Après les attentats à la bombe attribués à des agents israéliens Murr annonce des mesures sécuritaires drastiques Demain, ils diront que les libertés sont bafouées, mais la sécurité est plus importance que leur parlote, déclare le ministre

«Demain, «ils» diront que les libertés sont bafouées, mais la sécurité est plus importante que leur parlote», déclare le ministre


Le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, a accusé hier Israël d’avoir commandité les deux attentats aux explosifs qui ont eu lieu lundi et mardi, affirmant que «la main d’Israël est visible» et qu’il existait au Liban «un réseau d’agents israéliens chargés de se livrer à des actions de déstabilisation». . «Il n’y aura pas de pitié pour les coupables qui seront bientôt appréhendés», a-t-il dit en précisant que des progrès ont été enregistrés dans les enquêtes.

M. Murr a présidé hier une réunion extraordinaire du Conseil central de sécurité convoquée à la suite des attentats perpétrés lundi contre l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et le lendemain contre la gare routière Charles Hélou. La réunion s’est déroulée en présence du procureur général près la Cour de cassation, M. Adnane Addoum, du numéro un du parquet militaire, M. Nasri Lahoud, du mohafez de Beyrouth, M. Nicolas Saba, des chefs des différentes services de sécurité relevant de l’armée et des Forces de sécurité intérieure, du directeur de la Sûreté générale, M. Raymond Rouphayel, et du chef des services de renseignements militaires syriens à Beyrouth, le colonel Rostom Ghazalé.
Après la réunion qui a duré trois heures, M. Murr a indiqué que les mesures de sécurité seraient renforcées dans la capitale «même si cela doit entraîner une certaine gêne pour les habitants». «Nous ne voulons pas réprimer les libertés mais il nous faut assurer la sécurité», a-t-il indiqué.
Effectivement, dès hier soir, les forces de sécurité ont fait circuler des patrouilles dans les différents secteurs de la capitale et des barrages fixes ont été installés sur plusieurs axes.
«De la bouche de son ministre de l’Intérieur, Israël a annoncé son intention de transposer la bataille au Liban, a déclaré M. Murr. Les Israéliens vont tenter de mener des opérations de subversion sur le plan de la sécurité. Le Conseil central de sécurité estime que les attentats s’inscrivent dans le cadre des tentatives de déstabilisation que l’ennemi va accomplir au Liban avec l’aide de collaborateurs. Je n’accuse personne, car ces agents se trouvent dans toutes les régions libanaises et non pas seulement dans la capitale».
La discussion a porté sur les moyens de «renforcer la sécurité préventive». «Nous ne devons pas attendre qu’une explosion se produise pour bouger. Nous devons prendre les mesures nécessaires pour empêcher que de nouveaux attentats aient lieu. Nous avons donc demandé aux forces de sécurité de consolider leur déploiement dans la capitale, en banlieue et dans les autres régions, a encore dit le ministre. Je pense que cette décision a déjà été mise à l’oeuvre. Vous pourrez remarquer les patrouilles et les barrages de l’armée et des FSI. Cela se poursuivra nuit et jour. Les effectifs ont été multipliés par cinq pour les besoins de la sécurité préventive. L’activité des différents services de renseignements a également été multipliée par cinq pour collecter des informations qui seront analysées. Les services vont déployer tous leurs agents pour identifier, localiser et démanteler les réseaux de l’ennemi avant qu’ils n’accomplissent leur mission qui est de déstabiliser la sécurité. Nous avons reçu le message des deux attentats et les services ont été mis en alerte dans tous les quartiers. Que personne ne se plaigne et ne dise que les forces de l’ordre gênent les déplacements. Que les citoyens nous excusent s’ils sont indisposés par les patrouilles et les barrages. La gêne pendant une certaine période fixée par les services de sécurité est préférable aux attentats. Nous seront impitoyables avec les collaborateurs et la justice aussi sera sévère. Ne dites pas que la liberté est réprimée. Nous sommes prêts à tout pour sauvegarder la sécurité au Liban. Nous verrons à la lumière des développements le temps que devront durer les mesures de sécurité».
M. Murr a lancé une mise en garde aux «collaborateurs de l’ennemi»: «Les services de sécurité ont le bras long. Personne ne peut les protéger».
Des mesures de sécurité trop sévères ne risquent-elles pas de provoquer un tollé politique dans le pays? «Je suis président du Conseil central de sécurité et je ne parle pas de politique, a répondu M. Murr. Nous ne permettrons pas à la sécurité de se dégrader. Demain, ils diront que les libertés sont bafouées, mais la sécurité est plus importante que leur parlote sur les libertés. Nous en avons eu la preuve pendant la guerre. Pour qu’il y ait une liberté, il faut qu’il y ait une sécurité».
En conclusion et en réponse à une question, M. Murr a déclaré qu’il n’y avait pas de lien entre l’attentat contre l’AUB et celui de la gare Charles Hélou. Les milieux proches de M. Rafic Hariri ont également estimé que les deux explosions n’étaient pas liées.