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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Au cours d'un séminaire sur la corruption administrative Hariri : je ne suis pas un capitaliste sauvage qui veut sucer le sang du peuple

«Nous ne représentons pas le capitalisme sauvage qui veut sucer le sang du peuple travailleur. C’est faux de dire cela». Ne cachant pas son impatience à l’égard de ses détracteurs, le premier ministre Rafic Hariri a une nouvelle fois tenté hier de défendre sa politique économique et sociale, lors d’un séminaire sur la lutte contre la corruption administrative. M. Hariri, qui a parrainé l’ouverture de ce séminaire de deux jours organisé par le bureau du ministre d’Etat pour la réforme administrative Béchara Merhej, répondait aux questions de la presse sur les moyens mis en oeuvre pour éradiquer la corruption.

Il a tenu ces propos face à un journaliste qui lui demandait pourquoi le gouvernement ne se décidait-il pas à mieux rétribuer les agents de l’Etat afin d’aider à venir à bout de la pratique des pots-de-vin et de la prévarication au sein de l’administration.
«Nous ne sommes pas non plus insensibles aux droits des fonctionnaires», a-t-il poursuivi. «Seulement, nous sommes contraints de prendre en compte la situation générale du pays, d’agir avec responsabilité et d’assumer cette responsabilité», a-t-il dit.
«Les moyens financiers de l’Etat sont ce qu’ils sont. Nous devons agir en conséquence et non aller au-delà. Mais cela signifierait-il que nous devrions autoriser les fonctionnaires à accepter des pots-de-vin? C’est vraiment très dangereux d’envisager une telle solution. Je suis résolument contre le fait de dire: les salaires sont bas, alors fermons les yeux sur la corruption», a-t-il ajouté.
A la question de savoir si la corruption administrative n’était pas en fait liée à celle de la classe politique elle-même, et partant de ce constat, s’il ne fallait pas d’abord s’attaquer à celle-ci, M. Hariri a développé un point de vue se résumant, en substance, en ces termes: le pays est comme nous le connaissons. Il y a cinq ans, lorsque je suis arrivé au pouvoir, j’aurais pu me dire: la situation est anormale. On ne peut rien entreprendre ni reconstruire tant qu’il n’y aura pas de réforme politique.
«Tout cela est vrai en théorie. Mais aucun pays au monde ne peut comme cela décider de suspendre le temps en attendant que certaines conditions soient remplies», a poursuivi le premier ministre. «Par conséquent, nous avons dû suivre une autre politique. Nous nous sommes dit: considérons les choses comme elles sont. Une partie de notre territoire est occupée, le pays sort d’une guerre, la situation politique intérieure est très complexe et, sur le plan régional, il y a un processus de paix dont on ne voit pas très bien l’issue. A partir de ces données, nous voulons tenter de reconstruire le pays et de le faire progresser».
Défendant encore une fois son bilan, M. Hariri a ajouté: «Ce qui a été accompli durant les cinq dernières années est très important. Ce n’est pas vrai d’affirmer que des progrès ont été enregistrés seulement dans les domaines de l’électricité, de l’eau, du téléphone et de l’hygiène publique. Le Liban a pendant ce temps réintégré la carte du monde. Certes, il y a des problèmes. Des erreurs ont été commises et continueront d’être commises. Mais on exagère les aspects négatifs. On cherche à suggérer que le pays est au bord du gouffre. Des responsables au sein de l’Etat, des ministres tiennent de tels propos. C’est faux et ils le savent. Alors pourquoi le font-ils?» s’est-il interrogé.
Revenant au sujet de la corruption, M. Hariri a assuré qu’il s’est employé à lutter contre ce fléau depuis le premier jour à la tête du gouvernement. «Notre guerre contre la corruption dans la société libanaise a d’ailleurs été à l’origine de beaucoup de tiraillement et de batailles politiques», a-t-il indiqué.
Il a enfin réaffirmé sa position en faveur d’une simplification des procédures administratives, soulignant que les formalités administratives semblaient n’être imposées que pour «humilier les citoyens». «Une remise en question est nécessaire, et je ne crois pas qu’il existe des désaccords à ce sujet. Mais je ne sais pas s’il y a une volonté politique globale pour cela», a-t-il conclu.

«Gaspillage» et «impuissance»

Auparavant, M. Hariri avait estimé dans une allocution à l’ouverture du séminaire que la mauvaise réputation de l’administration libanaise était un peu exagérée. «Il ne s’agit pas tant de corruption que de gaspillage et d’impuissance, deux maux qui sont pire que la corruption», a-t-il souligné, en rendant hommage aux nombreux fonctionnaires qui selon lui font leur travail honnêtement.
Le premier ministre, qui est en même temps chef de l’administration, ne pouvait pas en effet éviter de prendre la défense d’au moins une partie des serviteurs de l’Etat, d’autant qu’il s’adressait à une assistance composée en grande partie de hauts fonctionnaires.
Il a souligné que les problèmes que connaît l’administration sont liés à la fois au système confessionnel, au clientélisme politique et au laxisme des organismes de contrôle ou de surveillance.
Ecartant implicitement tout nouveau recours à l’épuration, il a indiqué que ce qui est «possible et nécessaire aujourd’hui c’est de renforcer les organismes de contrôle et de leur donner les moyens politiques et techniques de poursuivre leur mission».
Il a en outre estimé que la modernisation de l’appareil administratif pourrait mener à des résultats positifs, soulignant que «l’avenir économique et social du Liban dépend largement de l’existence d’une administration dynamique, moderne, responsable et respectueuse de la loi».
«Dans la mesure où nous saurons créer une administration ouverte et souple, agissant avec une mentalité de service public et d’efficacité, nous aurons réussi à limiter autant que possible le champ de la corruption et du gaspillage», a-t-il enfin soutenu.
D’autres orateurs, notamment le ministre d’Etat aux Finances, Fouad Siniora, et M. Merhej ont également pris la parole. Outre ces deux membres du gouvernement, assistaient à l’ouverture du séminaire, qui se déroule à l’hôtel Commodore, les ministres Yassine Jaber, Elias Hanna, Farouk Berbir et Bassem el Sabeh, les députés Adnan Arakji, Bahaeddine Itani et Anouar el Khalil, ainsi que des diplomates, parmi lesquels l’ambassadeur des Etats-Unis Richard Jones.
«Nous ne représentons pas le capitalisme sauvage qui veut sucer le sang du peuple travailleur. C’est faux de dire cela». Ne cachant pas son impatience à l’égard de ses détracteurs, le premier ministre Rafic Hariri a une nouvelle fois tenté hier de défendre sa politique économique et sociale, lors d’un séminaire sur la lutte contre la corruption administrative. M....