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Actualités - ANALYSE

FSI : un problème de contrôle qui reste flottant

En marge du mouvement de permutations et d’affectations nouvelles dans le corps des officiers, les Forces de sécurité intérieures attendent toujours de savoir qui va en définitive les contrôler. Certes, le Conseil des ministres a prorogé d’un an mercredi dernier le contrat du directeur général, le général Rafic el-Hassan (ainsi d’ailleurs que celui du chef de la Sûreté d’Etat, le général Nabih Farhat) mais le problème de fond demeure en suspens. On ne sait en effet si le président du Conseil va réussir à imposer son projet de «réforme organisationnelle» dont il ne veut pas démordre. Et qui pourrait revoir le jour, d’une manière concrète, sous le prochain régime, étant donné que sous l’actuel, la troïka semble avoir conclu une trêve gelant tous les litiges entre ses membres.
En attendant, les services sécuritaires restent ballotés. Le chef d’état-major des FSI va être autorisé à faire valoir ses droits à la retraite; avec une troisième prorogation de mandat qui ne pourra pas être renouvelée, le directeur général le général Rafic el-Hassan perd naturellement de son emprise; le conseil de commandement, qui ne compte plus que huit membres sur 12, risque la paralysie car selon le règlement, ses résolutions doivent être prises justement par huit voix au moins; la gendarmerie est sans commandant depuis le départ à la retraite début juillet du général Théodore Makari; depuis la même date et pour les mêmes raisons, la police est sans chef.
Les services de sécurité relevant de l’Intérieur sont donc, la Sûreté générale exceptée, décapités ou sur le point de l’être. A cause de l’obstination du chef du gouvernement M. Rafic Hariri qui, sous prétexte de réforme, défend l’idée d’un nouvel organigramme plaçant pratiquement toutes ces polices sous son propre contrôle. Il refuse dès lors la nomination d’un nouveau commandant en chef de la gendarmerie.
C’est que selon M. Hariri, il faut recopier fidèlement dans ce secteur l’organigramme de l’armée: plus de directeur général mais un conseil de commandement, qui tout entier dépendrait directement de la présidence du Conseil. Et dont le chef, précisent ses proches, devra être obligatoirement un sunnite. Cela au nom de la règle du «partage équitable» à trois: le commandement de l’armée aux maronites, celui de la Sûreté d’Etat aux chiites et les FSI aux sunnites. Un principe que le chef du gouvernement a souvent tendance à oublier, au Port, dans le cadre diplomatique ou à l’Electricité par exemple, quand il s’agit de contester la nomination d’éléments relevant d’autres que lui ou appartenant à d’autres communautés que la sienne propre. L’essentiel est que dans sa philosophie du pouvoir et du dosage d’influence M. Hariri semble estimer que lui aussi doit avoir «du muscle sous uniforme» comme les deux autres membres de la troïka. Une ambition d’autant plus étonnante que personne ne peut dire que le commandant en chef de l’armée dépend — personnellement s’entend car il est naturellement soumis au pouvoir politique — de qui que cela soit.

Discrétion

Toujours est-il que le président du Conseil n’est pas particulièrement tenté de porter le débat sur la scène publique, car ce serait avouer des pulsions communautaires difficilement explicables pour un dirigeant engagé dans un processus (Taëf) qui vise à l’abolition du confessionnalisme des rouages de l’Etat. Mais comme pour l’ensemble des dirigeants on trouve là que les comportements de fait ne concordent pas tout à fait avec les déclarations d’intentions. Ainsi, le fameux accord en six points conclu entre MM. Berry et Hariri, qui éludait d’ailleurs les conflits principaux opposant les deux hommes, reste de plus lettre morte en ce qui concerne le volet de l’administration d’une manière générale. Et l’engagement de non-intervention dans les nominations, pour laisser la compétence jouer à la place de la notion de partage, se confirme comme étant vide de sens quand on en vient à la pratique. Dès lors, selon des sources informées, le président du Conseil n’a accepté de surseoir jusqu’au prochain régime à son projet de mainmise sur les polices que moyennant la nouvelle prorogation du mandat du directeur général sortant des FSI, le général Rafic el-Hassan qui n’est ni maronite ni chiite. «Ce qui explique en partie, affirme un opposant de poids, que ce secteur se montre plus fragile, moins imperméable aux immixtions politiciennes que l’armée dont le commandement prend soin de faire barrage à toute contamination clientéliste d’où quelle vienne et à qui qu’elle s’adresse. Autrement dit, à l’heure actuelle, il n’y a pas un seul officier de l’armée qui se laisserait circonvenir par la classe politique pour oublier la loyauté exclusive qu’il doit au drapeau. Un exemple que les dirigeants civils, s’ils étaient vraiment à la hauteur de leurs responsabilités nationales, devraient être les premiers à respecter et à suivre, en cessant le jeu aussi ridicule que néfaste du partage de l’Etat en zones d’influences».
Toujours est-il que le match interrompu pour le moment se poursuivra sans doute de plus belle après les présidentielles. L’actuel ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a réussi à ne pas se laisser arracher — après les municipalités — les FSI, ce pan si important de son domaine. Mais son successeur (s’il ne revient pas lui-même au même poste), aura-t-il autant de chance?

Ph.A-A.
En marge du mouvement de permutations et d’affectations nouvelles dans le corps des officiers, les Forces de sécurité intérieures attendent toujours de savoir qui va en définitive les contrôler. Certes, le Conseil des ministres a prorogé d’un an mercredi dernier le contrat du directeur général, le général Rafic el-Hassan (ainsi d’ailleurs que celui du chef de la...