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Actualités - ANALYSE

Un repli tactique assez étrange à première vue

Saïdoun a mis en émoi le Landernau local. Que signifie ce redéploiement de l’Armée du Liban-Sud, qui abandonne sans coup férir sept villages de la région de Jezzine, à un moment où la situation est aussi tendue au Sud comme dans la région... Comme ni les Israéliens ni leurs auxiliaires n’ont voulu donner d’explications, on se perd en conjectures à Beyrouth où l’on avoue qu’on ne s’attendait pas du tout à ce retrait. Les responsables ont multiplié les contacts entre eux pour analyser les nouvelles donnes et voir ce qu’il faut faire pour parer à toute éventualité. Ils se sont mis d’accord pour éviter de prendre publiquement position pour le moment, par crainte que le départ des trente miliciens de Lahd ne soit un piège. Ce qui ne serait pas étonnant dans une conjoncture tendue dont la gravité a été soulignée par l’ambassadeur des Etats-Unis M. Richard Jones qui s’en est ouvert au ministre des Affaires étrangères M. Farès Boueiz dans une récente conversation téléphonique. D’ailleurs le chef de l’Etat et le président du Conseil ont également souligné dans leurs dernières interventions publiques la gravité de la situation au Sud, en laissant filtrer la crainte que les Israéliens ne se lancent dans une nouvelle opération militaire d’envergure genre «raisins de la colère». Dans un tel cadre le soudain repli lahdiste équivaudrait à reculer pour mieux sauter...
En tout cas la décision est a priori étrange car elle semble entrer en contradiction avec le dernier durcissement israélo-lahdiste, ces deux parties refusant (par les bombes, qui ont touché le village d’enfants S.O.S. de Sfaray) la réouverture de la voie de passage de Kfarfalous.
Sur le plan psychologique, la manœuvre vise à déstabiliser encore plus une population déjà aux abois, contre laquelle tous les éléments — intégristes et occupants — semblent s’allier sans qu’elle sache pourquoi. Les attentats des intégristes avaient eu pour conséquence de pousser les gens à l’exode vers l’intérieur où, comble des combles, ils étaient cueillis par les services, interpellés, incarcérés, accueillis en traîtres, en collaborateurs d’un ennemi dont il venait de fuir la zone! Prenant le relais, les lahdistes laissent sept villages sans couverture sécuritaire (pour illégitime qu’elle soit) et les assurances des fondamentalistes qu’ils vont les laisser en paix ne suffisent évidemment pas à rassurer des gens qui en ont entendu et vu d’autres... On notera que personne ne semble penser que le vide pourrait être simplement comblé par les autorités libanaises légales. C’est qu’à diverses reprises, elles ont fait savoir qu’elles récusent un cadeau partiel, insistent pour le tout ou rien et tiennent à ce que le retrait se fasse en base de la 425, globalement et inconditionnellement... Cela non seulement pour une question de principe, mais aussi pour éviter le piège consistant à mettre en vis-à-vis l’armée et la résistance, du moment que celle-ci doit normalement continuer à opérer tant qu’un pouce du territoire national reste occupé.
Toujours est-il que les intentions israéliennes n’étant toujours pas dévoilées, du moins sur le terrain, on peut se demander si cette affaire de Saïdoun n’est pas tout simplement, tout bêtement une disposition interne de l’ALS prise à des fins de sécurité ou d’économie. La décision peut également traduire les difficultés d’une milice qui commencerait à manquer de personnel.
Ph.A.-A.
Saïdoun a mis en émoi le Landernau local. Que signifie ce redéploiement de l’Armée du Liban-Sud, qui abandonne sans coup férir sept villages de la région de Jezzine, à un moment où la situation est aussi tendue au Sud comme dans la région... Comme ni les Israéliens ni leurs auxiliaires n’ont voulu donner d’explications, on se perd en conjectures à Beyrouth où l’on...