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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Le ministre préconise une révision radicale de la politique de santé Frangié met en garde contre un alourdissement des charges fiscales (photo)

Le ministre de la Santé, M. Sleiman Frangié, a mis en garde contre de nouveaux impôts, estimant que le peuple ne peut pas supporter un alourdissement des charges fiscales. Il s’est aussi prononcé pour le renforcement de la coopération entre les organisations non gouvernementales et le ministère de la Santé, dans le but d’alléger les charges qui accablent les couches les moins favorisées de la population. M. Frangié s’est toutefois étendu davantage sur l’hospitalisation au cours d’un séminaire qui a traité du problème que présente le coût de l’hospitalisation au Liban.

A l’ouverture, samedi, du Centre permanent d’opthalmologie à l’hôpital el-Bourji, à Amioun, dans le Koura, M. Frangié a mis l’accent sur la crise socio-économique qui secoue le pays et qui est appelée, selon lui, à s’exacerber «dans un proche avenir». Il a souligné à titre d’exemple, dans ce cadre, que les charges médicales, au même titre que la facture d’hospitalisation assumée par son département, suivent une courbe sans cesse ascendante.
M. Frangié a préconisé quatre solutions de base pour le règlement de cette crise: suivre une politique d’austérité, mettre un terme à la dilapidation des fonds publics, collecter de manière équitable l’argent dû à l’Etat et dynamiser les organes de contrôle. Le ministre a mis en garde contre la politique qui consiste à fixer sans cesse de nouveaux impôts pour renflouer le Trésor et à considérer que l’impôt constitue la seule rentrée pour l’Etat. «Le peuple ne peut plus supporter davantage d’impôts et de problèmes», a-t-il dit, indiquant qu’«en attendant un règlement de la crise économique, il est indispensable que la coopération entre les ONG et le ministère de la Santé soit consolidée en vue de réduire les charges qui accablent les couches les moins favorisées de la population».

Le séminaire d’Ehden

Auparavant dans la journée, dans l’allocution qu’il avait prononcée à l’ouverture du séminaire sur le coût de l’hospitalisation au Liban, M. Frangié avait précisé que les dépenses sur la santé au Liban représentent 9% du revenu national, en se basant sur une étude établie par son département conjointement avec l’OMS et la Banque mondiale.
Le séminaire a été organisé à Ehden en présence des présidents de l’Ordre des médecins et du syndicat des propriétaires d’hôpitaux, et de représentants des ministères de la Défense, des Finances, du Commerce et de l’Economie, de l’Habitat et des Coopératives ainsi que des sociétés d’assurances.
Après avoir souligné que son département, tout comme les hôpitaux, ne peut plus assumer le coût des dépenses de santé, M. Frangié a déclaré que la facture d’hospitalisation payée par son département s’élève à 250 millions de dollars par an. «Depuis que nous avons pris en charge ce département, nous avons réussi à réduire un peu le coût de ces factures», a-t-il dit, indiquant par ailleurs que le problème que pose le paiement des arriérés aux hôpitaux privés est en voie de règlement. Il a toutefois reconnu que le problème se pose toujours avec la Coopérative de l’armée qui doit des sommes énormes aux établissements hospitaliers privés. Rappelant que cette affaire avait été examinée en Conseil des ministres, M. Frangié a indiqué que «le chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, avait emprunté le somme d’un milliard de livres pour payer les factures» de l’armée.
M. Frangié a ensuite relevé que l’augmentation des dépenses sur la santé ne s’est pas accompagnée d’une amélioration des services dans ce domaine, avant d’expliquer que ces dépenses sont appelées à augmenter au cas où la politique de santé, suivie aujourd’hui, serait maintenue.
Le ministre a annoncé que son département est sur le point d’achever un projet de réforme de la politique de santé dans le pays, assurant que les recommandations du séminaire seront prises en considération. Celles-ci ont été annoncées en fin de journée. Auparavant, le président du syndicat des hôpitaux, le Dr Fawzi Adaïmi, avait lui aussi mis l’accent sur le coût élevé des dépenses de santé. Il a toutefois donné des chiffres supérieurs à ceux qui ont été avancés par le ministre.
Selon M. Adaïmi, ces dépenses représentent «entre 11% à 15% du revenu national». Elles représentent 12% du revenu national des Etats-Unis, 9% de celui de la France, 6% de celui de la Grande-Bretagne et 7% de celui du Japon, a-t-il précisé, soulignant que ces chiffres ont poussé ces quatre pays à réviser radicalement leur politique dans le domaine de la santé. «Nous dépensons des centaines de milliards de livres par an dans ce même domaine sans que nous ne constations une amélioration de la santé de la population. Et la facture va sans cesse croissant. Comment pourra-t-on réduire ces dépenses?»

Les recommandations

Une ébauche de solutions a été proposée par les participants au séminaire et a été annoncée au terme des ateliers de travail, sous forme de recommandations. Celles-ci sont, grosso modo, les suivantes:
— Généraliser la couverture médicale et l’étendre aux travailleurs étrangers. Celle-ci doit être obligatoire et sera concrétisée par l’octroi de la carte de santé. La couverture sera ensuite étendue au domaine de l’art dentaire, des soins à domicile, des soins infirmiers.
— Réviser le coût de l’hospitalisation suivant la qualité des soins donnés et former des commissions de contrôle de qualité dans chaque hôpital.
— Déterminer et développer les instruments de couverture des frais d’hospitalisation.
— Soutenir les caisses d’entraide médicale et les encourager à collaborer ensemble dans le cadre d’une Union technique des caisses d’entraide qui sera placée sous la tutelle du ministère de l’Habitat et des Coopératives.
— Unifier l’action des caisses officielles de sécurité à travers la dynamisation de la CNSS.
— Soutenir la mutuelle des hôpitaux et créer d’autres pour tous les secteurs de la santé.
— Multiplier les écoles d’infirmières.
— Soutenir le Bureau des médicaments et adopter la liste des médicaments fondamentaux établie par l’Organisation mondiale de la santé.
— Etablir des centres hospitaliers touristiques (cures et autres activités) et des centres de convalescence.
— Développer les hôpitaux gouvernementaux en même temps que les établissements hospitaliers privés.
— Réactiver le Conseil supérieur de la santé qui supervisera l’exécution et le développement d’une politique efficace de santé.
— Demander que des prêts à faible taux d’intérêt soient assurés au secteur hospitalier.
Le ministre de la Santé, M. Sleiman Frangié, a mis en garde contre de nouveaux impôts, estimant que le peuple ne peut pas supporter un alourdissement des charges fiscales. Il s’est aussi prononcé pour le renforcement de la coopération entre les organisations non gouvernementales et le ministère de la Santé, dans le but d’alléger les charges qui accablent les couches les...