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Actualités - ANALYSE

Toufayli, un phénomène à ressort...

Sans être tout à fait comparable à un yoyo, le phénomène Toufayli obéit à d’étranges mouvements alternés de haut en bas et vice-versa. Comme un bouchon de pêche à la ligne qui plane en surface un temps puis plonge frénétiquement avec des soubresauts, quand le poisson a mordu. On peut aussi parler d’un diablotin de farces et attrapes qui jaillirait sur commande de sa boîte à malice ou encore d’un spectacle stroboscopique d’ombres chinoises: hop hop, une fois tu le vois, une fois tu ne le vois pas...
Ainsi le «cheikh rouge» de Baalbeck, après une petite période de discrétion, «sur ordre», se remet brusquement et brutalement en avant en reprenant ses attaques contre l’ordre établi. Cette éruption volcanique, Toufayli l’explique en affirmant que son «mouvement des affamés» constate que le délai de grâce laissé aux autorités pour qu’elles viennent au secours des régions déshéritées s’est écoulé sans que rien ne soit fait. Mais en réalité l’ancien secrétaire général du Hezbollah avait publiquement fixé «la trêve» au 13 septembre. S’il a devancé verbalement cette date, c’est sans doute à cause du fait que le «plan de développement» proposé en faveur de Baalbeck-Hermel comme du Akkar par le président Rafic Hariri (qui voulait emprunter à cet effet un milliard de dollars et faire flamber le prix de l’essence...) a été gelé par le Conseil des ministres.

Nouveau défi

Samedi prochain — si on le laisse faire et là est toute la question —, Toufayli devra relancer, à l’en croire, sa «révolte des affamés». Il veut essayer de la transposer progressivement hors du cadre natal de Baalbeck, la tentative précédente effectuée dans le Akkar s’étant soldée comme on sait par un échec. Le cheikh veut gagner les abords de la capitale, le vivier de la banlieue-sud vers lequel il ne s’est pas encore aventuré car c’est le fief de l’intégrisme classique incarné par le Hezbollah dont lui-même se démarque désormais.
C’est donc pour préparer le terrain sur le plan populaire et politique qu’avec une rare virulence le leader contestataire s’en prend aux autorités officielles. Il semble «avoir bouffé du lion» comme on dit, expression tout à fait adéquate en l’occurrence, puisqu’elle laisse penser qu’il a le feu vert des décideurs dont le bon vouloir conditionne de toute évidence tout mouvement de la sorte, à l’ombre d’un Taëf qui a réprimé jusque-là toute manif «légale» des syndicats pour fermer les yeux sur tout meeting illégal.
Le pouvoir se trouve donc devant un nouveau défi. Plus précisément, il appartient au ministère de l’Intérieur, à la disposition duquel le Conseil des ministres a mis les forces armées, de réagir. Un test d’autant plus crucial que le ministre titulaire, M. Michel Murr, se trouve être également vice-président du Conseil et sera à ce titre, entre ce 10 au soir et demain 11 également au soir, seul en charge du pays, en l’absence de la troïka présidentielle dont les membres se trouveront respectivement au Brésil, en France et en Roumanie.
M. Murr appliquera-t-il enfin la loi à Toufayli et lui interdira-t-il de réunir un meeting? Pourra-t-on voir le parquet poursuivre de son côté le dignitaire religieux pour les appels à la subversion qu’il reprend, pour ses attaques contre l’ordre établi, pour sa volonté de renverser le chef de l’Etat et de «casser les plus grandes têtes»? Thémis, qu’on représente les yeux bandés, un glaive à la main et de l’autre tenant une balance, deviendrait-elle aussi sourde et muette?
On verra, si l’on peut dire. Et en tout cas, dès ce mercredi, M. Murr doit en principe présider une réunion du Conseil de sécurité intérieure, pour décider de ce qu’il faudra faire le 13 à Baalbeck.

Ph.A.-A.
Sans être tout à fait comparable à un yoyo, le phénomène Toufayli obéit à d’étranges mouvements alternés de haut en bas et vice-versa. Comme un bouchon de pêche à la ligne qui plane en surface un temps puis plonge frénétiquement avec des soubresauts, quand le poisson a mordu. On peut aussi parler d’un diablotin de farces et attrapes qui jaillirait sur commande de sa...