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Actualités - CHRONOLOGIE

La querelle des taxes Hraoui réunit ce matin Berry et Hariri Le chef du gouvernement reçu hier pendant 4 heures par Assad (photo)

LE CHEF DU GOUVERNEMENT REÇU HIER PENDANT 4 HEURES PAR ASSAD

Quatre heures d’entretien de M. Rafic Hariri avec le chef de l’Etat syrien. Trois entretiens avec le vice-président syrien: mardi soir et hier, avant et après le tête-à-tête avec le président Hafez el-Assad. Il n’en fallait pas plus pour alimenter les spéculations sur la gravité de la crise politique interne qui oppose le chef du gouvernement au président de la Chambre, M. Nabih Berry.
Mais les spéculateurs en ont été pour leurs frais. A son retour de Damas, en début de soirée,une discrétion totale a été observée par le chef du gouvernement sur la teneur de ses entretiens. Un communiqué publié à Damas, à l’issue de cette visite, n’a pas vraiment éclairé l’opinion. M. Hariri a évoqué en particulier «l’importance d’une consultation et d’une coordination suivies entre le Liban et la Syrie sur tous les plans», « la consolidation des rangs nationaux» au Liban et «le renforcement de la solidarité arabe(...) face aux défis lancés par Israël». Une égale discrétion a été observée par le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, au sujet des entretiens de Damas, auxquels il a assisté en partie.
En tout état de cause, les rumeurs au sujet d’éventuels remaniements ministériels resteront hypothétiques, en attendant l’adoption du Budget, qui commencera à être débattu en commission parlementaire à partir du mardi qui suivra le 15 octobre.
A son retour, le chef du gouvernement a reçu un appel téléphonique du chef de l’Etat, qui l’a convié à une réunion de travail, à midi, au palais présidentiel, en même temps que M. Nabih Berry. Les observateurs y ont vu, sans grande surprise, une résurrection de la troïka du pouvoir, que le président de l’Assemblée avait «enterrée» il y a quelques mois. La réunion sera suivie d’un déjeuner de travail.

Hostilité et indignation

Le chef de l’Etat tentera de rapprocher les points de vue divergents de MM. Hariri et Berry au sujet du projet de budget de 1998, et des taxes qui l’accompagnent. Ces taxes, notamment l’augmentation de la taxe mécanique, ont été accueillies avec hostilité et indignation aussi bien par les députés que par les syndicats (voir aussi pageS 2 et 3).
Dans une conférence de presse, M. Nassib Lahoud a dénoncé la lourdeur de la nouvelle taxe mécanique qui, selon lui, équivaut à l’imposition d’une surtaxe de 8.000 L.L. sur le bidon d’essence, et augmente de 1200% la taxe mécanique sur certains véhicules. Selon M. Lahoud, la nouvelle taxe mécanique figurant à l’annexe 9 du budget génèrera quelque 550 milliards de L.L., et non pas 300 milliards, comme l’affirme le gouvernement.
Le député du Metn a également dénoncé une taxe douanière de 2% instaurée par le gouvernement par décret, sur toutes les denrées importées, à l’exception des carburants, et dont les recettes sont comprises dans le calcul du budget.
Le ministre d’Etat chargé des Finances, M. Fouad Siniora, a contesté «la rigueur» du chiffre avancé par M. Lahoud, et fixé à 275 milliards de L.L. les recettes de la taxe mécanique.
Dans les milieux parlementaires, on assure que les taux exorbitants de la taxe mécanique seront revus à la baisse, de même peut-être que les droits d’inscription à l’Université libanaise. Compte tenu des délais traditionnels auxquels son examen est soumis, le projet de budget 1998 ne serait pas approuvé avant fin janvier 1998, relève-t-on dans les milieux cités.
Les divergences entre MM. Hariri et Berry portent sur la politique fiscale du gouvernement et son impact sur la situation sociale. Comme beaucoup de parlementaires, et parmi eux bien des députés du bloc de M. Hariri, M. Berry conteste le recours quasi-exclusif du gouvernement aux taxes indirectes, pour renflouer le Trésor. Dans le même temps, MM. Hariri et Berry sont d’accord pour tenter de serrer au plus près le chiffre de 37,5% retenu par le gouvernement pour le déficit annuel prévu. L’opposition est donc mise au défi de trouver des sources de revenus de substitut, afin que le déficit annuel du Trésor ne s’aggrave pas.
Cette dernière question ouvre, à son tour, celle de la manière dont sont conduites les affaires publiques, depuis quelques années, et qui ressemble trop à la manière dont sont conduites les affaires tout court. MM. Farès Boueiz et Khalil Hraoui, respectivement ministre des Affaires étrangères et président de la commission des Finances, ont tous deux soulevé la nécessité d’une réforme administrative sérieuse, qui mette un terme au pillage du Trésor, pudiquement appelé «gaspillage», dont le principal instrument sont les accords de gré à gré, échappant à tout contrôle administratif. Le premier l’a fait au cours d’un meeting, le second dans un entretien avec le chef de l’Etat. Ce dernier, assure M. Hraoui, est convaincu de la nécessité de cette réforme, et se déclare prêt à appuyer tout effort en ce sens.

Réforme administrative

Les partisans de ce point de vue considèrent que les nouvelles ressources assurées par le fisc se volatiseront, comme les autres, si une réforme administrative sérieuse n’est pas entreprise, parallèlement. Ils voient également dans l’arrêt du gaspillage le moyen de faire des économies considérables, et de percevoir l’intégralité des taxes et impôts, qui favoriseront un climat de confiance entre gouvernants et gouvernés, et rendront moins lourdes d’éventuelles taxes supplémentaires.
Selon M. Khalil Hraoui, en outre, toute nouvelle taxe devrait répondre à trois critères: être facile à percevoir, équitable et significative. Ainsi, indépendamment de l’équité, le président de la commission des Finances ne voit pas de raison financière suffisante à la taxe sur l’U.L., qui n’apportera pas grand chose au Trésor. Selon lui, la moindre action en direction d’un assainissement de la situation des différentes «caisses», sera tout aussi bénéfique pour le Trésor, sinon plus.
En tout état de cause, la politique gouvernementale sera soumise, à partir de mardi prochain, à de sévères critiques. La Chambre se réunit, à partir de cette date, pour deux séances consacrées, l’une, à 11 interpellations et 44 questions parlementaires, et l’autre à une séance de légifération. Nulle doute que l’opposition ne mette à profit la première séance pour s’en prendre au gouvernement.
Dans les milieux proches de M. Hariri, on se montre malgré tout confiants. Certes, même dans le domaine économique qui lui est réservé, à l’exclusion des domaines politique et de sécurité, le chef du gouvernement voit sa marge de manœuvre se rétrécir, en raison de l’impact social de sa politique économique. Toutefois, M. Hariri sait parfaitement que sa position à la tête du gouvernement n’est pas contestée, et que toutes les divergences qui se font jour s’inscrivent dans le cadre d’un jeu dont ses adversaires même connaissent les limites.
LE CHEF DU GOUVERNEMENT REÇU HIER PENDANT 4 HEURES PAR ASSADQuatre heures d’entretien de M. Rafic Hariri avec le chef de l’Etat syrien. Trois entretiens avec le vice-président syrien: mardi soir et hier, avant et après le tête-à-tête avec le président Hafez el-Assad. Il n’en fallait pas plus pour alimenter les spéculations sur la gravité de la crise politique interne qui...