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Actualités - CHRONOLOGIE

Reprise du dialogue Syrie-Israël : tout dépendra d'Albright

Les signes d’une relance des pourparlers de paix entre la Syrie et Israël se multiplient, alors que le secrétaire d’Etat Madeleine Albright prévoit d’effectuer, probablement début septembre, son premier voyage au Proche-Orient, et alors qu’une délégation d’Arabes israéliens vient d’effectuer une visite à Damas. Mais en définitive, indique-t-on de diverses sources concordantes, tout dépendra des progrès qui seront accomplis à la faveur de la tournée du chef de la diplomatie US dont les efforts, confirme-t-on, seront axés sur les deux dossiers israélo-palestinien et syro-israélien.

Selon des informations persistantes de la presse israélienne, officiellement démenties mais confirmées par un haut fonctionnaire sous couvert d’anonymat, Benjamin Netanyahu a convié le président syrien Hafez el-Assad à engager des pourparlers «pragmatiques», fondés sur le principe d’un retrait du Golan proportionnel à l’ampleur d’arrangements de sécurité que la Syrie serait disposée à conclure. Le chef du gouvernement israélien reprend ainsi à son compte une formule de son prédécesseur défunt Yitzhak Rabin, relancée il y a quelque temps par le successeur de celui-ci à la tête du Parti travailliste Ehud Barak.
Un éventuel accord suivant cette formule porterait sur la normalisation des relations bilatérales, des accords sur le partage des ressources en eau et enfin sur des arrangements de sécurité.
Ouvertement sceptique sur la possibilité d’une paix durable et réelle au Proche-Orient, M. Netanyahu croit à «un équilibre des forces». Dans un discours prononcé jeudi à Tel-Aviv, il avait affirmé que «le seul garant de la paix, c’est la puissance, économique et militaire».

Messages

La tendance à une reprise du dialogue entre les deux parties a été amorcée à l’occasion de la visite, très médiatisée, cette semaine à Damas d’une délégation d’Arabes israéliens.
A son retour, le député travailliste arabe israélien Nawaf Massalha a transmis au gouvernement israélien un message du chef de la diplomatie syrienne Farouk el-Chareh, rapporte vendredi le «Yediot Aharonot».
«Nous voulons une paix réelle assurant la sécurité de tous les peuples de la région, et souhaitons que le premier ministre (Benjamin Netanyahu) et l’opposition s’unissent autour du processus de paix», indique M. el-Chareh dans ce message.
M. Massalha faisait partie de la délégation de cinquante Arabes israéliens, composée de maires, intellectuels, journalistes et cinq autres députés arabes israéliens de la Knesset. Geste sans précédent, ils ont été reçus par le président syrien Hafez el-Assad qui leur a longuement parlé de «la nécessité de s’unir pour gagner la bataille de la paix».
Cette délégation avait obtenu avant son départ le feu vert du ministre israélien du Tourisme, Moshé Katzav, et le chef de l’opposition travailliste Ehud Barak l’avait chargée de remettre un message de paix de sa part aux dirigeants syriens.
Selon un autre membre de la délégation, le député Salah Tarif, «le principal message est que les autorités syriennes veulent une paix véritable. Mais le président el-Assad a clairement dit qu’avec «Bibi», cela va être difficile de faire la paix».
«Je crois que le message du président el-Assad, de son ministre des Affaires étrangères et du peuple syrien est clair, à savoir qu’ils sont prêts à reconnaître Israël et à conclure un accord de paix basé sur le principe d’une vraie paix contre un véritable retrait», a déclaré de son côté le député israélien Abdel-Wahab Daraouché, qui a regretté que Benjamin Netanyahu ignore les signes de «souplesse» de Damas.
«Le problème est ici, en Israël. Nous n’avons pas un premier ministre ni un gouvernement qui soient prêts à accueillir un message de paix de la Syrie, quel qu’il soit. Le président el-Assad lui-même a dit qu’il pouvait faire la paix avec Ehud Barak et qu’il croit pouvoir poursuivre avec lui les négociations entreprises avec Pérès et Rabin».

Washington calme le jeu

Réagissant à ces propos, David Bar-Illan, porte-parole de Netanyahu, a déclaré: «Nous sommes désireux de négocier avec chacun de nos voisins et nous attendons avec impatience le jour où ils comprendront que s’ils ne négocient pas avec nous ils ne négocieront avec personne».
Hier, les Etats-Unis ont minimisé les propos de l’ambassadeur d’Israël selon lesquels la Syrie procéderait à des acquisitions massives d’armement pour se préparer à une guerre.
«Nous ne pensons pas qu’Israël ait perdu son avance qualitative sur la Syrie», a déclaré le porte-parole du département d’Etat James Rubin.
L’ambassadeur d’Israël Eliahu Ben-Elissar avait indiqué à la presse que le plus grand danger pour Israël ne venait pas du terrorisme, mais des Syriens.
«Je n’ai rien vu de tel dans tout ce que j’ai observé», a déclaré le porte-parole du département d’Etat, à qui l’on demandait s’il considérait que la Syrie se préparait à une guerre.
Le prédécesseur de Ben-Elissar, Itamar Rabinovitch, qui avait dirigé les négociations avec les Syriens, estime pour sa part que «la Syrie, à l’instar de l’Egypte, de la Jordanie et de l’Autorité palestinienne, entend désormais étendre son influence sur la scène politique intérieure d’Israël en jouant de la carte des Arabes israéliens afin de se donner une image positive».
Martin Kramer, directeur de l’institut d’études stratégiques Dayan de l’Université de Tel-Aviv, appuie ce point de vue. «M. el-Assad peut ainsi à bon compte maintenir un dialogue indirect avec Israël, qui a au moins l’avantage d’éviter un dérapage vers la guerre», souligne-t-il.
Selon son collègue Mark Heller, du même institut, la Syrie s’inquiète du rapprochement militaire israélo-turc et de la priorité donnée par les Américains au volet israélo-palestinen du processus de paix. (AFP, Reuter)
Les signes d’une relance des pourparlers de paix entre la Syrie et Israël se multiplient, alors que le secrétaire d’Etat Madeleine Albright prévoit d’effectuer, probablement début septembre, son premier voyage au Proche-Orient, et alors qu’une délégation d’Arabes israéliens vient d’effectuer une visite à Damas. Mais en définitive, indique-t-on de diverses sources...