Pan Pan Sécu, c'est toute dire

Un chèque de six mille livres!... Ce n’est pas la snobissime Fangalouza qui règle ainsi ses menues dépenses. Et d’ailleurs au-dessous de 10.000 L.L. pour les pourboires, cette généreuse redistributrice de la fortune de son infortuné conjoint n’ouvre pas son clapoir de réticule. Non, c’est Dame Sécu le signataire de ce chèque ridicule. La pauvre veuve qui en hérite, en attendait dix fois plus, pour un examen de la vésicule. Elle n’ira pas le toucher, elle aurait honte, dit-elle. Sur ce point elle n’a pas tout à fait raison: son droit, aussi minime, aussi réduit qu’il soit, il faut le percevoir. Avoir l’air mendiant, qui s’en fait encore quand les hyper-grands ne craignent pas d’aller au dehors tendre la main, pour recevoir un coup de pied quelque part...
Par contre ces misérables 6.000 L.L., même quand on crève la faim, cela ne vaut pas la peine de courir après: c’est un véritable calvaire qu’il faut subir à la banque qui les rembourse. Devant le guichet réservé à la Sécu, une queue à faire pâlir d’envie Aliboron ou le Baron Ali, alias Cassius Clay du temps qu’il pouvait encore bander les muscles. Ce chauffeur de taxi qui a touché 67.000 L.L. pour une facture de fracture de 340.000 L.L. a attendu son tour de 7 heures du mat à 2 heures de l’aprème. Et il a dû retourner le lendemain: on lui demandait photocopie de tous ses papiers, carte d’identité, certificat de vaccination et casier judiciaire! Au préposé qui cigarette au bec faisait nonchalamment défiler la clientèle, il a demandé s’il ne voulait pas aussi l’extrait de naissance de sa grand-mère...

J.I.