La Ligue maronite dénonce le style provocateur du chef du PSP

Le Conseil exécutif de la Ligue maronite a dénoncé hier «le style provocateur» du ministre des Déplacés Walid Joumblatt et a accusé les pouvoirs politique et judiciaire de faire preuve de laxisme à ce sujet.
Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion présidée par son président, l’ancien député Pierre Hélou, le conseil exécutif de la Ligue «condamne le style provocateur auquel a recours le ministre Joumblatt depuis quelque temps et ses tentatives visant à replacer le pays dans l’ambiance de 1975, par l’appel aux instincts confessionnels».
Le Conseil estime que les pouvoirs politique et judiciaire doivent assumer la responsabilité du comportement de M. Joumblatt et non pas «fermer les yeux».
La Ligue maronite s’en prend notamment aux «menaces de M. Joumblatt de fermer son ministère comme si celui-ci était son bien personnel». Le ministre avait fait récemment une déclaration en ce sens, arguant du fait qu’il ne disposait pas de fonds.
Accusant le chef du Parti socialiste progressiste d’appliquer une «politique d’épicier» à la tête de son département, la Ligue rappelle que la question du retour des familles déplacées est «une priorité définie par Taëf et inscrite dans la Constitution».
«Par conséquent, le Conseil de la Ligue ne tolère pas que le principe du retour des populations déplacées soit lié à l’humeur» de M. Joumblatt, ajoute le communiqué, rejetant en outre «le chantage exercé par certains responsables pour faire passer des impôts qui constitueraient pour les classes laborieuses un poids insoutenable».

«Chantage politique»

De son côté, le père Saad Nemr, supérieur de l’Ordre des moines mariamites, a qualifié d’«incorrects» les propos de M. Joumblatt selon lesquels le programme du retour des familles déplacées n’englobe que les zones chrétiennes.
M. Joumblatt avait indiqué mercredi qu’il comptait procéder à un réexamen de ce programme.
Dans une déclaration faite à l’issue d’un entretien avec le chef du Parlement Nabih Berry, le père Nemr a souligné que si les chrétiens avaient eu droit à la partie des montants consacrés au dossier des populations déplacées, ils seraient retournés en masse chez eux.
A la question de savoir pourquoi M. Joumblatt tenait de tels propos, le père Nemr a répondu: «Nous sommes aujourd’hui dans une situation où il y a du chantage politique et des tiraillements».
Selon lui, il faudrait que les responsables parviennent, sur la question des populations déplacées, à «s’éloigner des climats politiciens et à tenter de redonner à l’homme sa dignité».