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Actualités - REPORTAGE

L'hostie de Carthage au catalogue d'Arthus Bertrand (photo)

Depuis 1803, annonce laconiquement Arthus Bertrand, et cette date dit tout sur les origines de la vénérable maison de Saint-Germain-des-Prés, fondée au lendemain de l’institution de la Légion d’Honneur par Bonaparte. Notables du consulat et militaires manifestent alors un insatiable appétit de décorations, et Claude Arthus Bertrand réussit à devenir leur unique fournisseur. Mais l’homme qui obtient ce monopole par un coup de génie commercial se veut aussi témoin de l’histoire et entreprend bientôt de frapper des médailles célébrant les découvertes archéologiques de son siècle et les conquêtes des pionniers de la science moderne.

Décorations,
insignes et pin’s

Aujourd’hui, cinq générations plus tard, la société Arthus Bertrand paraît inséparable du décorum de la république dont elle est la pourvoyeuse en décorations et médailles déclinées en différentes versions pour les grandes et moins grandes occasions. Les bâtons de commandement des maréchaux et la plupart des épées d’académiciens, c’est également elle, comme aussi le grand collier de la Légion d’Honneur que porte le chef de l’Etat français.
Mais la société civile n’est pas non plus sans faire appel à elle: entreprises, collectivités locales, clubs privés, associations sportives... lui demandent de créer des insignes qui sont pour leurs membres à la fois signes de reconnaissance et de ralliement. Canon, Mickey, Lacoste ou La Vache qui rit figurent à son catalogue comme autant de clins d’œil, à charge pour d’autres pièces d’exprimer de façon plus solennelle «le dur désir de durer».
Et puis, la mode des pin’s n’avait pas encore atteint son pic qu’Arthus Bertrand s’était mis de la partie. Considérant sans doute qu’en réaliser n’était pas déchoir, la maison en a sorti quelques-uns — en séries tout de même très limitées — qui étaient à bien des égards cousines du bijou.

Deux collections
annuelles

C’est donc de propos délibéré qu’elle épouse aujourd’hui tous les genres et donne sans complexe dans la modernité. Mais si, depuis un demi-siècle, des créateurs imaginent pour elle des bijoux originaux destinés aux femmes, c’est la beauté intemporelle de l’art antique qu’elle continue de privilégier dans ses deux collections annuelles.
Parmi ses dernières créations: l’hostie de Carthage qui reprend, en or 18 carats, le décor d’un moule à hosties du troisième siècle telles qu’on en voyait dans l’ancienne colonie phénicienne reconstruite par César et devenue le centre culturel et religieux de l’Afrique chrétienne après avoir été celui de l’Afrique romaine. On reconnaît dessus un cerf au milieu d’arbustes, symbole du chrétien désirant recevoir l’eucharistie, l’inscription latine «Ego sum panis vivus qui de cela descendit», signifiant «Je suis le pain vivant descendu du ciel». Quatre tailles différentes pour cette hostie (de 18 à 27 millimètres de diamètre) et, comme support fantaisie, un jeton de nacre que l’on peut mettre ou enlever à loisir grâce à une bélière.
Riche de médailles religieuses — dont beaucoup sont offertes à l’occasion de baptêmes et de premières communions —, le catalogue d’Arthus Bertrand aligne pas moins de seize croix différentes, parmi lesquelles la Croix de Ravenne, la Croix de Phocas, les croix vaticane, celtique, russe, huguenote... Manque celle qu’on appelle parfois la croix carthaginoise, c’est-à-dire le tanit, qui ferait assurément un beau pendant à l’hostie.
Depuis 1803, annonce laconiquement Arthus Bertrand, et cette date dit tout sur les origines de la vénérable maison de Saint-Germain-des-Prés, fondée au lendemain de l’institution de la Légion d’Honneur par Bonaparte. Notables du consulat et militaires manifestent alors un insatiable appétit de décorations, et Claude Arthus Bertrand réussit à devenir leur unique...