le directeur général, M. Youssef Lahoud. Sont aussi convoqués les membres du département juridique de la MEA, MM. Fadi Mallat, Michel Semrani, Youssef Takla et Ramzi Jreige (les deux derniers sont aussi membres du conseil d’administration). M. Semrani avait suivi de près les différentes étapes du contrat de bail contesté. Il avait même supervisé la rédaction de certaines de ses clauses et il avait établi un rapport sur la question.

En les entendant jeudi, le chef de la brigade criminelle, le général Béchara Salem, souhaite obtenir une dernière version sur la façon dont a été conclu le contrat et sur l’identité des personnes qui ont participé aux négociations ou en tout cas qui en étaient informées.
C’est qu’hier, M. Khaled Salam a répété une nouvelle fois au chef de la brigade criminelle que le directeur général de la compagnie était au courant des détails de la transaction. Mais M. Youssef Lahoud qui avait déjà fourni la preuve du contraire, en exhibant la correspondance dans laquelle son nom n’a jamais figuré, a répété qu’il n’était pas mêlé à cette affaire, d’autant que ses prérogatives avaient été grandement réduites.
Un nouvel élément de taille a marqué hier la longue journée d’investigations. En principe, M. Sélim Salam devait essayer de se procurer l’ordre de mission qui lui avait été remis par son employeur à la banque «American express» avant de l’envoyer à Singapour en novembre 96, au moment où débutaient les négociations entre la MEA et la Singapore Airlines. Mais des sources judiciaires ont affirmé, hier, que ce document n’a toujours pas été remis et qu’il ne le sera probablement pas. En tout cas, le parquet n’insiste plus pour l’obtenir, car il aurait reçu des informations autrement plus «intéressantes» concernant les Salam père et fils. En effet, au moment de la conclusion du contrat de bail entre la MEA et la Singapore Airlines, le PDG de la compagnie libanaise aurait remercié le représentant de la Singapore Airlines, au Liban, chargé de l’entretien des avions, afin de le remplacer par son propre fils. Interrogé par le général Salem, M. Khaled Salam aurait certes nié les faits, mais le chef de la brigade criminelle a aussi entendu à ce sujet et sur bien d’autres questions, pendant près de deux heures et demie, M. Makram Alameddine, membre du conseil d’administration de la compagnie et fils de Négib Alameddine qui a occupé le poste de PDG de la compagnie de 1952 à 1978. A cette époque d’ailleurs, la compagnie était à son apogée; elle était la première compagnie aérienne dans la région et était à la pointe de la modernité. Il est vrai qu’aujourd’hui elle est totalement paralysée par les considérations politiques qui ne commandent pas seulement la nomination des membres de son conseil d’administration, mais aussi ses moindres activités.
Selon des sources judiciaires, M. Makram Alameddine n’était pas très favorable à la conclusion du contrat avec la Singapore Airlines et il en aurait expliqué les raisons au général Salem. D’ailleurs, tous ces éléments rejoignent ceux qu’avait déjà recueillis le général Salem au cours de ses investigations avec les autres membres du conseil d’administration, MM. Georges Yacoub, Hussein Kanaan et Mahfouz Skayné.

Le fin mot de l’histoire

D’ailleurs, après avoir entendu MM. Khaled Salam, Youssef Lahoud et Hassan Mortada (responsable du département technique au sein de la MEA), ainsi que M. Makram Alamuddine, le général Salem a procédé à une rapide confrontation entre M. Alamuddine et M. Salam.
Et pour couronner sa longue journée — qui lui a permis d’ajouter de nouvelles pièces à son dossier qui atteint désormais 120 pages manuscrites — le chef de la brigade criminelle a demandé une dernière fois à MM. Salam, père et fils et à M. Lahoud s’ils avaient quelque chose de nouveau à ajouter. Tous les trois ont répondu qu’ils maintenaient leurs dépositions. Il faudra donc attendre, demain jeudi, pour avoir le fin mot de l’histoire, même si des sources judiciaires laissent entendre que la conviction du Parquet est déjà faite: le contrat est suspect à plus d’un titre, notamment dans la façon dont il a été conclu et surtout dans la rapidité des transferts: le contrat a été signé le 4 juin entre la MEA et la Singapore Airlines; il a été ensuite transféré de la Singapore Airlines à la Singapore Mauritius (29 juillet 1997), puis de cette dernière à la SALE (31 juillet 97).
Reste à savoir comment le parquet compte qualifier le délit. S’il se contente de parler de commissions, il devra clôturer son enquête et attendre que la Banque centrale — qui l’avait alerté, par le biais d’une note, il y a un mois, sur l’existence d’un gaspillage de fonds publics, dans ce contrat — se décide à porter plainte, puisque dans le cas de l’existence de commissions, dans un contrat privé, le Parquet ne peut agir spontanément. Par contre, s’il décide qu’il y a détournement de fonds, cela devient un délit pénal, passible de poursuites du Parquet, même sans partie civile.
Apparement, le Parquet a décidé d’attendre la décision de la Banque centrale, avant de trancher. D’ailleurs, aujourd’hui, les avocats de celle-ci devraient s’entretenir avec le procureur général M. Adnane Addoum. C’est à la lumière de cette rencontre qualifiée de décisive — d’autant que les pourparlers de Londres entre les représentants de la Singapore Airlines et ceux de la Banque centrale en vue d’un nouvel examen du contrat ont déjà commencé — que M. Addoum décidera du sort de cette enquête épuisante pour tout le monde, menée depuis près de trois semaines. Si la Banque centrale décide de ne pas porter plainte, M. Addoum serait devant deux alternatives: soit il engage des poursuites contre ceux qui seraient impliqués dans l’affaire, soit il décide de clore l’enquête, afin de préserver la MEA , dont le crédit a été déjà largement entamé depuis le début de cette crise. S’il décide d’engager des poursuites, afin que les coupables soient châtiés, il devrait opter pour l’une des deux situations suivantes: soit il qualifie le crime de détournement de fonds et dans ce cas, le Parquet peut agir de son propre chef, soit il considère que , dans le cas de la MEA ( dont le capital est en principe de 279.000.000.000 de LL), c’est la Banque centrale qui couvre le déficit (l’an dernier , il aurait été de 50 millions de dollars), à l’aide de ses fonds qui sont publics. S’il choisit cette version, M. Addoum serait en contradiction avec une jurisprudence qu’il avait lui-même établie, alors qu’il était président du tribunal de mise en faillite et dans laquelle, il avait considéré que dans ses relations avec les autres banques, la Banque centrale se comporte comme une société commerciale... De toute façon, il s’agit là d’un débat juridique qui pourrait ne pas être fermé de sitôt.
En attendant , quel sort attend la MEA? C’est la question que tout le monde se pose, au-delà de l’enquête judiciaire qui pourrait donc ne pas aboutir à des résultats spectaculaires. Hier, devait en principe se tenir un conseil d’administration qui aurait dû demander la convocation de l’assemblée générale de la compagnie (essentiellement formée de la Banque centrale qui détient 99,7% des actions). A son tour, celle-ci devrait demander la démission de l’actuel conseil d’administration et, le tour serait ainsi joué, que le contrat de bail soit résilié ou non. Toutefois, bien que MM. Lahoud et Alamuddine (retenus au Palais de justice) avaient délégué leurs pouvoirs respectivement à Nadim Daouk et Georges Yacoub pour cette réunion, le quorum (6 membres) n’a pas été atteint et celle-ci n’a pas eu lieu. Il a donc été décidé d’en tenir une autre jeudi, en principe avec le même ordre du jour, c’est-à-dire demander une convocation de l’assemblée générale de la compagnie. Mais dans le meilleur des cas, celle-ci ne pourra se réunir avant le 15 janvier, afin de respecter certaines procédures. A moins que, comme l’a déclaré un expert, il ne s’agisse de donner aux pôles politiques le temps de s’entendre sur la formation du nouveau conseil d’administration. Ce qui n’est pas forcément évident, vu le climat général du pays.
Scarlett HADDAD
...Et à la fin de la troisième semaine d’investigations, la lumière sera… Ouverte depuis près de 20 jours, l’enquête du parquet sur le contrat de bail conclu entre la MEA et la Singapore Airlines est pratiquement achevée. La dernière série d’auditions aura lieu demain, jeudi, et elle aura essentiellement pour objectif de procéder à quelques vérifications et surtout...