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Actualités - ANALYSE

La vraie ligne de partage : les présidentielles

On s’en doute: c’est en fonction des présidentielles de l’an prochain que se définit l’appartenance aujourd’hui à tel ou tel camp politique. Même et surtout par rapport au traitement de la crise socio-économico-budgétaire qui bat son plein.
Ainsi une fraction s’évertue de traiter «le plus efficacement possible» les problèmes de l’heure, même au prix de surtaxes impopulaires, à seule fin de réduire le déficit budgétaire pour que «si jamais les circonstances régionalo-locales devaient imposer la prorogation du mandat de M. Elias Hraoui, l’opinion en accepte l’idée sans trop rechigner.» On ne voit pas en réalité en quoi le fait d’être accablée d’impôts rendrait la population plus indulgente, plus passive ou plus résignée. Toujours est-il que ces «sages», qui veulent tout prévoir alors que jusque là ils ont si mal gouverné, ajoutent qu’au cas «où on pourrait au contraire procéder à l’élection d’un nouveau chef de l’Etat, la passation de pouvoirs se ferait dans un climat stabilisé à tous les plans, ce dont le nouveau régime ne pourrait qu’être reconnaissant au président Hraoui. » Ce souci psycho-affectif, qui n’a pas à dire vrai beaucoup d’intérêt sur le plan public, affecte peut-être les hraouistes mais pas M. Hraoui lui-même. En effet selon un de ses proches du premier carré «le président est loin de songer à ce qu’il adviendra après. Il ne se préoccupe pour l’heure que de la situation financière du pays et de la préservation de sa stabilité. En 1995, quand tout le monde ne débattait que de la prorogation, M. Hraoui pour sa part ne s’inquiétait que de l’état de la Livre et voulait savoir chaque jour dans quelle mesure la Banque centrale intervenait pour protéger la monnaie nationale face au dollar».

Contrepoids

L’autre fraction en lice ne veut pas soutenir la ligne suivie par le gouvernement dans le traitement de la crise socio-économique non seulement parce qu’elle ne lui semble pas techniquement appropriée mais aussi parce qu’elle pourrait déboucher sur la prorogation du mandat de M. Hraoui... Ce qui, de l’avis de ces opposants, pourrait entraîner également, comme en 95, le maintien aux commandes de M. Rafic Hariri que l’on cherche donc à écarter à terme du pouvoir. Ce courant est convaincu qu’un éventuel nouveau régime serait obligé l’an prochain de désigner un autre président du Conseil si le mandat présidentiel actuel se terminait sur une note de crise financière. On pense là que la persistance du mauvais temps économique est de nature à affaiblir les présidents Hraoui et Hariri sur le plan électoral, si l’on peut dire, aussi bien au niveau des présidentielles qu’à celui des prochaines municipales, prévues pour le printemps 89, qui sont également très importantes sur le plan politique.
Le président Nabih Berry s’efforce dès lors de se démarquer des dirigeants de l’Exécutif au sujet du dossier socio-économique. Il se pose en défenseur des classes défavorisées. Le cas échéant il abandonnerait le navire du pouvoir s’il voyait qu’il courait inévitablement au naufrage...
Ce courant estime donc qu’un fiasco du gouvernement sur le plan du traitement de la crise socio-économique représente la meilleure chance pour empêcher le maintien en place jusqu’en l’an 2000 du tandem Hraoui-Hariri et du même coup leur ôterait les moyens de faire entendre leurs voix lors des prochaines présidentielles. On voit que les tendances et les alliances se renversent très vite: il y a moins de deux semaines, c’est le président Hariri lui-même qui sonnait d’avance le glas de la prorogation, thème qui a été repris à la volée par ses propres contempteurs, ce qui le rapproche forcément de Baabda.
Tout est maintenant de savoir qui va l’emporter, quel camp politique... Et à cet égard la bataille qui s’ouvre sous peu à la Chambre sur le thème du «barème numéro neuf» va sans doute être déterminante. Encore que techniquement, comme le notent des députés opposants «à supposer que les surtaxations soient justifiées, encore faut-il que la perception fiscale soit à la hauteur, ce qui est loin d’être prouvé, sans quoi on aura pressuré et fâché le peuple pour rien...» et de rappeler que «la taxe mécanique, sur laquelle le gouvernement mise tout ou presque, n’est à ce jour payée effectivement que par 60% des contribuables (sans que globalement l’Administration puisse endiguer le mal car elle n’a pas les moyens de saisir tous les véhicules en infraction) et la dérobade serait encore plus élevée si cette taxe était fortement relevée. De même il ne servirait à rien de prétendre renforcer les pénalités frappant ceux qui ne paient pas l’électricité ou volent le courant public du moment que l’Etat est incapable de sanctionner des régions entières qui sont en faute... On comprend dès lors, concluent ces parlementaires, pourquoi au début on ne songeait qu’à l’essence, car cette taxe n’a pas besoin d’un service de perception.».

E.K.
On s’en doute: c’est en fonction des présidentielles de l’an prochain que se définit l’appartenance aujourd’hui à tel ou tel camp politique. Même et surtout par rapport au traitement de la crise socio-économico-budgétaire qui bat son plein.Ainsi une fraction s’évertue de traiter «le plus efficacement possible» les problèmes de l’heure, même au prix de surtaxes...