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Actualités - DISCOURS

Le président brésilien a affirmé à Hraoui la volonté de son pays d'accroître sa collaboration avec Beyrouth Cardoso pour un Liban libéré de toute interférence (photo)

Le président brésilien Fernando Henrique Cardoso s’est prononcé à Brasilia devant le chef de l’Etat Elias Hraoui pour un Liban «libéré de toute interférence» et capable de reprendre son rôle de «pont entre l’Occident, d’un côté, l’Asie et le monde arabe, de l’autre».

M. Cardoso a tenu ces propos dans un discours qu’il a prononcé au cours d’un dîner officiel qu’il a offert mardi soir (mercredi matin heure de Beyrouth) en l’honneur de M. Hraoui, au deuxième jour de la visite d’Etat de dix jours que ce dernier effectue au Brésil.
M. Cardoso a commencé son allocution par souligner que la présence de M. Hraoui à Brasilia revêtait «un sens très particulier».
«Elle rappelle l’amitié extraordinaire qui existe entre deux pays distants géographiquement mais proches compte tenu de la profondeur des relations humaines et des liens d’affection qui se sont tissés entre deux peuples et que seule l’immigration est capable de créer», a-t-il dit, soulignant que «le Brésil doit beaucoup à sa communauté libanaise, dont les membres sont plus nombreux au Brésil que partout ailleurs dans le monde».
«C’est un privilège pour nous de posséder autant de descendants de Libnais qui, avec talent et dévouement, ont participé à la construction de notre grand pays. Dans tous les secteurs — le commerce, l’industrie, la culture et la politique — la présence libanaise s’est traduite par du progrès et du bien-être pour le peuple du Brésil. Nous sommes redevables à nos frères libanais», a ajouté le chef de l’Etat brésilien.
«Aujourd’hui, un nouvel essor dans les rapports entre nos deux pays fait l’objet d’une fierté justifiée de notre part: la présence d’un important contingent de Brésiliens qui retourneront au Liban participer à la tâche de reconstruction de leur pays d’origine, et qui renforceront ainsi les liens qui existent déjà entre nous», a-t-il poursuivi.

«Le Liban, un
exemple pour
le monde»

M. Cardoso a encore dit: «Nous avons suivi avec admiration et avec intérêt l’effort de reconstruction nationale et la réinsertion du Liban dans les relations internationales. Nous sommes les témoins de la saga d’un peuple courageux et conscient du fait que la promesse d’un avenir de paix et de liberté demande, avant toute chose, la volonté et la capacité de dépasser les différences afin d’accéder à un vrai progrès matériel et spirituel».
Selon lui, «le Liban peut être considéré comme un exemple pour sa région et pour le monde. Il montre que la vraie paix durable doit être bâtie sur la tolérance et la concorde. Qu’il ne peut y avoir de bonheur possible qui repose sur la souffrance des autres. Qu’il ne peut y avoir de liberté sans la reconnaissance des droits de tous, sans distinction de race ni de croyance». «Le Brésil, en tant que nation aux origines très diversifiées, connaît par expérience la valeur de la diversité et de la tolérance», a-t-il souligné, indiquant que son pays «ne veut pas être le simple observateur de cette grande œuvre de courage entreprise par le peuple libanais».
«Avec la force de notre amitié, nous voulons aider le Liban à vivre à nouveau dans la paix et dans la prospérité, pour qu’il puisse redevenir le pôle de diffusion de culture, de commerce, la plaque tournante entre les civilisations, la frontière ouverte entre l’Occident et l’Orient», a-t-il lancé.
«Pour être à la hauteur de ce défi, pour concrétiser l’amitié existante entre ces deux peuples qui forment une immense famille, le Brésil tient à donner un nouvel élan au partenariat qu’il développe avec le Liban. C’est d’ailleurs une des grandes lignes de notre diplomatie. C’est justement pour apporter un message fraternel de solidarité et d’amitié du peuple brésilien au peuple libanais que j’ai tenu à envoyer le chancelier Luiz Felipe Lampreia au Liban, en février 1997», a-t-il rappelé.
Selon lui, «cette visite est à l’origine de la consolidation de nos relations, dont l’essor décisif du côté libanais a eu lieu à l’occasion des visites au Brésil du premier ministre Rafic Hariri, en 1995, et du président de l’Assemblée, Nabih Berry, l’année dernière».
Il a estimé que «ce programme commun d’échanges de visites reflète la volonté politique des deux gouvernements d’approfondir les relations si spéciales qui existent entre le Brésil et le Liban».
«Il y a moins d’un mois, le président de la Chambre des députés, mon ami le député Michel Temer — une des grandes personnalités publiques brésiliennes — a conduit une mission parlementaire de la plus haute importance au Liban. Nous pensons renforcer ainsi une relation qui va bien au-delà des sphères de l’Exécutif et qui chaque fois engage plus les agents politiques et économiques brésiliens dans le processus de reconstruction en cours au Liban», a-t-il ajouté.
«Nous avons envoyé une délégation de haut niveau à la conférence des Amis du Liban qui s’est déroulée à Washington, l’année dernière, et nous sommes en train de travailler pour mettre sur pied une coopération qui s’inscrit avec succès au sein des efforts du gouvernement libanais», a poursuivi M. Cardoso.
«Nous ferons tout ce qui sera en notre pouvoir pour accroître notre collaboration avec le Liban», a-t-il annoncé.

La paix

«Nous sommes pleinement conscients du fait que le développement économique et social du Liban passe obligatoirement par la pérennisation de la paix», a toutefois souligné le président brésilien.
«C’est pour cela que le Brésil s’est manifesté dans toutes les tribunes internationales en faveur de l’application de la résolution 425 du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Le gouvernement brésilien réitère — et cette fois-ci d’une manière solennelle devant vous, monsieur le président — son appui total aux aspirations légitimes de souveraineté et d’indépendance nationale du peuple libanais», a-t-il déclaré.
«Nous souhaitons que le Liban, une fois libéré de toute interférence, puisse consolider son processus de réconciliation nationale et reprenne pleinement le rôle qui lui incombe sur la scène régionale et internationale: celui de pont entre l’Occident, d’un côté, l”Asie et le monde arabe, de l’autre», a-t-il indiqué.
«Mais le Liban retrouvera difficilement le chemin de la paix tant que le Moyen-Orient sera sous le joug des conflits et de l’intolérance. Dans ce but, le Brésil tente de soutenir, dans la mesure de ses possibilités, le processus de paix. Nous avons défendu l’application rigoureuse des résolutions 242 et 338 du Conseil de Sécurité et des principes établis lors de la conférence de Madrid ainsi que dans les accords d’Oslo qui, ensemble, forment les prémices d’une paix juste, globale et durable étendue à tous les peuples et les Etats de la région», a encore déclaré M. Cardoso.
«Nous continuerons à travailler avec force, dans toutes les commissions internationales et auprès de tous nos interlocuteurs, en faveur de la paix au Proche-Orient. La paix transformera la région en une région de progrès, de richesse et de bien-être pour tous ses habitants ainsi qu’en un pôle d’attraction pour le monde entier», selon lui.
«J’ai l’intention de me rendre personnellement au Liban, l’année prochaine, pour apporter ces messages au peuple et au gouvernement libanais et répondre ainsi à l’invitation que vous m’avez très gentiment adressée», a-t-il conclu.

L’allocution
de Hraoui

Prenant la parole à son tour, M. Hraoui a rappelé l’importance des «liens d’amitié et de la communauté d’intérêts» entre les deux pays depuis que le premier flot d’immigrés libanais a débarqué au Brésil, vers 1830.
Le chef de l’Etat a invité les Brésiliens à «participer à la renaissance du Liban» et indiqué que les hommes d’affaires libanais pouvaient, de leur côté, prendre part à des projets d’investissements au Brésil.
Appelant au renforcement du rôle de l’ONU et à «la modernisation de sa charte, de sorte qu’elle puisse mener à bien sa mission», M. Hraoui a indiqué que le Liban appuyait le droit du Brésil à devenir membre permanent au Conseil de Sécurité.
«Nous rendons hommage à votre soutien permanent en faveur de la libération du territoire libanais de l’occupation israélienne par l’application des résolutions internationales et nous souhaitons de votre part encore plus d’appui pour que le Liban recouvre sa souveraineté jusqu’à la frontière internationale», a-t-il poursuivi, précisant qu’il n’était «pas question pour le Liban de céder un pouce de son territoire».

Projets
d’accords
judiciaires et agricoles

Par ailleurs, parallèlement aux activités du chef de l’Etat, qui est accompagné d’une importante délégation ministérielle, les ministres de la Justice et de l’Agriculture Bahige Tabbarah et Chawki Fakhoury ont rencontré leurs homologues respectifs et ont examiné avec eux des projets d’accords entre les deux pays dans ces deux domaines.
En matière de justice, quatre projets ont été étudiés, portant sur les affaires civiles, les questions pénales, l’extradition des personnes poursuivies et l’échange de prisonniers.
Un projet d’accord de coopération agricole a en outre été étudié, comportant une assistance technique multiforme du Brésil au Liban, notamment en matière de recherches, de culture des produits tropicaux, d’industrie de la viande et de mécanisation agricole.
Sur un autre plan, la Première Dame du Liban, Mme Mona Hraoui, qui accompagne son époux durant sa visite d’Etat, a rencontré son homologue brésilienne Ruth Cardoso au palais présidentiel à Brasilia et s’est entretenue avec elle d’activités humanitaires.
Le président brésilien Fernando Henrique Cardoso s’est prononcé à Brasilia devant le chef de l’Etat Elias Hraoui pour un Liban «libéré de toute interférence» et capable de reprendre son rôle de «pont entre l’Occident, d’un côté, l’Asie et le monde arabe, de l’autre».M. Cardoso a tenu ces propos dans un discours qu’il a prononcé au cours d’un dîner...