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Actualités - CHRONOLOGIE

Proche-Orient : l'inquiétude gagne l'occident

Affrontements directs à la frontière libano-israélienne, crise à vif entre Palestiniens et Israéliens: l’inquiétude au sujet d’un processus de paix qui semble maintenant proche de l’implosion, malgré la multiplication des initiatives diplomatiques, s’est brusquement accrue hier et a gagné les milieux occidentaux.
A Washington, le département d’Etat a ainsi appelé toutes les parties prenantes dans les affrontements au Liban-Sud, y compris la Syrie, à «faire preuve de la plus grande modération». Le porte-parole du département James Rubin a précisé que cette position avait été transmise aux Syriens dans un «message verbal». «Ils sont au courant de notre position et ils ont compris le besoin de modération», a-t-il ajouté.
Les autres parties concernées sont le Liban et Israël, les Etats-Unis n’ayant pas de contact avec le Hezbollah, a-t-il précisé.
M. Rubin a souligné que les responsables des tirs de roquettes avaient violé les accords d’avril 1996, mais il ne s’est pas prononcé sur une éventuelle responsabilité d’Israël, dont les tirs de riposte ont touché des civils libanais. Il n’est pas prouvé que les Israéliens aient délibérément visé des civils libanais, a-t-il fait valoir. C’est au Comité international pour le Liban-Sud de se prononcer à ce sujet, a-t-il ajouté.
M. Rubin a enfin déclaré que Washington «condamnait» les tirs de Katioucha contre Israël et «craignait qu’ils ne débouchent sur une escalade de la violence dans la région».
La situation avait franchi hier un palier supplémentaire à la frontière méridionale, où des roquettes Katioucha se sont abattues sur le nord de l’Etat hébreu, tandis que la tension entre Palestiniens et Israéliens continuait de préoccuper les acteurs du processus de paix.
L’épisode des Katioucha d’hier est d’autant plus préoccupant que c’est la première fois depuis la conclusion de l’arrangement d’avril 1996, censé protéger la population civile, que la ville de Kiryat Shmona est la cible d’une attaque aux roquettes.
Si le Hezbollah, par la bouche de son secrétaire général cheikh Hassan Nasrallah, a catégoriquement démenti être à l’origine des tirs, Israël reste persuadé que l’attaque contre Kiryat Shmona est l’œuvre du mouvement islamiste. «Le Hezbollah a porté un coup à l’accord de cessez-le-feu», a ainsi affirmé hier le ministre israélien de la Défense Yitzhak Mordehaï, en déplacement dans le nord d’Israël.
La France, membre du comité de surveillance du cessez-le-feu, a appelé hier «toutes les parties à la plus grande retenue». «L’escalade de la situation au Liban-Sud, causée par la multiplication des actes de violence, suscite notre vive préoccupation», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Inquiétude générale
à l’ONU

Parallèlement, Israéliens et Palestiniens, qui poursuivent de plus belle leurs échanges d’accusations, ont suscité une inquiétude générale à l’ONU où tous les membres du Conseil de Sécurité, y compris Washington, se sont engagés à faire le maximum pour les ramener à la table de négociations.
Dans des déclarations à la presse à l’issue de nouvelles consultations informelles sur le sujet, l’ambassadeur britannique, John Weston, qui préside actuellement le Conseil de Sécurité, a déclaré que les 15 membres n’étaient parvenus à aucune «conclusion ou décision», malgré «l’inquiétude générale».
Mais «nous sommes tous d’accord sur l’importance absolue de reprendre le processus de paix et la nécessité d’une mise en œuvre, dans les temps, des accords déjà conclus», a dit Sir John.
«Tout le monde est aussi d’accord sur la nécessité de déployer tous les efforts en vue de ramener les parties à la table de négociations. Tous les membres du Conseil se sont pleinement engagés à atteindre cet objectif», a-t-il ajouté.
Laissant entendre que les approches pouvaient être différentes au sein du Conseil, le diplomate britannique a essayé «d’identifier des éléments» mentionnés lors de la «discussion» entamée au début de la semaine.
«Dans le désordre», il a cité «une inquiétude générale devant la détérioration de la situation au Moyen-Orient, la réaffirmation des condamnations des attentats du 30 juillet à Jérusalem, qui, à nos yeux, renforce l’urgence d’une reprise des négociations» et la nécessité pour les parties de «s’engager sans conditions à empêcher de nouvelles violences et à coopérer pleinement en matière de sécurité».
Une certaine inquiétude a également été exprimée «à propos des récentes actions et mesures prises par Israël, y compris les restrictions dans le mouvement des personnes et des biens et le gel des transferts financiers, qui menace d’imposer des épreuves sévères, y compris économiques, aux Palestiniens», a ajouté Sir John.
Comme une journaliste égyptienne s’indignait de l’absence de «condamnation» des mesures israéliennes, le président du Conseil a dit qu’il «n’allait pas changer les mots qu’il avait utilisés». Il n’y a «pas unanimité» sur cette question, a-t-il poursuivi.
La délégation américaine au Conseil de Sécurité de l’ONU est généralement hostile à tout examen de la question israélo-palestinienne par cette instance.

La guerre des mots

Gelé depuis la mise en chantier en mars dernier d’une implantation juive dans le quartier arabe de Jérusalem, le dialogue israélo-palestinien s’est mué en guerre des mots depuis le double attentat-suicide de Jérusalem-Ouest. Le président palestinien, Yasser Arafat, qui a assimilé le bouclage des territoires autonomes à une «déclaration de guerre» et demandé à la population de «se préparer à toute éventualité», a espéré hier que l’émissaire américain parviendrait à stopper «cette punition collective que le gouvernement israélien impose au peuple palestinien».
Quant à l’Union européenne, qui aspire à un rôle accru dans la région, elle a annoncé par la voix du ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, M. Jacques Poos, qu’elle tenterait de convaincre l’Etat hébreu du caractère «contre-productif» des mesures prises à l’encontre des Palestiniens.
Gage apparent de bonne volonté, l’armée israélienne a partiellement assoupli hier le bouclage de Naplouse et Jéricho et rouvert à la circulation le pont Allenby, en direction de la Jordanie. Mais de nouvelles déclarations pour le moins brutales attribuées au premier ministre israélien — qui, selon le Yediot Aharonot, aurait comparé en privé Yasser Arafat à Saddam Hussein — et l’autorisation donnée par le ministère de la Défense au lancement des travaux de construction dans l’enclave juive de Hébron, laissent peu de marges aux démarches diplomatiques à venir.

Affrontements directs à la frontière libano-israélienne, crise à vif entre Palestiniens et Israéliens: l’inquiétude au sujet d’un processus de paix qui semble maintenant proche de l’implosion, malgré la multiplication des initiatives diplomatiques, s’est brusquement accrue hier et a gagné les milieux occidentaux.A Washington, le département d’Etat a ainsi appelé...