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Actualités - CHRONOLOGIE

Le cabinet Netanyahu interdit provisoirement le projet de Ras Al-Amoud

Les Libanais ont obtenu un répit: le Conseil des ministres n’a pas adopté, lors de sa réunion hier, «des mesures impopulaires» (selon les propres termes du président Rafic Hariri) concernant l’augmentation du prix de l’essence et de certains autres produits de consommation. Un grand nombre de ministres se sont en effet opposés au plan proposé par le premier ministre visant à assurer les fonds nécessaires aux projets de développement prévus dans les régions et au financement du retour des déplacés. M. Hariri a lui-même qualifié ses propositions d’«impopulaires», précisant toutefois qu’elles étaient «inévitables pour faire face aux échéances auxquelles nous devons faire face». Il a assuré que son plan donnera «sûrement des résultats populaires à l’avenir». Quoi qu’il en soit, la plupart des ministres présents hier au palais de Baabda se sont montrés réticents à l’égard de ces propositions. Et, après un long débat, il a été décidé de reporter «à des réunions ultérieures l’adoption du plan».
Le gouvernement a par ailleurs adopté un plan présenté par le ministre de l’Environnement, M. Akram Chéhayeb, visant à exproprier les carrières désaffectées pour les réhabiliter en y enfouissant les ordures d’une manière conforme aux règles sanitaires et écologiques. Il a chargé le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) de déterminer les moyens susceptibles de régler le problème des déchets industriels et médicaux.

Discussion animée

La question de l’augmentation de certaines taxes dans le cadre d’une nouvelle stratégie financière a donc fait l’objet d’une discussion animée. M. Hariri a commencé par exposer les détails de cette stratégie dont les principaux objectifs sont les suivants:
— Accélérer le retour des déplacés en assurant les fonds nécessaires au règlement de ce problème vital.
— Développer les régions déshéritées, notamment Baalbeck-Hermel et le Akkar.
— Elargir la base de l’enseignement public et technique dans toutes les régions.
— Assurer les moyens nécessaires pour faire face aux agressions israéliennes au Liban-Sud et dans la Békaa.
— Améliorer les transports publics.
— Trouver les fonds nécessaires pour régler les factures des hôpitaux.
Selon le ministre de l’Information, M. Bassem el-Sabeh, M. Hariri a déclaré que, devant cette situation, le gouvernement peut adopter trois positions: laisser tomber ce plan et tourner la page définitivement; continuer la politique actuelle consistant à faire tourner la planche à billets, accentuant ainsi le déficit budgétaire et aggravant la dette; enfin, le Conseil des ministres peut demander au Parlement l’autorisation d’émettre des bons du Trésor en dollars à longue échéance. Les sommes collectées seraient partagées comme suit:
— 50 millions de dollars pour le Liban-Sud et la Békaa.
— 50 millions de dollars pour les transports publics.
— 100 millions de dollars pour les écoles publiques.
— 100 millions de dollars pour les écoles techniques.
— 200 millions de dollars pour les frais d’hospitalisation.
— 250 millions de dollars pour le retour des déplacés.
— 250 millions de dollars pour les régions déshéritées.

Des bons du Trésor
à 30 ans

M. Hariri a précisé que les contacts établis par le Liban avec des institutions internationales ont montré que les bons du Trésor pourraient être émis à 10, 15 et 30 ans.
«Pour que ces mesures donnent les résultats escomptés, a ajouté le premier ministre, il faut qu’elles s’accompagnent de certaines dispositions financières. Il faut d’abord prendre la décision de réduire les dépenses publiques de 200 milliards de livres, d’adopter une politique d’austérité et de former une commission ministérielle chargée de superviser l’application de ces mesures».
Parmi les idées proposées par M. Hariri figurent les suivantes:
— Imposer une surtaxe de 5% sur certains produits de consommation non alimentaires et qui ne sont pas essentiels pour les citoyens.
— Réviser à la baisse les taxes douanières sur les voitures:
* 20% sur les voitures coûtant jusqu’à 20 millions de livres au lieu de 15 millions.
* 40% sur les voitures coûtant jusqu’à 60 millions de livres au lieu de 50 millions.
* 100% sur les voitures dont le coût est supérieur à 60 millions au lieu de 200% précédemment.
— Augmenter de 5.000 livres le prix des 20 litres d’essence.
— Améliorer la perception.
Le premier ministre a précisé que la mise en œuvre des différents points de son plan pourrait régler les problèmes sociaux du pays en réduisant le déficit budgétaire, ce qui va automatiquement faire baisser le service de la dette. Il a ajouté que la réduction du service et de la dette dans une proportion d’1% fait économiser au Trésor 100 millions de dollars. «Ce plan doit faire l’objet d’un examen en Conseil des ministres, a poursuivi M. Hariri. Il doit être approuvé dans sa totalité ou rejeté dans sa totalité. Je sais que ces mesures sont impopulaires, mais elles sont inévitables pour pouvoir affronter les échéances qui nous attendent. Il est sûr que ces propositions donneront des résultats positifs à l’avenir».

Le dossier écologique

Les débats se sont poursuivis pendant plusieurs heures. La plupart des ministres ont estimé que l’augmentation de 5000 livres du prix de l’essence entraînerait des conséquences fâcheuses pour la plupart des citoyens. M. Sleiman Frangié a proposé de réduire cette hausse à 3000 livres et de compenser ce manque à gagner par une augmentation de la taxe sur le ciment.
La possibilité de réduire le prix du courant électrique a aussi été examinée et le ministre des Ressources, M. Elie Hobeika, a été chargé de présenter un projet détaillé dans ce sens, afin que le Conseil puisse trancher.
Le dossier écologique a aussi fait l’objet d’un long débat et le Conseil a fini par adopter le plan proposé par M. Chéhayeb pour la réhabilitation des carrières désaffectées en y enfouissant les ordures après qu’elles auront été traitées.
Le gouvernement a donné son accord «sur le principe de l’expropriation des terrains où sont installées des carrières désaffectées qui ont défiguré la nature».
Ces sites seront réhabilités avec des remblais ou par n’importe quelle autre méthode jugée efficace par le ministère de l’Environnement, tout en sauvegardant les nappes d’eau souterraines.
Un délai expirant le 30 septembre prochain a été accordé aux propriétaires de carrières désirant procéder eux-mêmes à la réhabilitation de leurs carrières désaffectées. Ils doivent informer le ministère de l’Environnement avant cette date qu’ils sont disposés à accepter le principe de l’enfouissement pour réparer les dégâts qu’ils ont occasionné à la nature.
La surveillance de ce processus est confiée au CDR et au ministère qui devront superviser toutes les étapes: triage des ordures, transfert vers les sites, enfouissement.
Toujours dans le domaine écologique, le Conseil des ministres a pris les décisions suivantes:
— Charger le ministre de l’Environnement et le CDR de déterminer les moyens susceptibles de régler le problème des déchets industriels et des déchets provenant de l’huile usée, des pneus, des hôpitaux, des abattoirs et des boucheries.
— Prendre les mesures adéquates pour empêcher que la source de Daychounié soit polluée par les ordures du dépotoir de Monteverde.

La nationalité
aux émigrés

Le Conseil a ensuite passé en revue les remarques des ministres concernant le projet d’amendement de la loi sur les municipalités. Une réunion aura lieu lundi prochain au sérail de Sanayeh sous la présidence de M. Michel Murr et en présence des ministres ayant formulé des remarques pour la rédaction définitive du projet d’amendement.
Le Cabinet a ensuite accepté la démission de M. Elie Assaf du Conseil de l’Université libanaise avant de le nommer conseiller économique à la présidence de la République avec rang de directeur général.
Il a en outre décidé de simplifier les formalités des émigrés d’origine libanaise désirant récupérer la nationalité. Dorénavant, les dossiers de récupération de la nationalité seront déposés auprès des représentations libanaises (consulats, ambassades), ou auprès de la direction de l’état civil. La nationalité sera rendue par décret sur proposition du ministre de l’Intérieur.
Le Conseil a ensuite accepté le projet visant à informatiser les services de l’enregistrement des voitures et les registres de l’état civil. Il a par ailleurs adopté le projet de création de la Commission générale de l’aviation et a reporté l’examen du projet d’exploitation des deux ports touristiques du centre de Beyrouth afin qu’il soit étudié par la Cour des comptes.
Les Libanais ont obtenu un répit: le Conseil des ministres n’a pas adopté, lors de sa réunion hier, «des mesures impopulaires» (selon les propres termes du président Rafic Hariri) concernant l’augmentation du prix de l’essence et de certains autres produits de consommation. Un grand nombre de ministres se sont en effet opposés au plan proposé par le premier ministre...