Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Municipales : un renvoi à la sauvette...

Et vogue la galère de la troïka: respectivement considérés comme proches du président Elias Hraoui, du président Nabih Berry et du président Rafic Hariri, MM. Issam Farès, Ali el-Khalil et Talal Merhabi ont présenté conjointement une proposition de loi visant à proroger jusqu’au 3 avril 1999 le mandat des conseils municipaux. L’Assemblée a approuvé l’idée presqu’à main levée, seuls 19 députés votant contre...
Mais on se demande quand même si, pour rester conséquent avec des positions antérieures, le chef de l’Etat ne va pas renvoyer le texte à la Chambre pour réexamen. On sait en effet que lorsque, le prenant de court et sans le consulter, le chef du gouvernement avait brusquement retiré le projet de loi prévoyant des élections municipales pour le mois de juin dernier, M. Hraoui avait réagi en indiquant dans une conférence de presse qu’il rejetterait toute motion de prorogation du mandat des édiles. Et c’est peut-être pour permettre à Baabda de changer d’avis mine de rien que la Chambre a voté la loi sur la prorogation à la sauvette, très vite, sans aucun battage...
C’est souvent de la sorte d’ailleurs, dans la plus grande discrétion, que les séquelles d’anciens conflits entre les dirigeants sont liquidées. Il y a quelques mois, quand M. Hariri avait fait son coup d’éclat à la Chambre même, en prenant le contre-pied de son ministre de l’Intérieur M. Michel Murr qui défendait le projet d’élections cette année, un tel règlement «en douceur» n’aurait pas été possible. Et même maintenant cela reste assez délicat car même si Baabda ne devait pas protester, l’Exécutif pourrait en tant que tel trouver à redire que la Chambre lui ravisse l’initiative dans une affaire qui est de son ressort...
L’avantage pratique, pour le gouvernement, est qu’il échappe ainsi aux attaques ciblées de l’opposition qui lui reprochait d’opter pour la fuite en avant en matière de municipales, critique qui doit s’adresser désormais au législatif qui endosse la responsabilité du report.
D’autant que l’ajournement désavantage a priori l’opposition dont les leaders les plus fermes (y compris les expatriés) s’étaient déclarés prêts à se lancer dans la bataille des municipales et se disaient certains de l’emporter. C’est peut-être d’ailleurs une des raisons pour lesquelles M. Hariri a jugé préférable en définitive d’annuler le rendez-vous électoral de cette année et de s’octroyer un répit que la Chambre fixe donc à 20 mois. Soit un cadeau de 12 pleins mois de plus que le gouvernement lui-même, qui avait parlé d’avril 98, n’avait prévu: quand on est généreux, autant l’être à fond...
Un geste qu’on aurait cependant du mal à expliquer à l’opinion car tout peut être prêt très vite, du moment que la carte électorale individuelle est déjà disponible... D’ailleurs, le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, qui affirmait auparavant être déjà prêt pour juin 97, avait ajouté quand le projet avait été retiré qu’en réalité son département était bien content d’avoir une marge de réparation supplémentaire de six mois et c’est sur cette base que les élections devaient avoir lieu en avril de l’an prochain.
Toujours est-il qu’on a pris soin, répétons-le, de ne pas alerter l’opinion et de ne pas réveiller le chat qui dort (qui a d’ailleurs... bien d’autres chats à fouetter avec la crise sociale), tout étant réglé dans la plus grande discrétion.
Et si on a rajouté un an à la prorogation c’est surtout «à la demande expresse des décideurs qui estiment que les présidentielles sont bien assez pour meubler l’année 98 côté élections» indiquent des députés. Pour qui «il est peu probable que ce conseil ne soit pas entendu de tous, Baabda devant dès lors souscrire à la volonté parlementaire...» qui traduit si bien la volonté d’autrui. Mais d’autres loyalistes mettent en doute ces indications, croient savoir que les décideurs ne sont pas intervenus sur ce dossier et en concluent qu’il faudra dès lors «attendre de voir ce que va dire Baabda».

Ph. A-A.
Et vogue la galère de la troïka: respectivement considérés comme proches du président Elias Hraoui, du président Nabih Berry et du président Rafic Hariri, MM. Issam Farès, Ali el-Khalil et Talal Merhabi ont présenté conjointement une proposition de loi visant à proroger jusqu’au 3 avril 1999 le mandat des conseils municipaux. L’Assemblée a approuvé l’idée...