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Actualités - ANALYSE

Les haririens contestent à leur tour le système de la Troïka

De Damas, M. Hariri revient tout à fait satisfait, à en croire ses proches. Il a pu exposer en long, en large et en travers à l’auditeur toujours attentif qu’est le président Assad, son analyse de la crise que traverse le Liban sur le double plan socio-économique et politique, en défendant ses solutions et en exhalant ses griefs.
Sans paraître se douter qu’il y a quelque part contradiction, ces loyalistes confirment que la démarche de M. Hariri à Damas a notamment visé le système de la troïka, en soulignant qu’il induit de constantes querelles entre dirigeants libanais, obligeant chaque fois la Syrie à intervenir en arbitre conciliateur. Le président du Conseil, selon ces sources, a dès lors émis le pressant souhait que l’on modifie la «règle du jeu» de manière à guérir le mal à la racine, sans plus recourir à des tranquillisants qui ne débouchent que sur des trêves plus ou moins prolongées entre les protagonistes locaux.
Entre les lignes, les haririens laissent entendre qu’ils trouvent abusif que le Législatif empiète sur les plates-bandes de l’Exécutif. «Certains, affirment-ils, s’acharnent par leurs immixtions à bloquer le pouvoir de décision, à paralyser le gouvernement. Déjà en 1993 l’on avait fait échouer la tentative d’épuration qui devait donner le coup d’envoi à une indispensable réforme de l’Administration. Dès lors les fonctionnaires pourris ne se sont plus retenus et sont devenus plus voraces, plus impudents que jamais. On ne peut même plus les muter, car ils font facilement jouer toutes sortes de protections politiques. De même il n’a pas été possible de moraliser la vie publique car les pôles d’influence se sont arrangés pour que la loi sur l’enrichissement illicite dite «d’où tiens-tu cela» continue à sommeiller, dans une hibernation qui dure depuis 1953... Le pire peut-être c’est que lorsque nous voulons réfréner les dépenses, d’autres s’arrangent pour les démultiplier; et lorsque, pour compenser leur boulimie, nous tentons d’augmenter les recettes, ils font flèche de tout bois contre nous, en posant aux défenseurs des pauvres qu’ils nous accusent de vouloir pressurer!»

Plaidoyer

«Sur le plan institutionnel, poursuivent ces haririens, il faut comprendre que le système de la troïka si plein de défauts nous a été pratiquement imposé. En effet depuis le tout début il ne nous a pas été permis de mettre sur pied des équipes gouvernementales unies dans une même tâche. Certains éléments devaient faire partie obligatoirement de chaque Cabinet au titre d’un «dosage» qui prenait le pas sur toute autre considération et passait à la trappe le travail étatique. Dès lors, pour contourner le blocage dû à la composition trop hétéroclite du gouvernement, il faut en passer par les accords, les arrangements au sein de la troïka. De plus il fallait chaque fois satisfaire aux demandes des ministres dits inamovibles et accorder à leurs départements les incessants crédits qu’ils réclamaient, sous forme d’avances du Trésor qui finissaient par doubler pratiquement les chiffres de leurs budgets respectifs».
Entrant un peu dans les détails, ces sources précisent qu’il devient «tout à fait urgent, si l’on veut prévenir une implosion des finances publiques, de ne pas dépasser l’an prochain un déficit budgétaire de 37,4%. Le plan d’austérité devra être appliqué avec autant de rigueur que de constance. Plus question d’avances sur le Trésor et si l’on ne peut évidemment pas, en ayant un budget déficitaire, réduire le poids du service de la dette publique (paiement des intérêts), on doit absolument s’arranger pour qu’il n’augmente pas».
Suit ensuite un demi-aveu, vite rattrapé: «C’est vrai, disent les haririens, que l’on a fait au peuple libanais des promesses de prospérité inconsidérées, en misant sur une paix régionale qui n’est pas venue. Mais on a en même temps toujours souligné franchement qu’il y avait de lourds sacrifices à consentir pour effacer les séquelles de la guerre domestique. A part la réhabilitation de l’infrastructure il faut aussi engager, sans doute dans une meilleure transparence, de coûteux projets de développement. Pour cela il faut des fonds, l’emprunt de huit cents millions de dollars est donc nécessaire, et pour l’amortir il n’y a qu’un seul moyen vraiment solide: augmenter les impôts et en créer de nouveaux».
Le tout est de savoir dans quelles limites, dans quels créneaux car, à part les mouvements de rejet populaire que cela peut provoquer, on ne peut oublier qu’une augmentation fiscale sur des produits de base est fatalement inflationniste. Et qui dit inflation dit appauvrissement mais aussi finances publiques encore plus malsaines...

E.K.
De Damas, M. Hariri revient tout à fait satisfait, à en croire ses proches. Il a pu exposer en long, en large et en travers à l’auditeur toujours attentif qu’est le président Assad, son analyse de la crise que traverse le Liban sur le double plan socio-économique et politique, en défendant ses solutions et en exhalant ses griefs.Sans paraître se douter qu’il y a quelque...