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Actualités - ANALYSE

L'accord de Baabda : un bienfait pour les marchés financiers...

L’effet dissuasif de l’accord de Baabda sur la spéculation monétaire est si manifeste que dans les cercles politiques on se demande si ce n’était pas là le principal objectif de l’opération. «Les marchés financiers s’en trouvent stabilisés, dit un homme politique, et on ne peut oublier que les décideurs avaient beaucoup insisté, dans leurs recommandations de replâtrage de la troïka, sur le fait que les querelles entre dirigeants ébranlent la livre et coûtent beaucoup à la Banque centrale».
«Il y a donc là, dans ce domaine des changes, observe cette personnalité, un résultat positif tangible, alors que sur le plan budgétaire ou trésorier on peut rester dubitatif. Contrairement en effet à ce que les responsables affirment, l’accord de Baabda ne constitue pas une «réforme de fond», côté gestion mais une simple correction de tir. Sur le plan assainissement des finances, austérité et compression des dépenses, on constate que les mesures envisagées sont bien plus cosmétiques que chirurgicales. Ainsi, on veut réduire le nombre de classeurs dans les bureaux mais pas celui incroyablement pléthorique des fonctionnaires. De l’aveu des dirigeants eux-mêmes en sept petites années, grâce à leurs bons soins clientélistes, ce nombre a plus que doublé passant de 80.000 à 170.000 et on ne parle pas des institutions sécuritaires ou des municipalités! Le fromage a beau être gras, il est difficile de nourrir tant de bouches dont au moins les 35%, selon un ministre, sont parfaitement inutiles. Et si l’on veut se tourner du côté du secteur privé pour alimenter cet ogre on trouve que son grenier est également démuni, car il y a plus d’un million et demi de rongeurs venus d’ailleurs qui en dévorent les grains».
Après cette allusion aux travailleurs étrangers qui envoient leurs salaires au dehors, cette source souligne que «le document établi par la troïka ne consacre en aucun de ses points la naissance d’un véritable Etat de droit. Il n’apporte aucun élément susceptible de doter le pays d’une administration épurée, efficiente, productive, débarrassée du clientélisme et de l’immixtionnisme que cultive la caste taëfiste. Or, si on ne change pas de mentalité à ce niveau, aucun plan de redressement économique, financier et social ne peut réussir car tout dépend finalement du comportement des centres de décision politique».
«Il est donc abusif, poursuit cet analyste, de prétendre que le pouvoir libanais se lance dans une refonte effective de ses structures de fonctionnement. Mais pour être honnête, si l’accord de Baabda n’est pas «la» solution, il n’en comporte pas moins des avantages certains. Sur le plan de la politique intérieure, il semble panser l’une des plaies de la présente République, à savoir les sempiternelles disputes au sein de la troïka. Parallèlement, l’effet de tranquillisation que cette entente suscite au niveau de l’opinion n’est pas à négliger, surtout qu’il se double d’une restabilisation de la livre sans intervention de la Banque centrale».
«Ceci étant, reprend cette source, il est évident que la plupart des points de ce programme ne pourront être mis en branle que sous le prochain régime. Ce dernier se trouvera en outre confronté à un sérieux alourdissement de la dette publique après l’emprunt de deux milliards de dollars. Cela si le pouvoir arrive à contracter cette créance: MM. Hariri et Siniora avouent eux-mêmes avoir des doutes à ce sujet car les créanciers ne se bousculent pas à la porte d’un Etat aussi peu fiable que le nôtre. On trouve donc que dans le plan de la troïka ce qui peut être exécuté dans le cadre du Budget 98 est tout à fait secondaire, les points essentiels étant pour plus tard. D’ici la fin du mandat de M. Hraoui, tout ce que l’on pourra faire c’est de réduire un peu les dépenses et même cela prête à doute du moment qu’on n’aura pas enrayé la corruption».
Cette personnalité conclut sur une note plutôt pessimiste car selon elle «rien dans les options du pouvoir ne montre un changement réel de cap car rien n’est prévu, ni maintenant ni pour plus tard, pour que le pays recouvre sa libre autonomie de décision, pivot incontournable à bien y regarder de tout redressement, sur tous les plans».


E.K.
L’effet dissuasif de l’accord de Baabda sur la spéculation monétaire est si manifeste que dans les cercles politiques on se demande si ce n’était pas là le principal objectif de l’opération. «Les marchés financiers s’en trouvent stabilisés, dit un homme politique, et on ne peut oublier que les décideurs avaient beaucoup insisté, dans leurs recommandations de...