Alors que les israéliens procèdent à des rafles parmi les sympathiques islamistes L'autorité palestinienne arrête 35 militants de la branche armée du Hamas

L’Autorité palestinienne a annoncé hier une série d’arrestations dans les rangs de la branche armée du Hamas, avant la première tournée au Proche-Orient du secrétaire d’Etat américain Madeleine Albright.
Mais Israël, qui a mis au rencart le processus de paix en arguant que l’Autorité autonome de M. Yasser Arafat ne faisait rien contre le terrorisme, a affirmé qu’il n’était «pas impressionné» par ces rafles, et les forces de sécurité israélienne ont procédé elles-mêmes à l’arrestation de 64 Palestiniens dans la région de Jénine et autour de Ramallah, soupçonnés d’être liés au Hamas.
Selon un haut responsable de la sécurité palestinienne, parlant sous le couvert de l’anonymat, ce sont 35 militants d’Ezzeddine al-Kassam, la branche armée du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), qui ont été appréhendés samedi et dimanche en Cisjordanie.
C’est la première fois depuis des mois que la sécurité palestinienne s’en prend directement à la branche armée du Hamas, qui a revendiqué les deux attentats à la bombe.
Cependant, la sécurité palestinienne a expliqué que les personnes arrêtées n’étaient pas soupçonnées d’être directement liées aux attentats de Jérusalem et qu’elles ne figuraient pas sur une liste de 150 militants dont Israël a exigé l’arrestation.
Le porte-parole du gouvernement israélien, Moshé Fogel, a accusé l’Autorité palestinienne de vouloir induire en erreur Mme Albright, qui soutient les demandes israéliennes d’une plus grande répression des intégristes armés.
«Nous n’avons aucune indication qu’ils (les Palestiniens) ont changé leur politique et qu’ils vont commencer à appliquer une politique sérieuse et déterminée contre le terrorisme», a-t-il dit.
«Nous craignons qu’ils cherchent à donner une impression à court terme, à la lumière de la prochaine visite d’Albright. Quand ce sera dans leur intérêt, ils vont les libérer. C’est le principe de la porte tournante», a ajouté M. Fogel.

«Efforts insuffisants...»

Le gouvernement de M. Benjamin Netanyahu a officiellement gelé l’application des accords d’autonomie, tant que l’Autorité palestinienne n’aurait pas fourni des efforts jugés par lui suffisants dans la lutte antiterroriste.
Mais les Palestiniens ont rétorqué hier qu’il leur était impossible de reprendre une véritable coopération sécuritaire avec Israël tant que M. Netanyahu poursuivrait la politique qui a conduit droit à la crise, notamment avec l’intensification de la colonisation juive des territoires.
«Ce n’est pas suffisant de reprendre simplement la coopération sécuritaire», a déclaré le chef de la sécurité préventive palestinienne dans la bande de Gaza, M. Mohammad Dahlane. «Il faut reprendre tout le processus de paix, car la coopération sécuritaire est liée à l’ensemble du processus politique», a-t-il dit.
Les efforts déployés par M. Dennis Ross, l’envoyé spécial américain dépêché en août dernier au Proche-Orient pour renouer la coopération sécuritaire israélo-palestinienne, ont été réduits à néant par le dernier attentat de Jérusalem.
M. Netanyahu a annulé les réunions régulières mises en place par M. Ross entre les services israéliens et palestiniens de sécurité, sous la supervision des Etats-Unis.
Même l’enquête sur le dernier attentat n’est pas coordonnée, selon M. Dahlane, «Ils ne nous ont transmis aucune information sérieuse» sur l’attaque, a-t-il dit.
Signe de la dégradation des relations, Israël a ressorti des tiroirs une demande d’extradition visant le chef de la police palestinienne, le général Ghazi Jabali, soupçonné d’avoir encouragé certains de ses hommes à attaquer des colons juifs. (AFP)