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Actualités - ANALYSE

L'économie s'assainirait si la politique allait mieux...

Un expert en affaires financières et économiques — les deux ne vont pas toujours de pair — soutient — ce qui doit ravir les haririens—, que tout compte fait, la situation du pays dans ce double domaine n’est pas trop catastrophique… Et serait même assez saine si le corps politique n’était pas si malade, ses fièvres n’allant pas sans effet sur l’économie. «En outre, affirme ce spécialiste qui se veut aussi psychologue, plus on met l’accent sur la sinistrose économique plus on démoralise les gens en ébranlant leur confiance, ce qui est mauvais pour l’économie. Quand on parle du loup, on voit sa queue, comme dit l’adage».
Cette source, qui ne se demande pas pourquoi les 2 milliards de dollars du Fonds arabe et les 3 milliards du forum des Amis du Liban n’ont toujours pas l’air de se concrétiser, et qui oublie combien l’endettement (parfois à des taux commerciaux ou même pire comme c’est le cas pour les bons du Trésor) coûte à ce pays, voit «dans le fait que l’étranger accepte de nous prêter de l’argent un signe de confiance rassurant dans notre situation comme dans notre avenir économique et financier. Personne autrement ne tendrait la main à un Etat considéré comme peu solvable. Nous nous sommes toujours acquittés de nos engagements débiteurs rubis sur l’ongle. On le sait au dehors et quand nous demandons des crédits, on nous les accorde sans barguigner».
Pas toujours et en tout cas très souvent en posant des conditions précises, plus moins drastiques comme on l’a vu dans plusieurs protocoles conclus avec des Occidentaux et que la Chambre des députés a remis en question ou qu’elle a dû modifier…

Méfiance

«En revanche, reprend cette personnalité, si la communauté internationale est convaincue que le Liban saura à terme recouvrer sa prospérité, elle manifeste beaucoup de méfiance à l’encontre des prestations de notre caste politique et de sa gestion des affaires publiques. Un doute, un soupçon entourent dès lors a priori les crédits qui seraient alloués pour réaliser de grands projets, à cause de la criante corruption qui ronge tout le corps public, la classe politique comme l’administration. Mais il ne faut surtout pas désespérer: un jour ou l’autre cela va forcément changer, le système va être remplacé par quelque chose de plus cohérent, de plus solide, de plus fiable et l’économie va pouvoir prendre son essor».
Après cet élan d’optimisme aussi poétique qu’injustifié, l’économiste distingué (qui oublie qu’en réalité, bien qu’on puisse le déplorer, une économie de guerre a ses avantages), souligne que «le Liban a traversé sans sombrer économiquement le long tunnel noir d’une guerre interne qui a détruit son infrastructure et causé d’effroyables dommages. Il peut donc tout surmonter. L’avènement de M. Rafic Hariri, il y a cinq ans, a soulevé une vague d’espérance et a permis de donner un coup d’arrêt à l’inflation qui érodait la monnaie nationale. Parallèlement, le Liban a repris sa place sur l’échiquier mondial et son audience dans les grandes capitales qui, entre autres, ont aidé à atténuer le mécontentement suscité par les législatives de 1992 et à en amortir les effets, ce qui a beaucoup réduit le boycottage des urnes lors du dernier test électoral, en 1996. On croyait cependant à l’époque que la paix serait rapidement conclue dans la région mais il n’en a rien été. Au stade actuel, le processus se trouve même bloqué. Le grand chantier de la reconstruction a été quand même lancé ici et on ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de résultats, dans le centre-ville de Beyrouth ou ailleurs».

Priorités

«Il reste, poursuit cette source, que cette initiative a établi un ordre de priorités que dans beaucoup de cas on ne peut plus annuler, alors que cela ne concorde plus avec les réalités ou les possibilités effectives du moment comme du pays. D’autant que le redressement économique qui devait accompagner cette reconstruction n’a évidemment pas pu se faire car il était fortement lié aux assistances et à la normalisation dans la région. De ce fait, nous souffrons encore de difficiles problèmes d’infrastructure, surtout sur le plan du financement et nous courons toujours après des fonds pour faire fonctionner régulièrement les écoles, les hôpitaux publics, l’électricité, le téléphone, l’adduction d’eau potable, les services de voierie pour assurer l’entretien ou le percement des routes, des canaux etc.».
«De plus, toujours selon cette source, il faut assumer la résistance qui se développe au Sud et qui, parfaitement légitime, n’en a pas moins des retombées déterminées sur nos rapports avec nombre de pays et sur nos capacités d’attirer des capitaux étrangers. Autrement dit, tant que le Sud reste en ébullition, ces capitaux refusent de prendre le risque de s’investir ici. Le président Hariri a dit que c’était là le prix imposé au Liban et certains ont voulu voir dans ces propos un rejet de la résistance, ce qui n’est pas le cas, le président du Conseil dressant simplement le constat d’une situation qui est entièrement imputable à l’occupant israélien et à ses agressions. Tant qu’elles se poursuivent, le Liban continuera effectivement à payer un lourd tribut en pertes humaines et matérielles comme en manque à gagner sur le plan économique global, en sus des séquelles de sa guerre interne dont il continue à régler la facture. Nous ne pouvons pas nous le cacher, nos blessures continuent à saigner, ici ou là, et il nous faut comprendre que nous aurons probablement à endurer ces épreuves pour de longues années encore, le temps que la paix soit réalisée dans la région. Mais il ne faut pas baisser les bras car nous avons une monnaie qui se maintient et c’est un atout important. De plus, les efforts du président du Conseil à l’étranger vont probablement nous aider à réduire le déficit du Budget…» conclut cet expert plein d’espérance et de confiance dans l’avenir comme dans M. Hariri.

E.K.
Un expert en affaires financières et économiques — les deux ne vont pas toujours de pair — soutient — ce qui doit ravir les haririens—, que tout compte fait, la situation du pays dans ce double domaine n’est pas trop catastrophique… Et serait même assez saine si le corps politique n’était pas si malade, ses fièvres n’allant pas sans effet sur l’économie. «En...