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Actualités - CHRONOLOGIE

Hraoui et Hariri s'efforcent de dépassionner le débat budgétaire Le conseil des ministres a approuvé l'ouverture du capital de Solidère aux capitaux étrangers (photo)


Le Conseil des ministres a approuvé l’ouverture du
capital de Solidere aux capitaux étrangers


Les contacts intensifs entrepris depuis plusieurs jours entre les trois principaux pôles du pouvoir, et auxquels Damas est étroitement mêlée, ont réussi à dépassionner le débat sur le budget. Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, semble ainsi avoir marqué un point dans cette bataille. Rappelant que le projet de Budget 1998 a été adopté par le gouvernement «à l’unanimité», les milieux proches de M. Hariri affirment qu’il appartient désormais à ceux qui le rejettent de trouver les ressources qui empêcheront le déficit budgétaire de dépasser les 37,5% qui leur est prévu.

Ces propos ont été tenus à la suite d’une réunion de travail entre M. Hariri, le président de l’Assemblée et le chef de l’Etat au palais de Baabda. C’est à l’initiative du chef de l’Etat que la troïka s’est reformée, après deux semaines de tension due au torpillage en Conseil des ministres du projet d’emprunt de 800 millions de dollars. Une séance de travail de quatre heures, entrecoupée d’un déjeuner, a suivi cette rencontre, entamée vers 12h30.
A l’issue de la réunion, la parole a été laissée à M. Hariri, qui a déclaré que deux points ont fait l’unanimité: la nécessité d’un budget d’austérité et celle de ne pas dépasser le pourcentage prévu pour le déficit. «De ce fait, a dit M. Hariri, je ne pense pas qu’il y aura de nouvelles dépenses, et toute réduction des recettes devra être compensée par d’autres ressources».
«Voici les règles qui commanderont le débat sur le budget, a ajouté M. Hariri. Nous avons quatre mois pour le faire. Ne brûlons donc pas les étapes, et favorisons un débat tranquille et objectif. C’est d’ailleurs également l’avis du chef de l’Etat et du président de l’Assemblée».
Le chef du gouvernement a défendu, par ailleurs, le principe de réunions de concertations entre les trois présidents. «C’est le cas dans toutes les démocraties», a-t-il ajouté, précisant que cela ne signifie pas «le retour de la troïka», cette «entente cordiale» entre les trois présidents qui court-circuitait le rôle des institutions qu’ils président.
Selon les milieux proches de M. Berry, la réunion de «franche explication» avec M. Hariri a porté ses fruits, et tous les sujets de friction entre les deux hommes ont été évoqués, certains accompagnés de reproches. Sur le fond, le style de gouvernement et l’administration des choses publiques dans leur ensemble ont été brièvement examinés, sous réserve d’être plus longuement étudiés au cours de séances de travail ultérieures. La date de la prochaine séance parlementaire consacrée aux questions et interpellations des députés a également été abordée.
M. Berry s’est défendu par ailleurs de vouloir se prêter à nouveau au jeu de la troïka et a affirmé que les institutions doivent fonctionner conformément à leur vocation.
En ce qui concerne le problème des taxes indirectes, il demeure entier et des recettes de remplacement doivent nécessairement être trouvées, notamment aux taxes mécaniques inacceptables.
Recevant en soirée le chef de la CGTL, M. Ghanim Zoghbi, M. Berry a notamment examiné avec ce dernier le moyen de financer l’augmentation de 20% des traitements,dans le secteur public, à partir du 1er janvier 1996, et dont le coût est estimé à 600 milliards de L.L. Ce relèvement, dont le principe est acquis, il serait trop injuste, selon M. Berry, de le retarder davantage. Et les taxes qui doivent en assurer les fonds ont la priorité sur d’autres.
M. Berry pense aussi, globalement, que le pourrissement administratif a atteint un point tel que de sérieuses réformes sont à considérer. Des échéances politiques et administratives ont également été évoquées, mais M. Berry a décliné une proposition de M. Hariri de les aborder au cours d’un sommet élargi avec les responsables syriens, estimant que ces affaires doivent et peuvent être réglées par les Libanais entre eux.

Le Conseil des ministres

Rendant compte des travaux du Conseil des ministres, l’après-midi, le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, a repris les principes énoncés le matin par M. Hariri. Citant le chef du gouvernement, il a plaidé en faveur de la politique économique suivie — réhabilitation de l’infrastructure, dépenses destinées à corriger les séquelles de la guerre sur le plan des services et des prestations sociales. «Aujourd’hui, a-t-il ajouté, le temps de l’austérité est venu, ainsi que celui de la perception des recettes et leur augmentation. M. Hariri est favorable à la création d’un organisme formé de spécialistes, dont la fonction sera de suivre de près la perception des recettes. Le chef du gouvernement a également encouragé le développement de la Direction de la statistique et celui de l’Inspection centrale. Le Conseil des ministres pourvoira, la semaine prochaine, à la présidence de l’Inspection centrale, vacante depuis des mois, et à une place vacante au sein du conseil général de discipline», a-t-il conclu.
Par ailleurs, le Conseil des ministres a approuvé deux points importants de son ordre du jour: l’ouverture aux étrangers du capital de Solidere (articles 9 et 19 des statuts de la société immobilière pour la reconstruction du centre-ville), dans le cadre des lois en vigueur, et la création d’une zone franche à l’aéroport.
Par contre, il a reporté l’adjudication à des sociétés d’études des sections de l’autoroute arabe.

Critiques de l’opposition

L’assurance affichée par le chef du gouvernement est injustifiée, affirme de son côté l’opposition parlementaire, qui estime que «la crédibilité» de M. Hariri est désormais «largement entamée».
Selon M. Nassib Lahoud, l’un des ténors de l’opposition parlementaire, «nos problèmes de trésorerie sont en grande partie dus aux prévisions inexactes du gouvernement. C’est ainsi que l’impôt sur le revenu, qui devait rapporter cette année 600 millions de dollars, n’en a rapporté que 150 millions, soit 25% des recettes prévues». Et M. Lahoud de rappeler que le gouvernement avait décidé de barrer de ses dépenses les sommes dues au titre de la subvention du fuel de l’ EDL, sous prétexte que les quittances allaient être collectées à 100% avant la fin de l’année, chose dont l’office est encore bien loin, c’est le moins qu’on puisse dire. «Aucun des chiffres avancés par le gouvernement ne s’est vérifié, a poursuivi M. Lahoud, et le déficit de 37% prévu a dépassé aujourd’hui les 50%».
Par ailleurs, M. Lahoud a accusé le gouvernement de «mentir» à la population. C’est ainsi que les recettes de la taxe mécanique inscrites à l’annexe 9 du projet de Budget 1998 rapporteront non pas les 275 milliards de L.L escomptés par le gouvernement, mais plus de 500 milliards.
«Le grand cheval de bataille de l’opposition, a ajouté M. Lahoud, sera la mise en pièces d’un système fiscal injuste que le gouvernement s’obstine à mettre en place, un système qui évolue en direction d’une plus grande injustice encore dans la répartition des impôts, alors que le pourcentage des recettes obtenues grâce aux impôts directs, par rapport aux recettes totales, est de 9%.
«On ne peut pas bâtir une société sur un système aussi injuste, a conclu M. Lahoud. On ne peut pas continuer à imposer des taxes indirectes, sans imposer, parallèlement, des taxes directes, comme par exemple une taxe sur la plus-value foncière».
Les propos de M. Lahoud illustrent la tendance dominante au sein de l’Assemblée nationale, où l’on ne croit plus aux promesses de M. Hariri, mais aux chiffres, et notamment à l’arrêt du gaspillage et à la perception intégrale des quittances, taxes et impôts, clés de l’égalité fiscale de tous les Libanais et base du renflouement de ce panier percé qu’est le Trésor.
Le Conseil des ministres a approuvé l’ouverture ducapital de Solidere aux capitaux étrangersLes contacts intensifs entrepris depuis plusieurs jours entre les trois principaux pôles du pouvoir, et auxquels Damas est étroitement mêlée, ont réussi à dépassionner le débat sur le budget. Le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, semble ainsi avoir marqué un point dans cette...