Kadhafi : Clinton n'est pas méchant

Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a rendu hommage au président américain Bill Clinton en dépit du conflit entre les deux pays, estimant notamment que M. Clinton n’était «pas un méchant».
«Clinton n’est pas un méchant et n’est pas animé par une quelconque haine. C’est un jeune d’un petit Etat des Etats-Unis (l’Arkansas)», a déclaré M. Kadhafi dans une interview de trois heures diffusée par la télévision libyenne et des chaînes de télévision arabes par satellite.
Le dirigeant libyen, pourtant connu pour ses fréquentes diatribes contre les Etats-Unis et l’Occident, avait déjà estimé, il y a quelques mois, que M. Clinton était «un homme bon».
M. Kadhafi, s’est, en revanche, déchaîné contre l’ancien président américain Ronald Reagan, soutenant que celui-ci était animé d’une «violente haine contre» sa personne.
Il a «remercié Dieu que Ronald Reagan soit maintenant atteint d’une grave maladie», dans une référence à la maladie d’Alzheimer dont souffre l’ancien chef de l’Exécutif américain, qui avait ordonné le bombardement de Tripoli et d’une autre ville libyenne, Benghazi (nord), à la suite d’un attentat terroriste anti-américain à Berlin en 1986, attribué aux services libyens.
Les Etats-Unis sont les principaux partisans de l’imposition d’un embargo aérien et diplomatique international contre la Libye par le Conseil de Sécurité de l’ONU depuis 1992 en raison de ses réticences à coopérer dans l’enquête sur l’attentat contre un avion de la PanAm au-dessus de Lockerbie en Ecosse en 1988 (270 morts).
Dans son interview, le «numéro un» libyen a soutenu, une nouvelle fois, que les Indiens d’Amérique «étaient venus de la péninsule arabique et de Libye».
«Historiquement, le mouvement des populations est dans le sens est-ouest. Les Arabes se sont rendus en Europe par l’Asie Mineure après la fin de la période glaciaire et ils ont gagné ensuite l’Amérique», a-t-il prétendu.
Commentant, par ailleurs, la situation en Turquie, M. Kadhafi s’est apitoyé sur le sort de l’ancien premier ministre islamiste Necmettin Erbakan, écarté du pouvoir sous la pression de l’armée en juin dernier.
«Pauvre Erbakan», a-t-il dit. «Le pouvoir en Turquie est aux mains des militaires et la vie politique n’est qu’une vaste scène de théâtre».
Les relations entre Tripoli et Ankara ont été mises à rude épreuve en 1996 au cours d’une visite en Libye de M. Erbakan, devant lequel le colonel Kadhafi avait déclaré que la Turquie était «l’esclave des Etats-Unis» et plaidé pour un Etat kurde indépendant.
L’entretien télévisé du colonel Kadhafi a été recueilli dans le cadre de la préparation des festivités du 28e anniversaire du coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir le 1er septembre 1969, mettant un terme au règne de la dynastie royale des Senoussi. (AFP)