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Actualités - OPINION

Carnet de route Mon Taylor is ghani


Michelin-Vietnam fait donner à tout son personnel des cours de formation en langue française. Francophonie, bien entendu. On aménage une boutique près de chez moi, le local est encore vide à l’exception d’une plaque de cuivre portant ces mots: N... M... GOLDSMITH. Ce joaillier putatif, comme le restaurant qui lui fait face, baptisé d’un nom commun anglais, exprime, sans agressivité aucune vis-à-vis d’autres langues, la francophonie à la libanaise. Petit pincement aux cœurs francophiles, évolution naturelle de l’esprit du temps, accélérée par des séjours-guerre en Australie et au Canada anglais d’une certaine classe moyenne d’Achrafieh, il faut s’incliner devant les mœurs d’un peuple qui n’a que faire, dans sa vie quotidienne, de la haute politique culturelle ni des rivalités économiques qui la sous-tendent. Mais, aucune crainte, la langue française au Liban est encore en tête des statistiques en matière de langues étrangères et les boursiers, nombreux, partent toujours de Beyrouth pour Paris, Lyon ou Montpellier.
Quant à la francophonie de la France elle-même, violemment dénoncée autrefois par Etiemble (il voulait même nous faire dire «vivoir» pour «living room»), elle n’a pas besoin de nous pour l’épurer, et la formidable qualité des linguistes hexagonaux dans les organismes internationaux comme l’ONU ou l’Unesco, maintient pied à pied le niveau de la langue de Cioran contre les dollars des Etats-Unis.
Non seulement il faut être, à la suite de Nassib Lahoud et du GNP contre les nominations dans le cadre municipal, encore faut-il être contre toutes les nominations que ne prévoit pas la Constitution. Ce député, lui-même «nommé» en un premier temps (le moyen pour lui de faire autrement alors?) connaît le prix moral et politique de la légitimité populaire. Et surtout les abus qui guettent notre démocratie labile. Qui est, aussi, comme viennent le rappeler de temps en temps des hommes comme le député du Metn, une république parlementaire...
Il y a peu de gros livres qui se lisent comme un roman de gare. «Le siècle des intellectuels», de Michel Winock(1), en fait partie. Autour des trois figures majeures de Barrès, Gide et Sartre, l’aventure de l’intelligence française, de ses passions, de sa problématique vis-à-vis du politique.
Si vous préférez du Tabucchi(2), il en arrive sur le marché. Au compte-gouttes et avec un grand retard sur la date de parution. Une amorce de bon augure dans un pays où, par ailleurs, on interdit à la vente certains auteurs par décision censorale aussi irréfléchie que suiviste.

Amal NACCACHE

(1) Editions du Seuil
(2) Editions Christian Bourgois
Michelin-Vietnam fait donner à tout son personnel des cours de formation en langue française. Francophonie, bien entendu. On aménage une boutique près de chez moi, le local est encore vide à l’exception d’une plaque de cuivre portant ces mots: N... M... GOLDSMITH. Ce joaillier putatif, comme le restaurant qui lui fait face, baptisé d’un nom commun anglais, exprime, sans...