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Actualités - CHRONOLOGIE

Réunion déterminante du conseil de sécurité L'Irak plaide son cas à l'ONU, Washington demande des mesures punitives (photo)

Au terme d’une journée agitée à Bagdad où, après le survol du territoire irakien par un avion espion «U-2», des centaines de familles irakiennes — femmes et enfants à l’appui — ont formé un «bouclier humain» à l’intérieur de la résidence de Saddam Hussein dans la capitale «pour le protéger contre les bombardements», le Conseil de Sécurité de l’ONU a entamé, en fin de soirée, à New York une réunion cruciale destinée en principe à examiner de nouvelles «mesures punitives» contre l’Irak. Les débats, interrompus au bout de deux heures de discussions, reprendront aujourd’hui.
Les nouvelles sanctions doivent prendre la forme de restrictions de voyage pour les responsables irakiens qui entravent les inspections de la Commission spéciale sur le désarmement de l’Irak (UNSCOM), a indiqué le département d’Etat.
L’ambassadeur américain à l’ONU, Bill Richardson, a indiqué que les Etats-Unis «allaient, avec d’autres délégations, présenter cette résolution ce soir».
Il a précisé que cette résolution en quatre points appelle à «des sanctions sur les déplacements», condamne l’Irak, appelle les dirigeants irakiens à une pleine coopération avec l’UNSCOM et menace d’autres actions au cas où l’Irak continue à défier la communauté internationale.
M. Richardson a demandé au Conseil d’adopter «une résolution forte, avec des mesures punitives» et qui recueille l’unanimité.
«Nous pensons que celle-ci est une résolution forte avec des dents qui envoie un message sans équivoque».
Le Conseil veut contraindre l’Irak à revenir sur sa décision de cesser sa coopération avec les experts américains de la Commission spéciale.
Le représentant américain au Conseil n’a pas voulu dire si les Etats-Unis prendraient des mesures militaires si l’Irak continuait à ne pas respecter ses obligations.
«Il faut procéder pas à pas», a-t-il dit. «La prochaine étape est le Conseil de Sécurité».

Les griefs irakiens

De son côté, l’Irak a exposé hier ses griefs contre les experts de l’ONU, avant la réunion du Conseil de Sécurité.
«Donnez-nous une chance avant de vous ruer pour imposer une résolution injuste contre l’Irak», a déclaré le vice-premier ministre irakien Tarek Aziz à l’issue d’une rencontre à New York avec le président en exercice du Conseil de Sécurité, l’ambassadeur chinois Qin Huasun.
M. Aziz a plaidé pour «une recomposition» de la Commission spéciale de l’ONU (UNSCOM) chargée du désarmement irakien, affirmant qu’elle était dominée par des Américains agissant pour le compte de Washington. Il a demandé une meilleure représentation des autres membres permanents du Conseil de Sécurité.
L’agence officielle irakienne INA a publié, de son côté, une liste de huit revendications présentées à l’ONU, réitérant la demande d’un «rééquilibrage» de l’UNSCOM, ainsi que celle du remplacement de l’avion espion américain Lockheed U-2 utilisé par l’UNSCOM par un appareil d’un «pays neutre».
L’Irak a également réclamé la levée immédiate de l’embargo pétrolier qui lui est imposé depuis qu’il a envahi le Koweit en août 1990, et de participer aux discussions du Conseil de Sécurité relatives aux questions le concernant.
L’offensive diplomatique irakienne est intervenue alors que le Conseil de Sécurité devait se réunir lundi pour examiner l’échec de la mission de trois émissaires de l’ONU à Bagdad la semaine dernière.
Les émissaires — l’Algérien Lakhdar Ibrahimi, le Suédois Jan Eliasson et l’Argentin Emilio Cardenas — avaient vainement tenté de convaincre Bagdad de revenir sur sa décision de rompre avec les experts américains de l’UNSCOM et de les expulser, prise le 29 octobre.
L’Irak n’a pas encore expulsé ces Américains, mais sa décision de ne plus coopérer avec eux a provoqué l’arrêt de facto des activités de l’UNSCOM, qui refuse de mener ses inspections si certains de ses membres en sont exclus.
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a annoncé lundi, après une entrevue avec M. Aziz, que celui-ci avait maintenu le refus de Bagdad de revenir sur l’expulsion des experts américains. M. Annan a toutefois espéré qu’il y aurait «quelque marge de manœuvre durant les prochains jours».
Les Etats-Unis ont cependant affirmé qu’ils «n’attendaient pas grand chose» de la visite à l’ONU de M. Aziz et qu’ils demanderaient des «mesures punitives» au Conseil de Sécurité si Bagdad ne reculait pas.
Tout ce que cette visite apporte, c’est «davantage de retard et de tromperie», a déclaré l’ambassadeur américain Bill Richardson, réaffirmant qu’il n’y avait «pas de négociation» avec l’Irak, et que ce pays devait «respecter les résolutions» de l’ONU.

Réplique

Le porte-parole du département James Rubin a précisé que les Etats-Unis voulaient faire adopter par le Conseil de Sécurité une «résolution ferme» imposant des sanctions supplémentaires contre l’Irak sous la forme d’une limitation des déplacements de ses responsables.
En vertu de la résolution 687 du Conseil de Sécurité, qui fixe les termes du cessez-le-feu de la guerre du Golfe (1991), l’embargo pétrolier imposé à l’Irak ne peut être levé que lorsque l’UNSCOM aura certifié l’élimination de ses armes de destruction massive et de ses missiles d’une portée supérieure à 150 km.
La Maison-Blanche a affirmé que la France et la Russie l’avaient assurée «publiquement et de manière privée» qu’elles soutiendraient «dans l’ensemble» la position américaine lors de la réunion du Conseil de Sécurité.
L’Irak mise, au contraire, sur des divergences entre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, d’une part, la France et la Russie, d’autre part, pour éviter une frappe militaire. Paris et Moscou s’étaient prononcés contre une action militaire, et l’Inde a apporté lundi son soutien à leur position.
L’Irak semble avoir pris le soin de ne pas provoquer lui-même une confrontation militaire, en ne tirant pas sur l’avion U-2 qui a survolé lundi son territoire pendant trois heures. Bagdad, qui avait pourtant menacé d’abattre cet avion espion, a affirmé qu’il était hors de portée de ses batteries.
Le chef de la diplomatie irakienne Mohammad Saïd al-Sahhaf a annoné cependant que son pays «répliquera à cette violation flagrante de son espace aérien», mais n’a pas précisé de quelle manière.
les cours pétroliers ont terminé en baisse hier, les courtiers ayant le sentiment que la réaction aux tensions entre les Etats-Unis et l’Irak était «exagérée». Le prix du baril de Brent (référence de la mer du Nord) s’est établi à 19,55 dollars, en baisse de 22 cents sur la clôture de vendredi. (AFP-Reuters)



Au terme d’une journée agitée à Bagdad où, après le survol du territoire irakien par un avion espion «U-2», des centaines de familles irakiennes — femmes et enfants à l’appui — ont formé un «bouclier humain» à l’intérieur de la résidence de Saddam Hussein dans la capitale «pour le protéger contre les bombardements», le Conseil de Sécurité de l’ONU a...