Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Présidentielles : les vraies réponses restent ailleurs...


Le président Elias Hraoui se disant «fatigué, désirant le repos», les présidentielles anticipées sont-elles désormais à l’ordre du jour? A ce propos, le chef de l’Etat précise que si sa présence à Baabda «constitue un problème» il est tout à fait disposé à approuver «l’organisation d’un scrutin présidentiel avancé… Qu’ils amendent donc la Constitution et qu’ils élisent un président!» conclut-il.
Mais bien entendu, même les enfants des écoles le savent, une décision de cette importance, pour nationale qu’elle soit, ne se prend plus au Liban comme jadis, mais «sur un plan régionalo-international», comme on dit pudiquement. A cette nuance près que, si M. Hraoui devait insister lui-même pour se retirer avant terme, pour des raisons de fatigue affectant son état de santé, on serait bien obligé de lui désigner un remplaçant. Surtout s’il devait prendre l’initiative de proposer lui-même l’amendement de l’article 72 de la Constitution pour qu’on élise son successeur avant l’expiration du délai normal. Autrement, ce sont les fameuses «circonstances» qui feront encore une fois la loi, au gré des décideurs. Et quel que soit le mot d’ordre il sera immédiatement exécuté par la majorité, en Conseil des ministres comme à la Chambre. On notera cependant, entre parenthèses, que la procédure la plus rapide le cas échéant passe par l’Exécutif. En effet, si l’initiative devait venir de la Chambre, cela pourrait prendre beaucoup de temps. Il faudrait d’abord qu’elle vote aux deux tiers de ses constituants une motion signée par dix au moins de ses membres, demandant au gouvernement d’amender la Constitution. Le Cabinet aurait alors un délai de quatre mois pleins pour s’exécuter. S’il n’est pas d’accord — et il doit à son tour se prononcer à la majorité des deux tiers de ses membres —, il peut prier le Parlement de réexaminer la question et à ce moment c’est aux trois quarts des voix de ses membres que l’Assemblée doit confirmer sa requête. Après quoi le mot de la fin revient au président de la République: il peut soit répondre favorablement au vœu des députés, soit demander au Conseil des ministres de dissoudre la Chambre, des législatives devant alors être organisées dans un délai de trois mois. Puis, si la nouvelle législature insiste comme la précédente pour réclamer la révision de la Constitution, le gouvernement est tenu de s’exécuter, mais il a une nouvelle fois quatre mois pour le faire… En bref, si l’on peut dire, cette voie de procédure est trop longue pour être adoptée quand il s’agit justement de raccourcir les délais pour organiser des présidentielles anticipées.
Opter pour la voie exécutive est plus rapide, sauf que le projet d’amendement, qui doit être proposé par le chef de l’Etat, est naturellement bloqué à la source si les deux tiers des membres du Conseil des ministres ne l’approuvent pas. On voit donc combien il peut être parfois commode d’avoir quelqu’un «en haut lieu» qui décide pour vous, combien il est pratique et sécurisant de n’être pas aussi indépendant que cela, comme le savent tous les enfants sous tutelle. Ainsi, si le jeu était libre, on ne saurait pas à l’avance si une proposition d’amendement de la Constitution pourrait passer en Conseil des ministres puis à la Chambre. Il y aurait des tiraillements, des bras de fer, des polémiques, de la tension…
Et si on voit de tels signes se manifester aujourd’hui même sur la scène locale c’est parce que le moment de l’intervention décisive de l’extérieur n’a pas encore sonné. A la limite, il serait touchant de voir la caste politique locale s’agiter si inutilement de la sorte, n’était que cette vaine fébrilité se déploie évidemment aux dépens du traitement des vrais problèmes de l’heure, notamment de la crise socio-économique et des difficultés financières du pays. Au moment où le Trésor coule, où le budget se noie, les pôles d’influence ne songent qu’à se tirer mutuellement dans les pattes, dans la perspective des présidentielles. Le même vain scénario avait eu lieu en 95. Mais malgré la cuisante déconfiture subie alors par l’écrasante majorité des politiciens qui étaient opposés à la prorogation et qui ont dû la voter sur un claquement de doigts, la leçon n’a pas été retenue et on recommence aujourd’hui la même histoire. Avec cette circonstance aggravante que le prix à payer, la Banque centrale qui a dû beaucoup débourser pour soutenir la Livre en sait quelque chose, est beaucoup plus lourd…

E.K.
Le président Elias Hraoui se disant «fatigué, désirant le repos», les présidentielles anticipées sont-elles désormais à l’ordre du jour? A ce propos, le chef de l’Etat précise que si sa présence à Baabda «constitue un problème» il est tout à fait disposé à approuver «l’organisation d’un scrutin présidentiel avancé… Qu’ils amendent donc la Constitution...