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Actualités - DISCOURS

Il a présidé hier la session annuelle des prélats catholiques Sfeir : que sont devenus le dialogue, la réconciliation et l'entente ? (photo)

ALe patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a brossé hier un tableau exhaustif de la situation politique et sociale dans le pays. Il a assené dans ce cadre des vérités qui ne flattent ni l’Etat, ni l’Administration publique ni même la mentalité d’une société souvent rompue aux pires roueries...
Dans un long discours prononcé à Bkerké à l’occasion de l’ouverture des travaux de la 31e session de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques, le prélat maronite s’est notamment interrogé sur le sort du dialogue islamo-chrétien au niveau des responsables «et des initiatives prises en vue de le promouvoir». «Où en sommes-nous de la paix, de la réconciliation et du retour des personnes déplacées», s’est-il encore demandé avant de fustiger ceux qui exploitent le pouvoir à des fins personnelles.
Etaient notamment présents à la réunion d’hier: les patriarches grec et arménien-catholiques, NN.SS. Maximos V Hakim et Jean-Pierre XVIII Kasparian, ainsi que les évêques des communautés maronite et melkite.
«Une nouvelle espérance pour le Liban». C’est en même temps le titre de l’Exhortation apostolique du pape Jean-Paul II et le thème que le patriarche maronite a choisi pour la session de cette année. Pour le cardinal Sfeir, il s’agit aujourd’hui de mettre en application sur le terrain cette exhortation pontificale qui a fait jusqu’à présent l’objet de nombreuses conférences et études toutes «théoriques».
Que préconise-t-il donc concrètement? Au niveau de l’Eglise, une plus grande coopération entre les différentes communautés catholiques. «Dans quelle mesure les institutions scolaires, universitaires et hospitalières collaborent-elles pour alléger le fardeau du fidèle et du citoyen en général?» s’est-il demandé, ajoutant à ce sujet: «Nous oublions trop souvent que nous œuvrons tous dans un but unique, au nom d’une seule Eglise et d’un seul Christ».

Les préjugés sociaux

Sur le plan social, Mgr Sfeir a commencé par dénigrer tous les adages libanais qui exaltent la roublardise, la ruse, la lâcheté, condamnant dans ce cadre tous les abus de la société libanaise. «Le commerçant tient deux comptabilités pour éviter de payer des impôts; le pot-de-vin est considéré désormais par le fonctionnaire comme un droit acquis; on pille le Trésor (...) grevé par une armée de fonctionnaires qui ne prennent souvent pas la peine de se rendre à leur lieu de travail. On se vante de violer les lois alors que foisonnent les jeux de hasard, la drogue, l’escroquerie et la pornographie dans une jungle où la force est reine», a déclaré le patriarche maronite avant d’évoquer le volet économique: «La situation économique stagne alors que les opportunités d’emplois sont réduites à leur plus simple expression», a-t-il dit à ce propos. «Quant à la réconciliation préconisée par l’accord de Taëf, on connaît son sort en l’absence d’un gouvernement d’entente nationale. L’exilé et le prisonnier le sont toujours. Comment réaliser la paix dans ces conditions?», s’est demandé le cardinal Sfeir.
Et de poursuivre: «Les prestations sociales sont devenues inabordables au point qu’un grand nombre de Libanais ne peuvent plus en bénéficier. Il en va de même pour les frais de scolarité et d’hospitalisation qui grèvent lourdement le budget familial des gens ordinaires».

La vie politique

Rappelant d’autre part la nécessité de participer à la vie politique, conformément à l’Exhortation apostolique, le prélat maronite a toutefois requis, pour ce faire, «une marge de liberté permettant d’exprimer son opinion et de la faire prévaloir par des moyens démocratiques légitimes. Il ne s’agit donc pas de traiter de frondeurs tous ceux qui sont d’un avis contraire», a-t-il précisé dans ce sens.
Mgr Sfeir a également dénoncé ceux qui abusent du pouvoir à des fins et dans un intérêt personnels. «D’aucuns élaborent des lois dans ce but ou les abrogent pour obtenir un bénéfice quelconque. (...) Cette mentalité changera-t-elle si les nouvelles générations ne sont pas éduquées dans la famille, à l’école et dans la société sur des bases contraires à celles qui sont généralement prônées?», a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le patriarche maronite a déploré l’injustice dont fait preuve le pouvoir à l’égard de certaines communautés ou de certaines régions. Il a condamné en outre le «délit d’initié» dont se rendent coupables ceux qui achètent des terrains à bas prix pour les revendre au prix fort, après avoir pris connaissance de la construction d’une route qui augmenterait leur plus-value.
Le cardinal Sfeir a dénoncé enfin la corruption à tous les niveaux de l’Etat et de l’Administration publique, une corruption qui, selon lui, fait du fonctionnaire le plus démuni un homme riche à millions.
ALe patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a brossé hier un tableau exhaustif de la situation politique et sociale dans le pays. Il a assené dans ce cadre des vérités qui ne flattent ni l’Etat, ni l’Administration publique ni même la mentalité d’une société souvent rompue aux pires roueries...Dans un long discours prononcé à Bkerké à l’occasion de...