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Actualités - ANALYSE

Démocratie et libertés de plus en plus menacées

A la fin de ses jours, Charles Malek ne cessait de mettre en garde contre l’extinction éventuelle de la démocratie et de la liberté au Liban.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les craintes de l’ancien ministre des Affaires étrangères étaient justifiées. La liberté n’est-elle pas sans cesse remise en question sous prétexte de préserver la paix civile ou la sécurité nationale?
Liberté et démocratie ne font aucune distinction au niveau des communautés spirituelles du pays. Elles concernent ainsi tous les Libanais à qui incombent la tâche d’unir leurs efforts pour défendre ces principes sans lesquels un Etat digne de ce ne nom peut s’édifier.
Une personnalité modérée de l’opposition estime que la liberté et la démocratie sont en crise au Liban depuis des années. Les élections législatives organisées en 1992 et 1996 en vertu d’une loi inique en sont d’ailleurs la première preuve. Et lorsqu’on vient à reprocher aux autorités le manque de liberté dans les scrutins susmentionnés, elles répondent en toute innocence: «Depuis quand les élections sont-elles libres au Liban?» En d’autres termes, le pouvoir refuse une amélioration du système et préfère se comparer aux autres pays de la région où la démocratie n’a jamais existé.
Or, il semble de plus en plus que l’ersatz de liberté qui reste au Liban est voué à disparaître à l’instar des autres Etats du Moyen-Orient. En effet, les élections législatives revêtent désormais un caractère formel, alors que les municipales seront entachées de nominations auxquelles s’oppose pourtant tout le peuple. Quant à l’élection présidentielle, elle n’a pas eu lieu, ayant consisté en une prorogation du mandat du chef de l’Etat. On dirait ainsi que tout changement au niveau de la classe dirigeante est prohibé.

Le tour des libertés

En tout état de cause, après la démocratie, c’est visiblement au tour des libertés d’être bafouées à présent. En octroyant des licences à certains médias audiovisuels, les autorités ont cru sauvegarder les apparences de la liberté. En réalité, dès que ces médias ont commencé à dévoiler les scandales de corruption, les transactions suspectes et les escroqueries au niveau du pouvoir, le gouvernement y a mis le holà sous prétexte de préserver la morale aux niveaux politique, économique, financier ou même sexuel. L’interdiction des manifestations — consacrées pourtant par la Constitution — n’a guère contribué non plus à redorer le blason du gouvernement.
A la question de savoir pourquoi le gouvernement s’est abstenu de prendre des mesures légales contre ceux qui seraient à l’origine de «l’anarchie morale» dénoncée, la personnalité modérée a répondu: «Toute autorité faible recourt à la prohibition lorsqu’elle est incapable d’appliquer la loi ou de contrôler la situation et la sécurité. Interdire par exemple les manifestations est plus aisé que de les autoriser et donc de les contrôler. Museler les médias est également plus simple que d’entendre des propos blessants de vérité. Un gouvernement fort aurait donné toute liberté aux médias quitte à les poursuivre en justice s’ils venaient à enfreindre la loi».
La même personnalité politique n’exclut pas enfin un surcroît de pressions en matière de liberté et de démocratie étant donné les échéances capitales que risque de connaître la région au cours de l’année prochaine.
E.K.
A la fin de ses jours, Charles Malek ne cessait de mettre en garde contre l’extinction éventuelle de la démocratie et de la liberté au Liban.La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si les craintes de l’ancien ministre des Affaires étrangères étaient justifiées. La liberté n’est-elle pas sans cesse remise en question sous prétexte de préserver la paix civile...