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Actualités - ANALYSE

La levée de l'embargo US : une portée économique liée au processus de paix...

Jamais contents... Après la levée de l’embargo U.S., des officiels de chez nous se demandent «pourquoi les Américains ont tant tardé à prendre cette décision»!
A vrai dire, mis à part le caractère grognon d’une réaction qui aurait dû être dominée par la satisfaction, il est évident que le cadeau aurait pu intervenir beaucoup plus tôt, vu que la situation politique et sécuritaire est ici la même depuis des années. Dans la même logique on peut d’ailleurs estimer que rien n’ayant changé, l’interdiction faite aux ressortissants américains de se rendre au Liban pouvait tout aussi bien être maintenue...
Se faisant un peu l’avocat du diable, en l’occurrence de Shultz — qui voulait surtout venger le fiasco de son accord du 17 mai —, un ancien ministre affirme que «Washington avait décrété, au milieu des années quatre-vingts l’embargo parce que l’insécurité régnait effectivement dans un Liban qui en outre suivait une politique qui ne lui plaisait pas... Cet interdit pouvait alors être considéré comme une forme de pression pour amener le Liban à améliorer et sa sécurité et sa politique. Bien sûr, l’Administration U.S. suivait de près le dossier libanais tout au long des années et se trouvait en mesure d’évaluer avec précision la situation à chaque échéance semestrielle de réexamen de la sanction prise. Tout aussi évidemment, les Libanais n’ont cessé de déployer toutes sortes d’efforts et de démarches, par tous les canaux possibles et imaginables, pour faire lever l’embargo. Il faut reconnaître sur ce point que M. Rafic Hariri, mieux placé sans doute que quiconque avant lui grâce à son entregent, a utilisé au mieux ses bonnes relations avec les hauts dirigeants américains. Mais il faut souligner le rôle également important joué par le lobby libanais qui a notamment fait bouger sénateurs et congressmen, ces derniers bombardant l’Administration de motions réclamant son indulgence pour le Liban. On peut enfin citer, comme témoins utiles, les délégations ou particuliers américains qui ont pu venir ici pour certifier ensuite que la sécurité n’y prête plus à inquiétude... Une impression de normalisation confirmée au fil des années par mille faits, dont on peut citer parmi les plus récents les législatives de 96, la visite du pape en mai dernier, les Jeux panarabes de juillet, les festivals de Beit-Méry, de Beiteddine et de Baalbeck... Il faut dire aussi, poursuit cet ancien responsable, que les Américains devaient se montrer conséquents avec eux-mêmes: ils ne pouvaient pas organiser chez eux, en décembre 96, un forum pour le Liban et maintenir à l’égard de ce pays des dispositions inamicales... Surtout que leur propre écot, dans l’enveloppe de plus de 3 milliards de dollars promise lors de ce congrès, ne dépasse pas les 22 millions de dollars, moins qu’une aumône. Un manque de générosité qui devait donc être compensé par autre chose, à savoir la levée de l’embargo».
Et de relever ensuite qu’«il est cependant heureux, si l’on peut dire, que la décision ait été proclamée juste avant l’attentat de Jérusalem car à quelques heures d’intervalle, elle aurait certainement été suspendue... Pour être précis, on peut toutefois souligner que la normalisation effectuée nous aurait été beaucoup plus profitable sur le plan économique si la situation régionale n’était pas bloquée et si l’on était en train de se rapprocher de la paix. Il est clair en effet que, par la volonté même de notre pouvoir, notre dossier est désormais lié à un règlement global dans la région et qu’avant le retrait israélien du Sud, personne ne placera un sou chez nous et personne ne nous donnera l’assistance de fond que nous attendons pour mener à bien notre redressement économique. Sur le plan théorique, la levée de l’embargo prend cependant valeur de symbole, tout comme le forum de New York, en confirmant que le Liban réintègre dans la région la cohorte des pays «normaux» et qu’il est guéri de son mal».
Tout comme M. Nabih Berry qui n’a cessé de le dire, cette source souligne ensuite que «l’annulation de l’interdiction de gagner le Liban sert beaucoup, à bien y regarder, l’intérêt des Etats-Unis, plus exactement de leurs ressortissants, de leurs entreprises, de leurs compagnies qui peuvent désormais décrocher des contrats ou pénétrer le marché libanais, tremplin du marché arabe, sans s’astreindre à de coûteuses contorsions, via des prête-noms ou des sociétés fantômes... Mais répétons-le encore une fois, le capital U.S. ne sera disposé à investir vraiment au Liban qu’une fois la paix conclue dans la région. D’ici là, les Américains pourraient pointer le nez simplement pour décrocher quelques adjudications sur le marché de la reconstruction ou de la réhabilitation de l’infrastructure libanaise. Mais cela ne s’appelle pas investir...».

E.K.
Jamais contents... Après la levée de l’embargo U.S., des officiels de chez nous se demandent «pourquoi les Américains ont tant tardé à prendre cette décision»!A vrai dire, mis à part le caractère grognon d’une réaction qui aurait dû être dominée par la satisfaction, il est évident que le cadeau aurait pu intervenir beaucoup plus tôt, vu que la situation politique et...